Pas de Gr B sans version routière ! Hé oui, derrière la Peugeot 205 T16 Gr B, monstre de puissance qui se fightait à coup de dixièmes dans les spéciales du monde entier, se cachaient 200 exemplaires clients. C’était la condition sine qua none pour obtenir le sésame de la FIA. ET ça nous a offert des engins routiers spectaculaires !
Pas pratiques, mais spectaculaires ! Enfin, en même temps, on utilise pas ce genre d’engin pour mener les minots à l’école ou aller faire les course au Carrefour du coin ! Non, la 205 T16, son but, c’était juste de pouvoir courir… pas d’être civilisée. Du coup, la version routière se contente du minimum syndical…
Déjà sa naissance, on la doit à Jean Todt, alors responsable de la compétition chez Peugeot. Il s’est battu contre l’état major de la marque pour faire accepter son projet d’engager un sportive au lion dans le championnat du monde des rallyes. Et ça tombe bien puisque la 205 est dans les starting block avec toutes les ambitions et surtout, la survie de Peugeot dans ses objectifs. Du coup, en terme d’image, un titre en rallye serait un super tremplin, sachant qu’à l’époque, le rallye est extrêmement médiatique, comme tout le sport auto d’ailleurs !
Todt décroche donc un « oui » du coin des lèvres et met donc en route le projet 205 T16. Mais voilà, pour pouvoir se présenter en championnat du monde, il faut 200 modèles routiers. Et lorsque Jacques Clavet lève le voile de sa 205 le 24 février 1983, Jean Todt l’accompagne pour présenter de son côté, sa version sportive, la T16.
La base est simple, une cellule centrale monocoque avec devant et derrière, un châssis caissonné en acier. L’arrière se pare d’une structure tubulaire censée recevoir le bloc en position centrale, la boite et sa transmission intégrale. Les liaisons et le freinages sont confiés à Bilstein et Brembo.
Le moteur est issu du tout nouveau XU en alu. Un 1775 cm3 carré, avec une course identique à l’alésage pour pouvoir encaisser des régimes élevés. Double arbres, 16 soupapes, il est le 1er multisoupapes commercialisé chez Peugeot (Titre qu’on attribue souvent, à tort, à la 405 mi16). Il se fait souffler dans les cornets par un KKK réglé à 0,7 bars pour la route. Ca suffit pour envoyer 200 ch aux 4 roues, aidées dans leur tâche par 3 différentiels, un central, un avant et un arrière.
Esthétiquement, la T16 reprend le style de la 205, même si au final, seuls les portières, les phares et le pare brise sont communs aux deux. Pour tout le reste, c’est du spécifique, assemblé chez Peugeot Talbot à partir de caisses fabriquées chez Heuliez. Voies larges, prises d’air format XXL, cul bombé et musclé, c’est un grosse claque visuelle. Certains diront qu’elle reprend les codes de la R5 Turbo… oui, mais en plus violent et plus viril (Et là, j’me fous toute la communauté pro-Renault à dos !).
Même chose une fois dans l’habitacle. Le tableau de bord est spécifique, agrémenté de nombreux manos qui ne sont pas là pour faire la déco ! La console centrale et le volant rappelleront des souvenirs aux proprios de 205 GTI. Le pédalier est en alu perforé et les baquets reprennent la sellerie qui fera plus tard le bonheur de la GTI 1.9 l.
Avec 1210 kg sur la balance, elle offrait un 214 en pointe, un 0 à 100 en moins de 7,4 secondes, le 400m en 14,9 et le kilomètre en 27,9. Inutile de se palucher, c’est correct, sans plus. Mais la vérité est ailleurs… notamment dans la tenue de route et l’efficacité. Ho, on n’est pas dans une simple GTI non plus… Même si une 1.9 l un peu retouchée pourra lui sucer le pare choc en ligne droite, au 1er virage, vous comprendrez toute la différence entre les 2 (Et heureusement !). La T16 passera comme une balle quand la GTI ira embrasser le 1er chêne venu ! Elle n’a pas été double championne du monde par hasard non plus !
Vous aurez donc compris que notre Peugeot 205 T16 a oublié toute once de civisme. Son truc, même en version route, c’est le sport. Et pour ceux qui en voulaient plus, Peugeot proposait en parallèle un kit PTS développé par Jean-Pierre Nicolas. La règle était simple, un châssis optimisé, un poids rabaissé et plus de puissance. Ainsi équipée, la 205 perdait une centaine de kilos malgré une châssis ressoudé et renforcé. Son 4 cylindres recevait les arbres à cames, les pistons et les chemises de l’Evo 1, et voyait son turbo passer à 0,85 bars pour sortir 300 ch. Les perfs faisaient un bon en avant, le tout avec un caractère brutal et on-off. Peugeot n’ayant pas tenu bon d’installer son système DPV qui permettait de réduire le temps de réponse du turbo.
Tout ça c’était il y a 34 ans… A sa sortie, la 205 T16 proposait surtout une gueule, pour un prix prohibitif de 290.000 F (45.000 €) plus 180.000 F si vous cochiez l’option Kit PTS ! 470.000 F… ce qui restait moins qu’une Audi Quattro Sport et ses 750.000 F ou que la Lancia Delta S4 Stradale vendue à 600.000 F. La 205 T16 devait aussi se coltiner ses performances. Ceux qui ne savent apprécier les voitures qu’en ligne droite ne pouvait que être déçus. La 205 était faite pour l’efficacité… son truc à elle, c’était les virages, pas les 400m ! Bref, elle a eu du mal à se faire un nom, et ce, malgré ses 2 titres mondiaux en Gr B. Il y a encore quelques années, elles s’échangeaient pour moins de 30.000 €… Elle prend sa revanche aujourd’hui, sa côte dépasse les 200.000 €. Y’a pas à dire, 30 ans plus tard, c’est toujours un sacré numéro ! Et de superbes photos de Guillaume Philipe… que vous devriez vite aller suivre !
© Guillaume Philippe – Photography