La Vector W8, c’est le rêve d’un homme… Gerald Wiegert, un américain diplômé de la célèbre « Art Center College of Design » en Californie. Ambitieux, il souhaitait développer et commercialiser sa propre voiture capable d’aller rivaliser avec les meilleures productions européennes en général et italiennes en particulier. Un rêve un peu fou, mais qui allait voir le jour en 89 !
Mais attention, Wiegert n’est pas du genre p’tit joueur. C’est pas une voiture qu’il veut mais une supercar… enfin, à l’époque, les supercars n’existent pas encore ! Ca ne l’empêche pas de vouloir lancer le missile sol – sol le plus bestial et puissant que la route n’ait jamais vu… Un engin capable d’arracher le bitume sur 400 m et de poutrer absolument tout ce qui pourrait se présenter devant son capo, le tout dans une technologie avant-gardiste, vautré dans le cuir, la moquette épaisse avec et même avec les tapis sur mesure comme chez Tapisvoiture.fr !
L’histoire de Vector débute indirectement en 72 quand Wiegert présente un concept car sous forme de maquette au salon de Los Angeles. 6 ans plus tard, il refait parler de lui avec la W2 (Wiegert – 2 turbos) qui va prendre vie dès l’année suivante… Wiegert assemble un prototype roulant et commence le développement de sa voiture. Sous le capot on retrouve bien entendu un V8 de 5.7 l shooté par un duo d’escargots… le gazier revendique 600 ch, une valeur digne de la NASA en 79 !
Wiegert se paye un bon coup de pub… et il se joue de la presse en faisant repeindre la voiture d’une couleur différente à chaque visite de journaliste… Au final, une seule voiture sera assemblée, mais cette subtilité donnera l’illusion que Vector maitrise son sujet et multiplie les modèles de développement. La W2 fera parler d’elle dans le réputé magazine américain Motor Trend, mais aussi chez les anglais puisque l’équipe de Top Gear ira essayer le monstre, même si Vector leur interdira d’aller chercher la Vmax annoncée à plus de 370 km/h. D’ailleurs Vector alignera sa W2 sur le lac salé de Bonneville où elle sera chronométrée à 384 km/h !
Au fil des 160.000 km d’essais, de tests et d’évolutions, la W2 affirme son style pour devenir W8 Twin Turbo. Wiegert va ouvrir en 89 la Vector Aeromotive Corporation et à partir de janvier 1990, la Vector W8 débarque sur le marché au prix de 448.000 $.
Le style est inspiré par l’Alfa Romeo Carabo, un concept car signé Gandini en 1968, et qui a déjà servi de source d’inspiration à une certaine Lamborghini Countach… d’où une certaine ressemblance entre les deux supercars. En même temps rien de bien étonnant quand on sait que Wiegert voulait donner à sa voiture un look d’avion furtif. D’ailleurs pour réaliser sa bête, Vector faisait appel à un châssis monocoque en alu, collé à l’époxy et riveté sur un plancher en nid d’abeille, lui aussi en aluminium ! Puis les éléments de la coque étaient ensuite posés et assemblés grâce à 5000 rivets répondants aux spécifications et aux normes de l’aéronautique. Enfin, les panneaux de carrosserie en carbone et kevlar, venaient recouvrir le tout.
En position centrale arrière, on retrouve un V8 Rodeck de 6.0 l (Alors que la W2 embarquait le Chevrolet Donovan), bien connu des amateurs de Nascar et dragster. Le gazier est monté en vilebrequin et pistons forgés, bielles en inox, durites avia’, carter sec et se fait souffler dans les tubes par un duo de Garrett pour envoyer 625 ch et 880 Nm aux roues arrière via une boite auto 3 rapports empruntée à l’Oldsmobile Toronado. Sachant qu’à la base, Wiegert comptait passer le bloc avec une pression de suralimentation réglable… en mode full, le V8 affichait 1200 ch ! L’idée sera abandonnée…
Niveau châssis, l’avant adoptait une double triangulation et l’arrière comptait 4 bras tirés avec suspensions de Dion. Les amortisseurs réglables venaient de chez Koni. Les freins faisaient confiance à des disques en 13′ mordus par des étriers 4 pistons en alu. Enfin, le plus gros du boulot revenait aux pneus, des Michelin XGT Plus en 255/45-16 devant et 315/40-16 à l’arrière, qui tentaient de passer tout ce beau monde sur l’asphalte !
Dans l’habitacle, outre les baquets Recaro électriques, tendus de cuir et de daim, le tableau de bord est directement inspiré d’un avion de chasse. 4 écrans digitaux et une ribambelle de boutons, d’interrupteurs, de commutateurs se pavanent devant les yeux et un peu de partout… de quoi rendre jaloux K2000 ! Alors pas sûr que la fiabilité ait été de mise, mais niveau look, c’était difficile de faire plus futuriste que la Vector W8.
Niveau perf, Vector annonçait 389 km/h et le 0 à 100 en moins de 4 secondes, de quoi en faire la supercar la plus performante du marché. Ca suffit pour faire parler d’elle, mais le plus dur reste à venir, séduire les clients face aux références et aux valeurs sures de la catégorie.
D’ailleurs à ce jeu, Vector va se payer un gros coup de pub puisque l’une des premières voitures à sortir de l’usine en 1991 est celle de la superstar du tennis, André Agassi. Sauf que l’histoire tourne rapidement au drame quand le champion demande à être remboursé quelques semaines plus tard. Impatient de prendre possession de sa voiture,Vector accepte de lui livrer sa voiture alors qu’elle n’est pas terminée. Le deal est de faire des photos publicitaires avec André, qui s’engage à ne pas rouler avec la voiture tant que les ingénieurs n’auront pas mis les dernières touches… Mis à part qu’Agassi ne respectera pas l’accord et la voiture sera victime d’un incendie. La même année, Car and Driver teste la W8… Vector leur a fourni trois voitures qui toutes, tomberont en panne…
La Vector W8 verra sa carrière courir jusqu’en 93… malgré les déboires, 19 voitures sortiront de l’usine (17 + 2 de pré-série). Quasiment ruiné, Wiegert préfère abandonner et revend Vector au groupe indonésien Megatech qui, en 95, lancera une remplaçante à la W8. Mais ceci est une autre histoire…!