Prince Skyline Sport Coupe – Godzilla’s godfather !
par Thierry Houzé | 16 février 2019 | Street |
Enlevez lui son nom, oubliez ses origines et certifiez moi que cette caisse est une japonaise, que ce soit dedans comme dehors ! Et pourtant, cette Prince Skyline est bel et bien née au pays du soleil levant. Sauf que son dessin signé Michelotti allait la faire sortir du lot et indirectement, lui faire donner le coup de départ d’une histoire qui allait rentrer dans la légende !
Comme beaucoup de marques auto, Prince a fait ses débuts dans l’aviation pendant la 2ème guerre mondiale, sous le nom de Tachikawa Aircraft Company. Après le conflit, il a donc fallu recycler les ingénieurs et les outils c’est donc comme cela qu’à partir de 1952, la marque a changé de nom et commencé à assembler des châssis motorisés et carrossés… oui des bagnoles !
L’aventure automobilistique de Prince commence avec la sedan AISH-1, une berline aussi chiante que son nom, simple déplaçoir aussi excitant que s’enfiler un suppo ! Une sorte de mélange entre une caisse russe et une boite de conserve avec sous le capot, un bloc fourni par Peugeot (Le 4 cylindres de la 202) et légèrement retouché par les ingénieurs japonais pour sortir 45 ch. Dès 1953, elle est remplacée par l’AISH-2, un peu plus volumineuse même si elle garde le même moteur. Puis chaque année, les générations vont se succéder, AISH-3, puis 4, puis 5 (Qui voit apparaitre un pickup et un break)… et la 6 qui terminera l’aventure !
Mais l’histoire n’est pas là. Non, elle va débarquer sous le nom de ALSI en 1957. Une berline et un break luxueux, qui embarquent quelques innovations technologiques et reçoivent un 4 cylindres 1.5l de 60 ch qui avait été aperçu sous le capot d’un proto qui venait présenter un nouvelle marque, Subaru. Ainsi équipée, la grosse berline Prince pouvait filer à 140 km/h… La berline et la marque rencontrent un succès d’estime, les voitures se vendent sur l’archipel, sans exploser les records, mais suffisamment pour faire tourner la boite.
Prince en veut plus… et en 1960, la marque se paye un coup de pub lors du salon de Turin. Pour sortir du lot, il faut dl’a gueule, du style et à l’époque, la référence du design, il faut aller la chercher en Italie. C’est justement ce qu’ont fait les japonais en allant embaucher le designer italien, Giovanni Michelotti. Ils lui confient un châssis de Prince Gloria, et lui demande de tracer les lignes d’un coupé attirant, séduisant et sportif…
Le Prince Skyline Sport Coupe voit le jour sous la mine du talentueux italien. Et pour compléter le tableau, les ingénieurs japonais lui flanquent un 4 cylindres 1.9l de 94 ch, soit le moteur le plus puissant de toute la production japonaise ! Il est accompagné d’une boite 4 manuelle qui envoie les watts vers les roues arrières. La voitures aux dimensions relativement compactes, accuse 1350 kg sur la balance.
Il n’y a rien d’extravagant en lisant la fiche technique. Mais voilà, si les ingénieurs japonais n’ont pas fait de miracle, ils ont cependant pondu un ensemble cohérent. Le moteur n’est pas un monstre de puissance, mais il est pétillant et vivant des les tours. Le châssis n’ira pas révolutionner la technologie de l’époque, mais il est bien né, bien réglé, et il exploite parfaitement chaque watt passé sur la route. Puis c’est une japonaise… simple, fiable et robuste. Qui plus est, avec une gueule qui n’a rien à voir avec c’que l’archipel avait présenté jusqu’à maintenant. Et pour ne rien gâcher, l’habitacle est somptueux, du chianti avec les sushis ! Moquette, volant Nardi bois, compteurs et manos aux cerclages chromés, cuir beige sur les sièges et panneaux de porte, noir sur le tableau de bord… luxe et beauté débarquent enfin dans les productions japonaises.
Et ça continue puisque Prince va également lui ôter le toit et proposer en option un 6 en ligne de 2.5l pour 134 ch ! On imagine déjà la fête à Tokyo, des Geishas à gogo, le saké qui coule à flots… pourtant, proposée à un prix exorbitant, Prince ne vendra en tout et pour tout qu’une soixantaine d’exemplaires de sa sportive. Mais l’histoire est en marche… la marque s’est faite remarquer par Nissan qui va l’absorber en 1966 et offrir par la même occasion une autre direction à la Skyline… mais ceci est une autre histoire !
© Petersen Automotive Museum