Mais quel est cet engin ? Ça ressemble vaguement à une Ferrari mais sans le parmesan, une Jaguar mais sans le cheddar, et vu la longueur du capot il y a largement la place d’y caler un V12, peut-être même deux ! Et bien l’Apollo 3500 GT s’apprécie surtout assaisonnée de sauce barbecue et de V8 !

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Il va sans dire que les coupés GT haut de gamme des années 60 se consommaient à la sauce Européenne. Ferrari, Jaguar, Aston Martin, Lamborghini, Facel Vega, Iso, Bizzarini pour ne citer que ceux-là… Entre les grandes marques et les petits constructeurs il n’y avait que l’embarras du choix. Mais toutes avaient pour particularité de venir de notre coté de l’Atlantique, et pour la plupart en V12.

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Pendant ce temps-la, les Américains eux, se concentraient sur ce qu’ils savaient faire de mieux. Des énormes charrettes rustiques avec juste ce qu’il faut de confort mais surtout agrémentées de non moins énormes V8 de ligne droite. Jusqu’au jour où 3 jeunes Américains ont décidé de réunir le meilleur des deux mondes dans le but de tailler des croupières aux Européennes : Milt Brown, Ron Plescia et Ned Davis.

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Mon premier est un Californien expatrié en Angleterre pour y construire des voitures de course, mon deuxième est un designer ami de mon premier, mon troisième est le dernier larron, ami des deux autres. Mon tout forme la société International Motors Cars en 1962. Mais tout ceci n’aurait pas existé sans une rencontre. Celle de Brown et d’un certain Franck Reisner, carrossier chez Carrozzeria Intermeccanica, un an plus tôt au grand prix de Monaco. Voilà, la charade est au complet.

Brown conçut son propre châssis, adapté à un moulin V8 Buick ainsi que des trains roulants du même constructeur afin de se procurer des pièces détachées facilement, et pour un prix raisonnable sur le marché Américain. Plescia dessina la carrosserie (retouchée par Franco Scaglione, le créateur de la Tipo 33 Stradale !) que Reisner faisait fabriquer en Italie chez Intermeccanica. Elles étaient ensuite envoyées aux U.S.A. entièrement équipées avec l’intérieur pour y être mariées au châssis. Tandis que Davis… euh ben Davis on sait pas trop ce qu’il foutait, mais il était là.

Le moteur n’a pas été choisi au pif. Le V8 Buick 3.5L qui développait autour de 200 ch avait l’avantage d’être le plus léger du monde, mais aussi d’être plus petit que les autres. Ce qui limitait la charge sur l’essieu avant et assurait une bonne répartition des masses. Accouplé à une boite 4 BorgWarner, l’Apollo pouvait se targuer d’abattre le 0-100 en 7.5s et le sacro-saint quart de mile en 15.6 s. Donc pas dans les 10, mais pas loin. Disons qu’en 1962 c’est quand même pas dégueulasse pour une caisse de 1100 kg.

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Et la caisse a plu ! L’Apollo 3500 GT avait tout ce qu’il fallait d’Americain plus tout ce qu’il fallait d’Européen pour l’acheteur amerlock cœur de cible. Ce sont 88 exemplaires dont 8 spider qui ont trouvé preneur entre 1962 et 1964. Mais malheureusement, le trio a été confronté à une époque où le côté bénéfique de la mondialisation n’avait pas encore émergé. Faire venir des pièces du monde entier et les assembler sans avoir une chaîne de production cohérente s’est avéré être compliqué, et c’est ce qui a causé la perte de l’entreprise. Mais non sans avoir essayé de sauver les meubles.

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Brown a tenté de maintenir l’approvisionnement en carrosseries avec Intermeccanica en se mettant en cheville avec un industriel Texan pour qu’il continue à produire les Apollo sous le nom de Vetta Ventura. Mais la collaboration s’est arrêtée après seulement 11 exemplaires. 20 ultimes modèles ont été fabriqués par la société Apollo International et ce fût la fin de l’aventure. Comme vous pouvez vous en douter, elles s’arrachent aujourd’hui comme des petits pains, d’autant que le coût d’entretien défie toute concurrence vu que quasiment toutes les pièces viennent de chez Buick. Encore une rareté qui brillera par son histoire originale !

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