Impossible de parler de la marque aux anneaux sans parler de la prestigieuse montée de Pikes Peak. Audi y fit une démonstration de force pendant six années d’affilée avec ses autos du Groupe B ! En effet, pour l’occasion, elle avait sorti ses Quattro et le dompteur, Walter Röhrl !

Audi Quattro et Pikes Peak, des anneaux dans les nuages... 1

Pour les deux du fond qui n’écoutent jamais rien, Pikes Peak est le nom d’une montagne du Colorado aux Etats-Unis où se tient chaque année depuis 1915 la course de côte la plus connue au monde. 19,90 km de montée divisés en 156 virages qui ne pardonnent aucune erreur. Un départ à 2865m d’altitude pour une arrivée 1440m plus haut… 4305m soit 500m au dessous du toit de l’Europe, le Mont Blanc ! Forcément, ça asphyxie les pilotes et les moteurs, pendant que les premiers montent sous assistance respiratoire, les seconds sont sous assistance turbalisée ! Pikes Peak, c’est la course contre la physique ! Un moteur atmosphérique perd 1% de sa puissance tous les 100m d’altitude… Du coup, il en a déjà laissé 29% sur la ligne de départ et se retrouve presque à la moitié de ses capacités une fois passé le drapeau à damier ! Alors pour combler ce manque d’oxygène et permettre aux blocs de garder leur souffle, on les passe en respiration artificielle à grand renfort de turbos et d’appendices aérodynamique délirantes. Si aujourd’hui la piste est entièrement asphaltée, ce n’était pas encore le cas dans les années 80, ce qui amplifiait la dangerosité de l’épreuve. Mais c’est bien connu, le danger n’existait pas durant l’âge d’or du rallye.

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Audi commence à s’intéresser à Pikes Peak au début des années 80 à la faveur d’une nouvelle catégorie baptisée “Open Rallye” créée par les organisateurs de la course en 1981. Le constructeur tâte le terrain en 1982 et 1983 en engageant une Quattro S1 par le biais d’Audi of America avec John Buffum derrière le volant, qui remporta l’épreuve dans sa catégorie ces deux années. Galvanisé et en confiance, alors en plein essor du groupe B, le team officiel décide d’envoyer l’artillerie lourde. Michèle Mouton en 1984 (2ème place) et en 1985 avec une victoire et un chrono qui améliore le record de l’épreuve de 13 secondes. Elle rafle au passage des succès d’estime en devenant la première femme et première participante non Américaine à remporter l’épreuve. En 1986 c’est Bobby Unser, le local de l’étape, qui prendra la première place au général, au volant d’une nouvelle mouture de la Quattro préparée spécialement pour l’occasion.

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Devant les 6 années d’hégémonie de la marque aux anneaux dans la catégorie reine, en 1987 les adversaires se réveillent enfin. A la fin de la saison 1986, L’écurie Peugeot Sport se retrouva avec des 205 T16 ultra performantes sur les bras mais aucune compétition sur laquelle les engager suite à la suppression du Groupe B. Certaines seront recyclées pour le Dakar, et trois autres viennent se frotter au géant du Colorado avec Vatanen, Mehta et Zanussi à leur volant. Mais c’est encore Audi et Röhrl sur sa Quattro Sport S1 de plus de 600 ch qui mettront la fessée aux 3 sochaliennes tout en étant le premier pilote à passer sous la barre des 11 minutes. Fallait pas chercher Walter…

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Audi fût cordialement invité à ne pas participer à l’épreuve de 1988. C’est là que Peugeot prendra sa revanche avec une 405 T16 domptée par Ari Vatanen qui bat le record de de 6 dixièmes. C’est d’ailleurs lors de cette épreuve que Jean-Louis Mourey en profite pour filmer l’ascension. De là naîtra le splendide documentaire « Climb Dance », qui fera connaître la “Race to the clouds” hors des frontières Américaines. Qu’à cela ne tienne ! Toujours à la conquête des Etats-Unis, la marque d’Ingolstadt fera en sorte de capitaliser les succès engrangés dans le Colorado en engageant trois 200 Quattro dans le championnat Trans-Am, puis en GTO l’année suivante avec succès. Est-ce grâce à ces victoires qu’Audi à scellé son destin aux Etats-Unis ? Probablement…

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