A chaque fois qu’on vous présente une Ferrari vintage, c’est la même messe… magnifique, magique, mythique, sublime, formidable… et j’en oublie ! Que voulez dire d’autre, surtout quand on doit, comme maintenant, vous parler de la Ferrari 250 GT California SWB ?
Ce qui est comique avec toutes les Ferrari vintage, c’est que quel que soit le modèle, on dit toujours qu’il fait partie des plus belles Ferrari de l’histoire, et sûrement de toute la production auto ! Donc on peut conclure que quasiment toutes les Ferrari des années 50 jusqu’au début 70… voire 80, sont les plus belles voitures de la production. Ha oui, mais on le dit aussi des Jaguar, Aston, Lamborghini et beaucoup d’autres voitures issues de la même période.
Finalement, ce ne sont pas les voitures qui étaient magiques. Ce sont surtout les mains, celles de Pininfarina, Zagato, Touring, Giugiaro, Gandini, Bertone, associées à celles des artisans qui savaient encore composer avec talent et art, sur l’acier, l’alu, le chrome et le cuir. Et quel belle ambassadrice que cette Ferrari 250 GT California SWB.
Déjà la California tout court… mon royaume pour la même dans mon garage ! Mais mon banquier risque de faire la gueule ! Quoique, tu l’achètes, même si t’as pas la thune, le temps qu’on te la saisisse, tu l’as revendue avec 20% de plus value !
Bref, c’est le V12 Colombo et ses vocalises envoutantes de 240 ch (Jusqu’à 280 pour les SWB). Le dessin signé Pininfarina, assemblée par les artistes de chez Scagliati à Modène. Elle est juste belle, magnifique, somptueuse…. et a vu le jour grâce aux américains. Jon von Neumann et Luigi Chinetti, 2 concessionnaires respectivement situés en Californie et à new York, demandent à Enzo de leur vendre un cabriolet radicalement sportif. Mais voilà, le Commendatore a du mal à considérer un cabriolet comme une voiture de sport. Surtout qu’il y avait déjà la 250 GT Cabriolet au catalogue.
Il faudra donc toute la ténacité et la motivation de nos 2 hommes pour réussir à convaincre et faire flancher Maranello. Enfin, ils y sont allés de façon plutôt radicale… Si Ferrari refusait, ils n’hésiteraient pas à commander des 250 GT Berlinetta « Tour de France » ou SWB pour les confier à Scaglietti afin qu’il les leur modifie directement. Et tant pis pour Maranello ! Ferrari finit donc par céder et donne le nom de California en homage à sa future clientèle ouest américaine. Pour l’histoire, nos 2 hommes referont le coup avec la 275 GTB/4… Mais ce coup-ci, Enzo ne flanchera pas, et ils feront donc modifier les coupé en cabriolet directement aux USA.
Bref, la 250 GT California finit par voir le jour. Son nombre d’exemplaires est adapté à la production, donc limité. Quasiment fabriqué à la demande, ils bénéficient d’un statut quasi-sur mesure, ce qui accentue la dimension de chaque modèle et accentue l’intérêt des riches propriétaires, passés et actuels. Au delà des ses lignes totalement délirantes de beauté, ses performances sont celles d’une voiture de course, du moins en 1957, tout comme ses capacités puisque le châssis est celui de la 250 GT Berlinetta « Tour de France ».
Mais voilà, au salon de Genève 1960, elle reçoit le châssis court de la SWB (Mon Dieu, qu’est ce que je l’aime aussi celle là ! Elle est magnifique… bon ok, j’arrête !). L’empattement n’est réduit que de 20 cm, mais bon, dans certaines conditions, 20cm, ça change tout (Citation de Rocco Siffredi je crois !). Le physique est comparable, avec quelques changements qui lui font gagner du muscle. La prise d’air sur le capot est modifiée, les voies sont plus larges et la garde au sol est diminuée.
L’habitacle se limite toujours à l’essentiel… Compteurs, manos, manivelles, cendrier, volant bois, cuir, moquette… Et dire que 60 ans plus tard, on nous les brisent quand il n’y a pas de prise USB, de vitres élec à l’arrière ou d’affichage tête haute !
Ferrari a assemblé 106 California et seulement 37 SWB. Toutes plus désirables les unes que les autres. 60 ans plus tard, il faut débourser presque 10 millions pour la 1ère et le quasiment le double pour la 2nde ! Mais bon, ceux qui peuvent vous confirmeront qu’elles les valent… et je veux bien les croire… Qu’est ce que c’est beau !
© Gooding & Co
Christopher Maisoné