Sur la planète auto, vous avez les constructeurs avec leurs ingénieurs, budgets pharaoniques et puissance de tir… et les petits, les artisans, avec leurs idées et leurs réalités, parfois bien différentes les unes des autres ! Mais on ne peut leur enlever l’ambition d’exister, de chercher à se faire un nom… et pour cela, il faut frapper fort. Et la Schuppan 962CR elle va frapper très fort !

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Vern Schuppan, ça vous dit quelque chose ? Va quand même falloir réviser vos classiques… Cet Australien est né en 1943 et s’essaie à une carrière de pilote pro en monoplace. En 71, il remporte le championnat Formule Atlantic en Angleterre. 2 ans plus tard il accroche  à son palmarès le Grand Prix de Singapour en Formule Libre et réédite au GP de Macao l’année suivante en Formule Pacifique. A force de victoires aussi diverses et variées en formules de promotions, il finit par se retrouver remplaçant en Formule 1… pour 9 Grands-Prix entre 74 et 76 ! Il disputera aussi 5 fois les 500 miles d’Indianapolis avec, pour meilleur résultat, une 3ème place en 81.

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Compliqué de sortir du milieu du peloton, il part tenter sa chance en Sport Proto. Et là, ça va beaucoup mieux fonctionner… En 77 il fini 2ème des 24h du Mans et finira par remporter l’édition 1983. Cette même année, il remporte le titre en Sport Proto japonais. Il va rajouter plusieurs victoires à son tableau de chasse, dont les 1000 Km de Suzuka, ceux de Fuji, les 500 km de Watkins Glen…

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Enfin en 92, il met un terme à sa carrière pour se consacrer à un autre projet… celui de construire sa propre supercar. Ha oui, nous sommes dans les 90’s, et à cette époque, la barre des 300 km/h est pulvérisée par les missiles routiers des constructeurs premium. C’est le ticket d’entrée au club V.I.P ! Et Schuppan a bien l’intention d’en faire partie.

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Notre homme va donc se servir de sa victoire dans la Sarthe et de son titre japonais en 1983, tous 2 remportés sur Porsche 956, pour donner une légitimité à sa Schuppan 962CR. Finalement la 962 n’est autre qu’une évolution de la 956… c’est donc logiquement qu’il se tourne vers elle pour élaborer son projet de supercar. Puis il connait bien la voiture puisqu’il en fait courir une dans sa propre équipe.

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La Schuppan 962CR reprend donc les traits et les caractéristiques du proto de Zuffenhausen qui courait aux USA en IMSA GT. Son coeur renferme un flat 6 de 3.0 l biturbo accouplé à une boite 5 manuelle qui faisaient le bonheur de la 935. En position centrale arrière, bien lové dans une monocoque carbone, le gazier revendique 600 ch, pour un poids de 1050 kg . De quoi passer les 370 km/h et atomiser le 0 à 100 en 3,5 secondes.

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Le projet est en réalité fabriqué en Europe. La coque vient de chez Reynard, tout est assemblé chez High Wycombe en Angleterre et les fonds viennent de sponsors japonais encore tout émoustillés par les résultats de Schuppan. La voiture va courir en All Japan Sports Prototype Championship, mais en parallèle, si vous en voulez une pour la route, il suffit de passer commande et de signer un chèque de 1.900.000 $ ! C’est le tarif pour accéder à ces engins « routiers » directement issus de la course auto, tout comme la Dauer, sa 1ère concurrente !

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On ne sait pas combien de Schuppan 962CR routières ont été assemblées… on parle de 6 modèles, dont un aurait été détruit par un incendie. Mais bien entendu, les couts engagés ont vite eu raison de Schuppan et de ses partenaires, qui se voient contraints de fermer boutique après quelques années.

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Aujourd’hui, chaque sortie d’une Schuppan 962CR est vécue comme un évènement. En 2014, l’un d’entre eux a fait le buzz lors d’un évènement historique sur le circuit de Daytona. Exposé, le seul modèle référencé sur le sol américain affichait 0 km… son propriétaire se gardant de le faire rouler ! Drôle de destin pour un engin sensé représenter l’élite routière !

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