Quand Renault a présenté la Clio V6, les passionnés n’ont pu retenir un frisson, en repensant, émus, à celle dont elle s’inspirait, la Renault 5 Turbo. Les 2 ont finalement marqué leur époque ! Hé ben tiens, et si on les réunissait ?!

D’habitude je fini l’article par les remerciements, mais, une fois n’est pas coutume, je ferai l’inverse cette fois ci. Oui, avant d’attaquer dans le vif du sujet, je voulais remercier Stéphane de VDR 84 sans qui cette rencontre n’aurait jamais pu se réaliser.

En effet, il a fallu quelques semaines pour réussir à rassembler ces 2 sportives françaises au losange qui ont fait et font encore rêver les passionnés. Le rencard est donné à 9h au garage. Avec café et pains au chocolat s’il vous plait ! C’est comme ça qu’on vous reçoit chez VDR… Le temps de faire chauffer la cafetière, et de sortir la large Clio V6, qu’un son rauque se fait entendre… Elle arrive ! Avec son cul large comme ça elle aussi ! Stéphane au volant, son père, Jean Pierre, à ses côtés. Les manoeuvres pour garer la bêtes laissent deviner un ralenti instable ! Elle n’a pas déjeuner que des chocopops cette turbo 2 !

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Les présentations sont faites, et on commence déjà à parler… bagnoles ! Jean Pierre a attrapé le virus auto, il a essayé une thérapie de groupe, en adhérant au Club des 7 virages à Bedoin, au pied du Ventoux ! Au volant d’une Alfa 1300 GT… Aucune de guérison ! Il s’essaya à une SM, celle avec le V6 Maserati ! Toujours pareil… Le constat fut sans appel… « Automobilite Aigüe ». Le problème c’est que le virus, il l’a transmis à son fils, Stéphane ! Rebelote ! Et voilà comment un jour, on se retrouve avec un R5 Turbo 2 dans le garage. Et les Renault Stéphane les connait bien  puisque sa R5 remplaçait une Clio V6 Ph1 ! Alors histoire de lui rappeler de bons souvenirs, les deux ont été réunies le temps d’une excursion touristique sur les petites routes du Luberon.

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Esthétiquement, les deux ont gardé la même architecture, propulsion avec la banquette arrière qui a laissé sa place au moteur, posé entre le train arrière et les sièges avants. La 5 est propulsée par le Cléon Fonte de 1397 cm3 équipé d’un Garrett T3. 160 ch d’origine… ça peut faire sourire à une époque ou le moindre mazout en sort autant, si ce n’est plus ! Mis à part que le Cléon a moins d’1 tonne à mouvoir ! 970 kg exactement… Et je vous disait qu’elle n’avait pas pris que des chocopops ! Une petite cure gastronomique de chez 3S Développement ! Arbres à cames, pression du turbo revue, échangeur, ligne… de quoi sortir 200 ch ! Ouch…! La Clio de son coté embarque le nouveau V6 ES 24v de 3.0 l qui était habitué jusqu’à maintenant à se retrouver sous le capot de berlines rapides. Il passe entre les mains des motoristes de Renault Sport pour sortir 230 ch à plus de 7000 trs. Jantes en 17′ avec des chaussettes de 235 à l’arrière, boite 6, mais presque 1400 kg…! Voilà qui promet une belle passe d’arme !

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Installés dans l’habitacle de la Clio V6, d’une simplicité à faire pleurer, la route défile tranquillement. La voiture est basse mais bien suspendue, ni trop dure, ni trop mole. La Turbo 2, devant nous nous enchante de son chant avec ses borborygmes et des déflagrations à chaque levés de pied ou rétrogradages, un pur bonheur auditif ! Niveau chant, la Clio de défend pas mal aussi, elle fait entendre de belles vocalises, mais il vous faut aller chercher des tours pour cela. Arrivés à Bonnieux, petit village provençal perché dans le Luberon, à quelques encablures de Cavaillon, nous profitons d’un magnifique cadre pour nos belles qui en valent la peine. La splendide Bastide de Capelongue, chez le chef étoilé Edouard Loubet. Le temps de quelques clichés et nous voilà repartis, direction Lourmarin par la « combe », bien connue des régionaux, une petite route sinueuse d’une dizaine de kilomètres.

