Rassurez vous, je ne vais pas vous rejouer le refrain de la 911 Carrera RS 2.7, soit vous cliquer sur le lien, soit vous rodez un peu la fonction recherche. Par contre celle dont je vais vous parler, elle est unique… faite sur mesure. Mais pas de outlaw, ni de prépa en mode barbare. Non, là c’est du matching number, directement sorti des usines de Zuffenhausen ! Ah ouais, les puristes vont avoir du mal à comprendre…
Quand tu te pointes chez Porsche et que tu veux te faire faire une caisse sur mesure, t’as intérêt d’avoir un portefeuille blindé. En encore ! Vu la rentabilité de la marque, si t’es pas pote avec un des descendants de Ferdinand, à mon avis, tu peux de gratter Hervé (Ca marche aussi avec André) !
Sauf que là la situation st un peu particulière… Nous sommes donc en 1973. Porsche s’apprête à la Carrera RS afin de participer au championnat d’Europe GT. Il faudra 500 exemplaires, Porsche en assemblera plus de 1500 (200 Lightweight et 1300 Touring). 40 ans plus tard, les Porschistes fortunés se prostituent pour acquérir ce qu’ils considèrent comme le Saint Graal et qui, au début des années 2000, s’échangeaient encore pour moins de 100.000 €.
Aujourd’hui, vous pouvez multiplier le prix par 10… et le modèle que je m’apprête à vous présenter s’est vendu à Monaco l’année dernière pour 1.242.500 €… hors frais ! Mais quoiquessedonc qui justifie une telle côte ? Eh bien tout simplement parce que cette 911 Carrera RS de 73 a été réalisé spécifiquement pour Leo Kinnunen, un pilote Finlandais qui a commencé sa carrière en moto avant de passer sur 4 roues au début des 60’s.
Rapidement il se fait remarquer en rallye, en auto-cross, en course sur glace et en F3… Oui, le gars était doué, quelle que soit la surface. Un finlandais quoi…! Enfin à partir de 69 il se spécialise dans les épreuves sur circuit et remporte la Nordic Challenge Cup dans lequel il va s’imposer devant Jochen Rindt (Qui sera champion du monde de F1 en 70 à titre posthume) sur une Porsche 908. Impressionné par sa performance, il est contacté par John Wyer qui lui propose de rejoindre son écurie qui n’est autre qu’un des teams officiels Porsche au International Championship for Makes. Il remporte 3 titres en Interserie, l’équivalent européen du Can-Am, au volant d’une Porsche 917 et en 73, il refait une pige au championnat du monde des rallyes au volant d’une 911 Carrera RS. En 74, il accède à la F1 en payant sa place chez Surtees… Mais la voiture étant loin d’être performante, il ne réussira à se qualifier en course qu’à une seule reprise où il ne fera pas plus de 8 tours avant que le moteur de sa monoplace rende l’âme ! Il revient aux voitures de sport en 75 et à la fin de la saison 77, il raccrochera définitivement le casque. Il nous a quitté en 2017 des suites d’un long combat contre un accident vasculaire cérébral qui finira par l’emporter.
Mais remettez vous de cette sombre nouvelle pour revenir à 1973… De retour en rallye, Kinnunen voulait une voiture légère, puissante, fiable et agile pour pouvoir viser la victoire notamment chez lui au Rallye des 1000 Lacs. Voiture qu’il pourrait ensuite utiliser pour courir la Targa Florio. Alors qu’il était sur le point de partir sur une Porsche 911 2.8 RSR, il mise sur la nouvelle 2.7 Carrera RS Lightweight qui lui semble plus adaptée.
Mis à part que Kinnunen va demander plusieurs modifications… Les ailes arrière d’origine vont être remplacées par celles, plus larges, de la ST afin de recevoir des jantes et des pneus plus larges eux aussi. L’aileron arrière abandonne le Ducktail pour être remplacé par celui des futures Carrera 3.0 RS. Enfin, un autobloquant venait équiper le pont arrière. Dans l’habitacle, un arceau Matter en alliage se chargeait de renforcer la caisse et on peut remarquer deux baquets Recaro, des harnais Repa et un volant plus grand. Le moteur reste d’origine avec ses 210 ch, tout comme le châssis. Il terminera 7ème de l’épreuve…
A l’issu de la saison 73, Leo Kinnunen était littéralement tombé amoureux de sa 911 Carrera RS un peu spéciale… à tel point qu’il a racheté la voiture à Porsche pour son usage personnel. D’où le fait qu’elle soit unique et qui justifie la valeur de l’engin sortie d’usine… Voilà, vous savez tout maintenant !
© RM Sotheby’s