L’Alfa Romeo SZ est la digne représentante d’une association entre le constructeur et le designer Zagato. Sa force ? On aime ou pas ! Mais son dessin ne laisse personne indifférent… Même 25 ans plus tard. Une époque où les caisses avaient encore de la gueule !

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Entre Alfa et Zagato c’est une longue et belle histoire d’amour, commencée en 1923 et qui offrira l’une des plus emblématiques voitures de courses d’entre 2 guerres, la 6C. Suivront d’autres modèles qui marqueront l’histoire de par leur caractère mécanique et esthétique. 8C, Giulia TZ, Sprint Z, Junior Z… Oui, son nom, il le signe à la pointe d’un crayon, d’un Z qui veut dire Zagato… Coup de crayon qui ne ressemble à aucun autre, notamment de part le célèbre double bossage du toit.  Mais ça je vous en ai déjà parlé lorsque nous avions abordé l’histoire de la Lancia Hyena.

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Années 70’s, Alfa peine à trouver sa place dans le marché. La concurrence est rude, la marque prend l’eau. Et l’eau pour les italiennes ce n’est pas forcément bon ! Le sauvetage viendra de la famille Agnelli qui rachète le trèfle à 4 feuilles. Les Alfistes ne le voient pas de la même oreille… (Attention, cette phrase peut faire saigner des yeux… ou des oreilles !) puisqu’au passage, les berlines perdent, au fil des remplacements, leur sportive propulsion au profit d’une banale traction. On pousse plus, on tire ! Mais c’est le prix  de la survie.

Fin des années 80, il se murmure l’arrivée d’un coupé, sportif, basé sur la plateforme de la 75, dernière propulsion de la marque encore au catalogue, mais bientôt remplacée par la traction 155. En interne on annonce une grosse claque qui renouerait avec le glorieux passé de la marque.

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1989, c’est au salon de Genève que le coupé Sport Zagato, ou S.Z dévoile son museau racé et si personnel. Les 2 grands noms italiens de l’automobile sont à nouveau réunis. Leur bébé est déroutant, agressif, innovant, surprenant, beau, moche, violent… A vous de choisir ! Mais il ne laisse personne indifférent et marque cette édition genevoise de part un cul volumineux et haut perché qui tranche avec un avant affuté, composé d’originaux 6 petits phares carrés.

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1000 unités sont annoncés, pas un de plus (Il en sortira 1035 des chaines, plus 241 roadsters). Malgré sa gueule verticale, la voiture est née d’un long et profond travail aérodynamique, lui offrant un surprenant cx de 0,30. La carrosserie innove également avec un toit en alu reprenant les codes du designer ainsi qu’un spoiler en carbone. Le reste est en Modar, une résine métacrylique thermodurcissable, associée à de la fibre de verre.

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L’intérieur est classique, mais sportif, avec un tableau de bord tourné vers le pilote, agrémenté de manos histoire de veiller au grain qui se cache sous le léger capot… Mais c’est là que le bas blesse ! En effet, le seul moteur au niveau du pedigree de la bête est le V6 12 soupapes (le 24 V n’arrivera qu’en 90 avec la 164 Q4)  de la 75 America. 2959 cm3 qu’une petite cure de remise en forme fera passer de 190 à 210 ch.   Associé aux 1260 kg sur la balance, « Il Mostro » se transforme plutôt en Casimir ! Alfa annonce 245 km/h, 0 à 100 en 7 secondes et le kilomètre en 27,1… Mais toutes celles qui seront chronométrées ne feront jamais mieux que 7,6 et 28,2 dans les mêmes exercices… Les chronos d’une « banale » 309 GTI 16 qui reste 4 fois moins chère, les vocalises en moins, car un V6 Alfa reste un V6 Alfa !

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Heureusement la bête se rattrape au niveau du comportement. On rentre dans le pur et dur ! Une répartition des masses frôlant les 50/50, suspensions actives montées sur rotules Uniball permettant de modifier la hauteur de caisse pour offrir un effet de sol. Le freinage est emprunté à la 75 Turbo Evoluzione, camouflé derrière des roues de 16′.

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Tout cela réuni donne une efficacité troublante, à tel point que le côté sous motorisé de la SZ en est exacerbé… Capable d’encaisser 1,3 G latéraux, le châssis est fabuleux quand le moteur est trop creux ! Il en manque, et c’est frustrant…

Au delà de toute cette théorie mécanique, à mes yeux, l’Alfa est d’une beauté ravageuse, nantie d’une personnalité et d’une gueule à nulle autre pareille et suffisamment performante pour vous faire prendre 3 ans fermes ou pour s’amuser sur un circuit. Et c’est là, toute l’essence de la passion auto, engendrer des sentiments, des sensations, positifs ou négatifs, titiller tous les sens… et pour ça, la SZ est formidable !

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En 92 Alfa lui fera perdre la tête… Et la SZ deviendra le roadster RZ… Mais ça, c’est une autre histoire !

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© Alfa Romeo via Trent Chellingworth & signatures éventuelles.

Cadeau, un onboard de la SZ sur Suzuka… Mon Dieu ce bruit !


© kazutaka nabeta

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