Nous sommes en 1989. Depuis 3 ans, Ford propose sa Festiva sur les marchés américains, australiens et japonais. En fait il s’agit d’une Mazda 121, un déplaçoir aussi excitant qu’un toucher rectal à sec ! Sauf que deux gars un peu chtarbés, Chuck Beck et Rick Titus, vont en choper une pour la shooter aux hormones, lui coller un V6 et la transformer en monstre de la route pour en faire la Ford Shogun !

Ford Shogun... Une Festiva sous hormones ! 1

L’histoire paraissait simple, mais finalement y’a pas mal de choses à vous raconter sur cette caisse que je ne connaissais pas il y a encore une semaine !

Déjà Chuck Beck… tous les amateurs de Porsche ont déjà entendu son nom. Oui, voilà, les répliques de 356 Spider, 550 Spider et autres 904 GTS, c’est lui. Une finition exemplaire, des proportions et un dessin dignes des originales, Beck est devenu la référence auprès des spécialistes de Porsche old school outlaw puisque beaucoup de ces bases modifiées, shootées ou pompelupisées, cachent la plupart du temps une caisse signée Beck.

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De son côté, Rick Titus est un riche homme d’affaire, passionné de voitures de rallye et accessoirement, ami de Chuck Beck… Un soir, les deux amis discutent bagnoles autour d’une (plusieurs…) bière ! Rick est venu montrer à Chuck sa dernière acquisition, une Ford RS200, le missile qui a permis à Ford de venir jouer dans la cour des Groupe B… mais qui en sera aussi l’une des responsables de sa mort puisqu’en 86, c’est la RS200 de Joaquim Santos qui termine dans la foule lors que rallye du Portugal, fauchant une dizaine spectateurs, dont trois décèderont sur le coup. Mais l’histoire n’est pas là…

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La bière coule à flots, les esprit s’enflamment et forcément, nos deux hommes finissent par se dire que ce serait marrant si eux aussi, faisaient leur propre voiture reprenant l’esprit de ces Groupe B… Les jalons sont posés, reste plus qu’à trouver la base et les partenaires, sachant que celle qui va les inspirer n’est autre que la R5 Turbo.

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Bon, je pense qu’ils ont quand même bien du charger ! Parce qu’aller chercher une Ford Festiva (Mazda 121), fallait quand même être bien chaud pour voir à travers une caisse aussi pathétique, un potentiel de serial killer ! Sauf que le choix n’était pas dû au hasard… L’objectif étant d’utiliser une voiture simple, disponible, avec la possibilité de la modifier en profondeur, tout en utilisant une large banque d’organes et un moteur sympa… et justement, Ford venait de lancer sa Taurus SHO motorisée par un V6 3.0 l 24 soupapes développé et mis au point par Yamaha. 220 ch, dans un gazier capable de prendre 7300 trs, il offrait pour eux, le caractère recherché pour leur future sportive. Du coup, pour donner vie à leur propre R5 Turbo, c’est la Festiva qui allait servir de cobaye.

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Il s’agissait d’une citadine lambda, sans aucun intérêt et fabriquée en masse pour les classes populaires. Parfaite ! Beck mis ensuite la main sur une épave de Taurus SHO que son propriétaire avait collé dans un mur après seulement 5000 km… L’opération pouvait alors commencer.

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La Ford Festiva se retrouva aussitôt débarrassée de son 4 cylindres. Le train avant a de suite été revu à la hausse et renforcé, utilisant des éléments de la Festiva (direction) adaptés avec ceux de la Taurus (freinage, triangles, suspensions…). Deux barres antiroulis ont été greffées pour rigidifier un peu l’ensemble. La géo des trains roulants a dû être modifiée pour être élargi et encaisser les nouvelles contraintes.

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Derrière les sièges avant, le châssis a été découpé et Beck a mis ses mécanos sur le coup pour greffer un treillis tubulaire, prêt à recevoir la nouvelle pompe à feu. Les premiers essais ont montré que les triangles et les amortisseurs ne tenaient pas le choc, du coup, ils furent remplacés par des éléments maison et des amortos Koni. Aux quatre coins, on retrouve des BBS RS 3 parties en 14′.

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Au niveau du moteur, tout a été fait pour songer à son bon refroidissement. Ce n’est pas foncièrement beau, mais en tout cas, ça fait le job et ça fonctionne correctement. Les 220 ch se retrouvent donc juste derrière le pilote avec la boite 5 manuelle et le différentiel. La petite Festiva est désormais devenue un propu qui n’attend que la bagarre !

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Et elle le montre puisque physiquement, histoire de l’adapter à la largeur des nouveaux trains, le cul a pris du muscle avec des extensions construites comme une planche de surf, de la mousse polyuréthane recouverte de fibre. Des prises d’air viennent alimenter le V6 en air frais, pendant que des persiennes se chargent d’évacuer les calories. Sachant que le moteur est laissé d’origine, si ce n’est justement l’admission et l’échappement qui ont été adaptés à leur nouvel environnement. Le capot est lui aussi largement aéré afin de refroidir le radiateur qui a migré à l’avant.

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Sur le premier proto, un aileron vient rejoindre les extensions d’ailes à l’embase de la lunette arrière… Mais jugé inutile, il sera enlevé sur les modèles « de série ». A l’avant, la lèvre inférieure est un spoiler de Pontiac Fiero, retourné, adapté et moulé dans le bas du pare-choc. Pour l’esprit rallye, il est entouré de deux feux longue-portées ronds. Dans la version définitive, le pare-choc avant sera moulé intégralement en fibre.

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Une fois dans l’habitacle, on est calé dans des baquets Cobra. Le pilote fait face à un volant Momo et des compteurs VDO sont montés à la place de ceux d’origine. La clim est de série tout comme une sono qui permet de couvrir les rugissements du V6…

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Au final, avec son côté artisanal, on se dit que cette Ford Festiva, rebaptisée Ford Shogun, doit être un cercueil à roulettes… Eh bien détrompez vous. Beck et Titus vendront 7 voitures, dont l’une d’entre elles (Le 3ème exemplaire) à Jay Leno qui demandera qu’on y rajoute un NOS (La faisant grimper à 310 ch). Il s’en servira de daily pendant de nombreuses années, à l’époque où il animait tout juste le Tonight Show. Justement, adepte des engins virils, Jay a été agréablement surpris par le comportement de la voiture. Performante, vive, direction directe et légère malgré le manque d’assistance, freinage sérieux et endurant… la voiture est bien née, et son efficacité est à la hauteur de son statut et de ses perfs… Avec moins de 900 kg sur la balance, la voiture était capable d’encaisser plus d’1G en latéral et de shooter le 0 à 100 en 4,6 secondes et le 400m en 12,9 pour une Vmax de 219 km/h.

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Vendues 47.500 $ en 89, la voiture ne connaitra aucune carrière commerciale… pourtant tout était prévu pour lancer une série limitée qui s’arrêtera à 7 ! Aujourd’hui, elle reste un ORNI dans le paysage automobilistique américain. Elle aurait peut être eu plus de succès de notre côté de l’Atlantique… Mais ça, on ne le saura jamais (Tadaaaaaaa !).

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