Quand je suis tombé sur cette Alfa Romeo GTV6 3.0 l, j’ai d’abord pensé à une faute de frappe… D’où il y a eu un V6 3.0 l sous le capot du coupé italien ? Mais, je sais que sur certains marchés, notamment australiens, sud africains et parfois brésiliens, pour des questions d’homologations, on a vu débarquer des engins un peu spéciaux… et c’est justement le cas de cette GTV6.
L’Afrique du Sud est un pays particulier pour les petrolheads… Pour des raisons d’homologation, les filiales nationales n’ont pas hésité à commercialiser des modèles spécifiques. Par exemple BMW avec ses 333i, 735CSi (Une 745i en M88 !) et 530 MLE. Opel y a vendu des Kadett Superboss et Ford a joué aux gros bras avec ses Sierra XR6 (V6) et XR8 (V8) ! Pendant que les européens réfléchissaient, les sud africains faisaient, et ça c’était plutôt pas mal. Du coup, voilà donc la légitimité de notre Alfa Romeo GTV6 3.0 toute trouvée.
Au début des 80’s, la BMW 535i truste les victoires en Gr.1 dans le championnat de tourisme sud africain et ça, ça énerve un peu les responsables de la filiale d’Alfa Romeo basée à Pretoria. La GTV6 pourrait bien aller lui botter les fesses… mais pas avec le 2.5 l qui s’avère trop juste. Il faut donc trouver un solution… enfin, surtout un nouveau moteur !
Les responsables sud-africains de la marque au Biscione se rapprochent alors d’Autodelta, la branche sportive d’Alfa, et rapidement, on parle d’une évolution qui ferait passer le V6 Busso de 2.5 l à 3.0 l. Et ça tombe bien puisque justement, Alfa y avait réfléchi plus que sérieusement avant que les normes italiennes qui surtaxaient les moteurs de plus de 2.0 l, leur fassent faire machine arrière.
Rapidement, le V6 est réalésé à 3.0 l (2934 cm3 exactement) pour se retrouver sous le capot du coupé italien. Il est gavé par une batterie de six carbus Dell’Orto (J’imagine le bordel quand il faut régler tout ça !) qui lui font sortir 174 ch. Ses freins sont revus à la hausse, les suspensions un chouill’ plus basses et plus dures, et la caisse est habillée d’un kit aéro discret, de nouvelles jantes et le capot reçoit une grosse prise d’air NACA qui trône sur un bossage digne d’un muscle car !
Tout ça c’est bien, mais pour aller se frotter à l’allemande, il faut 200 exemplaires… Alfa en assemblera 212 entre 84 et 85…. sachant que les 6 derniers d’entre eux seront alimentés par une injection.
Au niveau de la compet’, la GTV6 3.0 fait son entrée en 83 aux 2 heures de Kyalami où elle va aussitôt s’imposer avant de s’offrir un doublé à la course suivante, les 3h de Killarney. Elle remportera également la manche du World Endurance Championship aux 1000 km de Kyalami.
Pour terminer l’histoire, sachez le V6 3.0 l sera finalement récupéré par Alfa puisque c’est lui qu’on retrouvera plus tard sur la 75 V6 America, la 164 et le nouveau coupé GTV qui débarquera en 95.