’68 Ferrari 365 GT 2+2 – Le charme des familiales !
par Thierry Houzé | 24 octobre 2018 | Street |
Quand on parle de Ferrari, on pense de suite à la F1 et à tous ces monstres sportifs qui ont fait la notoriété et le palmarès du cheval cabré. On pense au V12 Colombo, et à son chant qui a su traverser les générations. On pense aussi « argent », que ce soit le prix délirant des anciennes, celui des neuves mais aussi la légende urbaine (Souvent fondée) sur le prix de leur entretien. Par contre, on ne pense pas à la 365 GT 2+2… et pourtant, c’est là qu’on se rend compte de la magie qu’est devenue Ferrari.
Quand Enzo faisait des voitures, c’était d’abord et avant tout pour la course. Point barre… Mais le temps passant, il se rendit compte que pour pouvoir s’imposer face à des rivales devenues de plus en plus affutées, il fallait des budgets toujours plus copieux et des développements encore plus poussés, donc là aussi, plus chers. Du coup, le Commendatore se mit à proposer des routières qui ne devaient servir qu’à financer les « coursières »… Souvent les voitures de route n’étaient que des versions aseptisées (enfin, pas toujours) des voitures de courses. Quoiqu’il en soit, Enzo ne voyait que par la course et le V12…
Et puis y’a que les cons qui ne changent pas d’avis… même à Maranello ! Les berlinettes ont commencé à faire leur apparition, les moteurs sont passés derrière les pilotes et le V8 est venu accompagner le V12 au coeur des sportives du cheval cabré. Certains modèles se sont vus exclusivement destinés à la route, les spider ont fait leur apparition, et, comble des combles, des banquettes arrière. Mais bon, les sous rentraient, et les Ferrari continuaient de briller sur les circuits… même si pour certains, tout foutait le camps… ou pas !
Quand on voit le physique de cette 365 GT 2+2, on se dit que ça doit finalement être ça la magie Ferrari… Sont-elles réellement belles ou est ce l’aura de Maranello qui fait cet effet. ‘Savez comme ces talibans aveuglés par une marque, et qui voient tout en rose ou tout en noir, incapables de garder une once de lucidité et de discernement.
Présentée au salon de Paris en 1967, elle devait pénétrer le marché américain, friand de ces monstres mécaniques européens qui permettaient surtout, de flatter l’égo d’une élite financière. Ca permettait de se faire passer pour quelqu’un face à tous ceux qui roulaient en tracteurs américains mus par des V8 dignes de paquebots. Une certaine vision réfractaire, que beaucoup de troglodytes partagent encore.
Il n’empêche que la Ferrari 365 GT 2+2 avec sa robe signée Pininfarina, et son V12 de 4.4l gavé par 3 carbus Weber, développait 320 ch et revendiquait 245 km/h en vitesse de croisière… oui en 67. La ligne est d’une simplicité hallucinante, et c’est surement ça qui la rend aussi belle. Finalement la recette a traversé les années sans changer. Plus c’est simple, plus c’est beau. Et cette Ferrari, avec son empattement « calculé », sa face avant tendue et son porte à faux à décalage horaire pour recevoir les bagages, nous sort encore une fois du grand Pininfarina.
L’habitacle et sa classe ressortie du passé, avec son volant bois, ses placage, ses interrupteurs à basculeurs chromés, ce cuir et cette moquette noirs, l’ambiance est indescriptible, sage mélange de luxe et sport. On se dit même que derrière ce volant, l’efficacité et la performance ne doivent plus être importantes. Le style, le feeling et l’atmosphère font le reste… et ça, je pense qu’une fois qu’on la vécu, on ne peut plus s’en passer… c’est ce qui fait le charme des anciennes, qu’elles soient aussi classes que cette Ferrari ou pas.
© RM Sotheby’s via Darin Schnabel