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Et ce sera dans la Renault 5 ce coup ci. Niveau habitacle je vous rassure… c’est bonnet blanc et blanc bonnet avec la V6 ! Renault avait frappé fort avec la Turbo 1… peut être trop vu les réactions partagées ! Volant asymétrique, couleurs flashies, tableau de bord cubiste, style très fin 70’s, kitchissime à souhait…! Du coup  la Turbo 2 est rentrée dans le rang… Elle s’est assagie ! C’était trop pour la 1… ce sera pas assez pour la 2 qui retrouve un classique tableau de bord de 5 normale, déprimant…! Qu’à cela ne tienne, le plus important est dans notre dos, et sous le pied droit ! Alors gazzzz… et rien ! La 5 turbo 2 c’est tout un art, un art de vivre et de rouler, qui vous rappelle qu’à l’époque, le maitre mot était : sensations et… anticipations ! La voiture vient d’avoir 30 ans et une sportive de cet âge la ça se respecte. On réapprend à décomposer les mouvements. Ca freine mais pas trop. Ca tourne, mais il faut faire avec une direction « insistée » ! Ca couine, ça craque et quand l’aiguille du compte tour approche des 3500 trs/min ça commence enfin à « pschiter »… et là, c’est du brut, à l’ancienne, viril, un peu à l’image d’un Tex Avery, amplifié par le bruit, l’odeur, la chaleur ! Putain que c’est bon ! Vous vous retrouvez à sourire bêtement sans même vous en apercevoir ! Les gouttes perlent sur votre front et dans votre dos, la bouche devient sèche, pendant que vos yeux écarquillés cherchent sans discontinuer à regarder le plus loin possible pour… anticiper ! Et une fois le rythme ralenti, on en redemande aussitôt ! C’était donc ça que les anciens essayaient de nous expliquer… Et en plus, au delà de tout clichés et préjugés attardés, ça reste monstrueusement efficace… Il faut juste faire comme dans une moderne, mais en anticipant… L’ABS et l’anti-patinage c’est votre pied droit ! Le correcteur de trajectoire ? Vos mains et votre derrière ! En cas d’accès d’optimisme ? On s’imagine que ces « mamies » sont pourvues d’un sale caractère et qu’une fois passé le panneau « trop tard », elles deviennent délicates à rattraper ! Que nenni, elle prend le soin de rester progressive, virile certes, mais jamais piégeuse, car si vous  avez pris le soin de décomposer et d’anticiper comme on vous l’a dit et répété, vous serez prêt à réagir en temps et en heure, et tout se passera bien.

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Devant tant d’émotions, une pause s’impose, l’occasion d’un second spot photo devant le chateau de Lourmarin.

