Aujourd’hui, quand tu dis Alfa Romeo Giulia, on pense de suite à la berline moderne, et en particulier à la version Quadrifoglio qui cache un méchant V6 biturbo sous le capot. Sauf que là, celle qui nous intéresse, c’est sa grand mère… celle qui a vu le jour au début des 60’s et qui allait lancer une mode, qui persiste 60 ans plus tard, celle des berlines sportives…
L’Alfa Giulia va inaugurer la nouvelle usine d’Arese et est présentée sur l’Autodrome de Monza en juin 62. Quand on la regarde vite fait, on ne peut pas dire que son style soit hyper recherché… mais quand on s’attarde, on remarque pourtant que tout est super uniforme et cohérent? Le galbe discret des ailes, l’agressivité de la face avant, les détails du capot et du coffre, la ligne de toit, le dessin des passages de roues… Les détails ne sont pas du au hasard !
C’qui m’a toujours fait halluciner avec l’Alfa Giulia, c’est sa simplicité. Son profil fait penser à un dessin d’enfant… 3 carrés se succèdent. Le coffre, l’habitacle et le capot. Mais la prouesse a été de rendre un dessin si banale aussi séduisant et… sportif. Car lorsque vous la croisez, elle peine à cacher son tempérament de feu. Surtout quand on la regarde dans les yeux. La face avant avec ses 4 phares sait se montrer agressive et intimidante.
Bon, vous avez deviné, j’ai du mal à rester partial avec l’Alfa Giulia… J’adore c’te caisse. Sa beauté vient surement de sa simplicité, de ses détails et de ses proportions. Rajouter aussi à cela son image, une vraie Alfa des 60’s avec un tempérament de feu, le genre de caisse à vous filer le virus en quelques centaines de mètres.
Donc vous ne serez pas étonnés de voir ce modèle tout droit venu de 1971. A la base, une 1300 Super avec son petit 4 pattes, gavé par deux carbus pour 89 ch. Ah ouais, ça fait sourire aujourd’hui, mais en 71, la Giulia n’était pas encore devenue une enclume et elle dépassait tout juste la tonne sur la balance, même si les plus « sportifs » préféraient miser sur le 1600 qui passait la barre des 100 ch.
Enfin, j’ai marqué « à la base », car même si sur DLEDMV on aime les belles caisses d’origine, on vibre de la même façon devant une prépa aussi propre que cohérente. Et c’est le cas de cette Giulia qui est désormais shootée par un 2.1l bien plus velu.
En fait, c’est à l’occasion d’un resto complète que son proprio s’est dit qu’il était temps de passer à quelque chose d’un peu plus coriace. Du coup, au niveau esthétique elle a reçu une mise à jour pour adopter le look de la Ti Super, d’où la calandre 4 phares. Le bloc est celui d’origine, sauf qu’il a été revu en profondeur pour cuber 2050cm3.
Les pistons et les bielles sont forgés et signés Paul Spruell. Le vilebrequin est équilibré, renforcé et allégé. La distribution se fait par une double chaine Iwis Racing et le volant moteur allégé a été pioché dans le catalogue d’Alfaholics. Une culasse reçoit un double arbres Cat Cams et les ressorts de soupapes sont plus rigides. L’ensemble est gavé par un duo de carbus Weber DCOE 27 de 40mm. L’allumage est électronique et signé Bosch. La boite à air et son filtre viennent d’une Alfa GTA. Enfin l’italienne chante désormais à travers une ligne inox sur mesure qui débouche juste devant la roues arrière gauche.
Elle chante à pistons déployés une partition de 173 ch perchés à 6300 trs pour un couple de 207 Nm disponible à 3400 trs. Tout ce beau monde est transmis aux roues arrière via une boite 5 manuelle qui tire plus court et accompagnée d’un arbre neuf de transmission et d’un différentiel.
Bien sûr, même s’il a de quoi encaisse, le châssis a quand même été virilisé, et il n’est pas en reste. Toutes les liaisons ont été revues, les bras, les barres, les tirants, amortos et ressorts, ainsi que la direction qui est maintenant plus directe. De quoi s’aligner au départ d’une épreuve VHC. Pour ne rien gâcher, elle chausse désormais en 15′, mis à part que les jantes alu ont conservé le dessin original, de quoi rester en bon terme avec les puristes.
Dans l’habitacle, une bonne partie a été refaite, de la sellerie aux contre-portes en passant par la moquette remplacée par du vinyle noir. Le volant est un Momo Prototipo qui surplombe un tableau de bord laissé d’origine, si ce n’est les manos qui se sont adaptés au nouveau gazier.
Pour être clair, cette Alfa Giulia est un véritable restomod, assemblé dans les règles de l’art. Elle cache dehors ce qu’elle n’affiche pas dessous… Seul l’ambiance de l’habitacle peut dévoiler quelques indices… et encore ! Et en pur adepte, aussi bien de la Giulia que du restomod, elle donne juste envie d’avoir la même dans mon garage…