Oui, des fois, on fait ce qu’on peut, d’où le jeu de mot complètement pourri du titre, je le reconnais… Bref, « Light is Right », cette phrase qui résonne dans toutes les mémoires des passionnés, on la doit à un certain Colin Chapman. Explications…

Colin Chapman est un de ces ingénieurs qui ont révolutionné le développement de l’automobile  par le biais de la compétition. Car ce qu’il a inventé, des évolutions à l’époque, sont devenues des techniques classiques aujourd’hui. Génial créateur de la marque Lotus, il faut juste revenir sur son parcours pour comprendre les origines de ses recherches. Car Colin Chapman était diplômé en ingénierie des structures et apprendra les techniques de l’aéronautique lors de son service dans la RAF (Royal Air Force). Une fois débarrassé de son devoir de citoyen anglais, il essaiera de mettre en application ses connaissances acquises, notamment la recherche de la légèreté, dans le milieu de la course automobile, sa passion. La plupart de ses innovations sont encore d’actualité de nos jours, l’utilisation des fibres synthétiques, plus rigides et plus légères, le moteur central arrière, le moteur porteur, les radiateurs latéraux, l’effet de sol…

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A cette époque, gagner des chevaux mettait en jeu la fiabilité de la mécanique. En compétition ça passait, mais pour des routières, c’était une autre histoire. Il eut donc l’idée d’utiliser un subterfuge des plus logique, si on ne peut pas augmenter la puissance sans jouer avec le feu, alors, on baissera le poids. Il faut aussi se dire qu’à cette même époque, les voitures n’étaient pas encore alourdies par tous ces renforts, ces équipements et les constructeurs n’en avaient que faire de ce qu’on met aujourd’hui en avant… la sacrosainte qualité de finition !

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Un banal 4 cylindres, alimenté par un roturier double corps, des freins et un châssis bidouillés, et les kilos faisaient le reste ! Et en fonction de vos compétences de pilotage et de la taille de vos testicules, on prenait du plaisir au volant d’une petite bombinette pleine de vigueur et de caractère. Pour ouvrir la vitre on tournait une manivelle, on trouait nos poches avec une clé qui servait aussi à ouvrir la serrure, des fois on en avait même plusieurs… une pour les portes, une pour le contact et une pour le coffre ! Avant de devenir tableau de bord on l’appelait, à juste titre « planche » de bord parce qu’il était aussi dur, léger et rustique qu’un bout de bois ! Les sièges se réglaient en bougeant des manettes et en forçant (parfois même beaucoup !)… et il n’était pas rare de se retrouver propulsé en arrière ou en avant parce que la gâche ne s’était pas bien ré-enclenchée ! La direction était insistée, votre pied faisait office d’ABS… jusqu’au jour où ils ont commencé à se dire qu’une voiture devait avoir des moteurs électriques de partout, que tout devait se faire en appuyant sur des boutons, centralisation, vitres élec, clim, démarrage sans clé, détecteurs de pluie et d’obscurité, tableau de bord souple, sièges confort réglables électriquement, GPS, sono à prise USB avec 22 hauts parleurs… tout ça on l’a, ou plutôt on râle quand on ne l’a pas et on le prend en option ! Mais on l’a payé cash, déjà au niveau des prix, mais surtout sur la balance. Je me rappelle d’une réflexion faite lors d’une journée circuit par l’heureux propriétaire d’une nouvelle (à l’époque) 997 GT3 qu’il venait tout juste d’acquérir : « Ces cons, ils ont mis la clim et les vitres élec… ». C’est donc ainsi qu’on a fini par se retrouver avec une 208 blindée de boutons qui pèse plus lourd qu’une antique 504 toute d’acier vêtue et avec des poignées et des manivelles ! Mais on n’a plus les poches trouées… Ce qui ne serait pas gênant vu la vitesse avec laquelle elles se vident aujourd’hui ! 

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E-Klasse (W212) 2008

Donc à l’époque, 100 ch dans un petite caisse légère faisait de vous un pilote en devenir avec des poches trouées (oui, j’insiste ou radote… comme vous voulez !) et des avant bras de champion de bras de fer ! Aujourd’hui, il en faut 160 minimum. Les performances sont meilleures, mais c’est surtout grâce à l’évolution des périphéries, l’adhérence, la rapidité des boites de vitesses, l’immense bond en avant des châssis…! On passe plus fort, plus vite, plus facile… et on ne s’en rend pas compte ! Les réactions physiques dues à la surcharge pondérale, sont effacées et corrigées techniquement et « électroniquement » isolant alors le conducteur des réalités. Si bien que lorsqu’elles sont dépassées, et que la physique reprend ses droits, seuls les pilotes aguerris et avertis ou élevés à l’ancienne arrivent à s’en sortir… ou pas ! 