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Puis, on prend les mêmes et on recommence dans l’autre sens, mais au volant de la Clio ce coup ci. Changement d’époque, changement de style ! Déjà l’intérieur… hormis, le volant cuir, les sièges sport (non pas des baquets désolé !) brodés Renault Sport et la grille de la boite en aluminium plastifié, mon voisin avait exactement le même dans sa Clio commerciale 1.9 D ! Et en parlant de commerciale… c’est un peu l’effet qu’elle donne avec son gros cache bagage derrière. Jusqu’à ce que vous démarriez le moteur et que vous regardiez dans le rétro extérieur, parce que la aussi le pétard est dans votre dos ! Et quel cul celle là aussi ! Par contre la Clio risque d’être victime de son ainée, la machine à sensations. La tâche va être rude pour la Clio, pourra t’elle faire mieux ? Ou du moins aussi bien ?! Le temps de passer très délicatement 2 dos d’âne et on sonne la charge mécanique… et ça pousse dès le bas. On voit que ce coup ci Renault a répondu à une attente bien plus moderne. C’est lisse, plein, mais ça manque de hargne et de sensations. Il nous manque le coup de pied au derrière. Malgrès un rapport poids puissance à l’avantage de la turbo 2, on ne démord pas ! Le bruit est là aussi, on voit que le V6 se crache dans les pistons et il le chante à tue tête, faisant entendre sa voix au rythme du compte tour. La boîte… la fameuse boîte 6 des V6 Ph1 tellement décriée… empruntée à l’Avantime. Alors oui, le guidage et les débattements sont indignes d’une sportive de cette trempe, mais on a connu pire. Et honnêtement, sur ce genre de petites routes ou vous ne passerez qu’occasionnellement la 4 voire la 5… son étagement n’est  pas un problème. Fallait que ce soit dit ! Les premiers virages pointent à l’horizon, vous plantez, ça plante ! Mais la première épingle vous fait sauter le défaut de la caisse ! Un déséquilibre entre l’avant et l’arrière. Un avant trop léger alors que l’arrière est indéboulonnable ! En fait pour être efficace, cette voiture doit se mener le couteau entre les dents, sans arrière pensée, et donc utiliser ses freins mordants et endurants le plus tard possible pour charger le train avant, et lui donner du pouvoir directeur. Ensuite vous pouvez enfoncer la semelle et faire confiance à la motricité difficile à prendre en défaut sur le sec. Mais si vous la jouez petit bras, en freinant tot et en essayant d’accélérer la cadence dans le virage, l’avant est trop léger par rapport à l’arrière qui pousse sans faiblir, et vous avez alors un sentiment de flou et le sous virage se fait ressentir. La voiture nécessite, à mon avis, d’être mise sur circuit, histoire de bien en cerner les limites et les réactions, et une fois que vous en aurez compris le mode d’emploi, ce sera plus simple de s’amuser sur une route sinueuse à visibilité réduite sans trop rester sur la réserve et en respectant les limitations de vitesse bien sûr…! La Clio V6 c’est du « On-Off » ! Soit tu te la joues décontracté, genre touriste en flânant, soit tu te la joues hyper concentré, genre spéciale de rallye le regard méchant et la bave aux lèvres ! Donc oui, les sensations sont là, mais quand tu en prends déjà plein les sens dans la R5 Turbo 2, il faut en faire beaucoup plus pour en avoir autant avec la Clio V6, et sur route ouverte, sans visibilité, ça devient plus délicat et dangereux ! Le temps de refaire une pause shooting pour la Clio ce coup ci, puis retour paisible.

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La Clio et la 5 turbo sont bien 2 descendantes, mais chacune correspondant parfaitement à son époque. Une architecture identique, une gueule et un cul à vous damner. Ne jamais oublier d’ailleurs que quand l’avant passe, l’arrière peut ne pas passer lui ! Ensuite les sensations sont différentes, la Renault 5 est généreuse des les premiers tours de roues, quand la Clio reste une  timide, aseptisée, il faut la provoquer pour recevoir en retour, donc plus délicate à mener. Les 2 saurons vous faire sourire, vous donner du plaisir, vous faire transpirer, vous effrayer… mais aucune ne vous laissera indifférent ! La R5 Turbo 2 pour les gourmands, la Clio V6 pour les gourmets !

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J’ai quand même demandé à Stéphane et à Jean Pierre, si ils devaient la remplacer un jour, si ils regrettaient… Obtenant un non catégorique dans les 2 cas ! Ou alors une 930 Turbo pour Stéphane qui est tombé amoureux du coup de pied au derrière à l’ancienne ! Quant à  Jean Pierre, il craquerait plus pour une Maserati Gran Turismo… l’équilibre entre GT et sportivité.

Et je me fais leur messager pour remercier au passage le 3S Developpement spécialiste des 5 Turbo dans le 06. Quand à moi, je remercie à nouveau le chef Edouard Loubet de la Bastide de Capelongue et bien sûr mon pote Stéphane de VDR 84 pour ta disponibilité, pour avoir organisé la rencontre, pour la mise à disposition de la Clio (Merci surtout à son propriétaire qui a accepté notre escapade, sa voiture est en vente chez VDR 84) et pour les pizzas du midi !

© Titi via De l’essence dans mes veines