Pour être concret, une Fiat 500 actuelle, considérée comme une parfaite « petite » citadine vive et nerveuse, ça reste 150 kg de plus qu’une R5 Alpine… Vous voulez toujours parler de vivacité et nervosité ? Et cette petite Fiat 500, si on la compare à l’originale de 1957, vous pouvez multiplier le poids par 2 ! Ca s’appelle le progrès…! Ouais…

New Fiat 500 Sport (North American model)

Alors où en sommes nous aujourd’hui ? Il reste les pures et dures, Catheram, Donkervoort, Westfield… qui sont en fait des répliques de la… Lotus Seven !

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L’Ariel Atom, un châssis tubulaire, habillé d’éléments en plastique, soit 456 kg homologués sur la route !

KTM en fait de même quelques années plus tard, avec le même esprit… 790 kg ! C’est beaucoup pour une moto, mais peu pour une 4 roues.

Bien sûr Lotus, et son Elise, digne héritière des productions de Mr Chapman. 688 kg à la naissance, 860 kg presque 20 ans plus tard (hé oui, déjà !)… mais sa puissance a suivi le poids en augmentant de la même façon.

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Quelques initiatives passionnées et passionnantes comme la MX5 (qui a également grossi au fil des générations), les Boxster et Cayman qui cachent leur prise de poids par la prise de puissance, certaines bouillantes Kei Cars japonaises, mais restées bien loin de nos routes sinueuses…

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J’en oublie, notamment des créations d’artisans, toutes des sportives, ou du moins elles en ont la fibre, mais malheureusement rien en vue chez les constructeurs ! C’est bien connu, le mal est l’ennemie du bien… et c’est justement ce qui est en train de se passer. Faisons abstraction des citadines dépourvues d’une quelconque âme, les Citroen C1, Toyota Aïgo, Smart Fortwo… qui ne sont que des « déplaçoirs » urbains sans aucune prétention sportive. Otons aussi les voitures « simplistes » avec un objectif de distribution « discount » telles les Lada ou Logan, ou leur légèreté est due à leur simplicité technique, mais sans sportivité.

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Pour toutes les autres le constat est mathématique… Vous avez remarqué ? Plus elles sont chères, plus elles sont lourdes… A croire qu’on nous vend les voitures comme des entrecôtes… au poids ! Puis passé un certain niveau, l’allègement devient alors sportivité et la courbe (de Gauss pour les matheux !) s’inverse, la technologie de pointe fait son apparition, aluminium, carbone, magnésium… le poids commence alors à diminuer, ou du moins à stabiliser, quand le prix continue de s’envoler ! Sauf la Veyron, qui reste vendue au prix du kilo et des chevaux ! Mais les dernières Hypercars reviennent au poids de leurs ancêtres, doucement… ou presque, 1T200 pour la F40 (tous pleins faits) pour 1T350 pour la LaFerrari. McLaren a encore des efforts à faire, 1T500 pour la P1 contre 1T100 pour la F1. Et Porsche, qui culture la religion du poids comme aucune autre… est en train de faire tout le contraire ! Un poids de 1450 kg pour la 959, descendu à 1380 kg sur la Carrera GT et remonté à 1674 kg sur le spyder 918 !  Fichtre, la choucroute-saucisse VAG a laissé des traces et ça perturbe les Chakras à Stuttgart ! D’ailleurs, en parlant de VAG je tairais le poids des Lamborghini, hein… on ne va pas de fâcher avec eux, on sait jamais…! Ni Aston d’ailleurs… Au passage le prix a gagné un « 0 » de plus… Menfin toutes ces belles voitures sont devenues inaccessibles pour le quidam des passionnés simple mortel ! Va comprendre Charles… Des entrecôtes je vous dis, à 1.000 € le kilo !

Pour en revenir aux « sportives » accessibles qui nous intéressent, de méchantes normes anti-pollution pointent à l’horizon… le rendement des moteurs repart à la hausse, et les constructeurs retrouvent une expression qu’ils avaient oubliée… le rapport poids/puissance  (Oui j’ai mis le temps pour le balancer celui là !). Enfin, ils l’avaient surtout sacrifié sur l’autel du rapport marge/rentabilité ! Mais voilà, il faut polluer moins, donc consommer moins … et pour consommer moins, c’est plus facile quand c’est léger ! Donc on commence a voir arriver des engins qui n’ont plus honte d’annoncer leurs poids… Alfa Romeo 4C avec ses 895 kg ! Même une Twingo RS sort tout juste une tonne ! C’est encore beaucoup, mais c’est un bon début ! Car la tendance s’inverse et les constructeurs font, enfin, des efforts pour limiter la prise de poids de leurs engins, comme les nouvelles M3 & M4 qui perdent 80 kg par rapport à celle qu’elles  remplacent.

Voilà de quoi rassurer les passionnés que nous sommes, ça baisse, et même si c’est un peu long, on pourra patienter aux volants de nos youngtimers. 

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