80’s VW Scirocco et Golf Callaway Turbo… C’est quoi c’bordel ?!
par Thierry Houzé | 19 décembre 2020 | Street |
De notre côté de l’Atlantique, quand tu veux confier ton coupé Scirocco ou ta Golf à une pointure de la modif’, tu le mènes chez ABT, Oettinger ou tu te prostitues pour essayer de trouver un kit BBS avec éventuellement le swap qui va aller avec. Aux States, il faut croire qu’ils ont d’autres références… plus originales et surprenantes. Oui, là bas, ils mènent leur coupé teuton chez Callaway, le spécialiste de la Corvette énervée, afin qu’il y greffe un turbo…
Bon, procédons par étapes et commençons par le commencement. Le Scirocco, en 82, c’est l’évolution du best seller. Né en 1974, VW va écouler plus de 500000 coupés jusqu’à son remplacement en 81. Puis en 10 ans de carrière, le Scirocco II va séduire plus de 291000 clients. En 92, il laisse sa place au Corrado avant de revenir en 2008 jusqu’en 2017, histoire de passer la barre du million de voitures vendues en trois générations confondues.
Celui qui se trémousse devant vos yeux est donc un Scirocco II, modèle américain reconnaissable à ses gros pares-chocs. Honnêtement, s’il pose ses roues sur DLEDMV, ce n’est pas pour son look. A part pour les adeptes des ATS en 15″, on ne peut pas dire qu’il risque de vous fracasser la rétine. Non, ce qui m’a surtout interpelé quand je suis tombé sur ce coupé teuton expatrié outre Atlantique, c’est surtout la signature qui est posée sur sa lunette arrière et ses sièges… Callaway.
Même chose pour la Golf. Elle aussi, depuis sa naissance, elle a arpenté les routes américaines sous le patronyme de Rabbit GTi, avec ses phares carrés et ses pares-chocs XXL. Niveau finesse, les normes américaines lui faisaient du mal.
Sous les capots, c’était la même chose… traverser l’Atlantique leur faisait du mal. Le coupé embarquait un 1.7l qui balançait péniblement 74 ch aux roues avant, qui en rigolent encore. Pour la Golf, son 1.8l bridé de partout en développait 90… Pas de quoi s’tapper l’cul par terre ! M’enfin, ça c’était avant…
Avant que nos deux allemandes passent par la case Callaway… Si le préparateur s’est fait connaitre grâce à sa méchante Sledgehammer, une Corvette C4 passée en biturbo pour 898 ch et 1050 Nm de couple. C’était en 1988. Sauf que Reeves Callaway a commencé à piloter en 73. Au fil des saisons, il améliore ses voitures pour finir par développer un kit turbo pour sa BMW 320i. Confiée à Don Sherman, journaliste chez Car and Driver. Impressionné, Sherman va lui offrir un article blindé d’éloges mais surtout, un coup de pub. Callaway est alors contacté par d’autres propriétaires de BMW qui lui demandent s’il peut leur installer un kit identique sur leurs voitures. Poussé par Sherman, Callaway lance en 1977 son propre atelier, Callaway Cars.
Et avant de s’attaquer aux gros V8, il va d’abord se faire un nom avec ses kits car, au delà des BMW, il en développe pour les Porsche, Mercedes, Audi, Alfa Romeo et Volkswagen. Nous y sommes, ceci expliquant cela et la présence d’escargots dans nos allemandes.
Ainsi sous ses airs de sorti de grange, le Scirocco cache sous son capot un Stage II Callaway. Le Turbonetics est accompagné d’un nouveau papillon Neuspeed, d’une wastegate, d’un intercooler, d’un radiateur d’huile avec pompe gros débit et carter cloisonné. Inspiration par une admission libérée et expiration à travers une ligne Techtonics. Les watts partent aux roues avant via une boite 5 manu équipée d’un embrayage renforcé Sachs.
Au final, le gazier passe de 74 à 117 ch. Avec moins de 1000 kg sur la balance, le coupé revendique le 0 à 100 en 7,7… de quoi allez chauffer le voisin et sa 924 turbo.
Histoire de ne pas se vautrer au premier virage, les suspensions sont maintenant signées Koni / Neuspeed. La barre stab’ arrière prend du diamètre pendant que l’avant est renforcé par des barres antirap’ supérieures et inférieures.
Esthétiquement, on retrouve un jeu d’ATS en 15″, un spoiler Zender, des stickers pour annoncer la couleur et dans l’habitacle, on retrouve une sellerie siglée, un volant trois banches, un short shift accompagné d’un nouveau pommeau et une batterie de manos.
Vous vous attendiez à pire ? Ca tombe bien, je vous ai gardé la meilleure pour la fin… Car si le Scirocco devenait excitée une fois passé chez Callaway, sa frangine était littéralement transformée. Le programme était quasiment le même avec l’escargot Turbonetics, le gros circuit d’huile, la ligne, le piping, sauf que Callaway y rajoute un nouvel allumage et une culasse légèrement revisitée. Et là, ça commence à causer avec 200 ch qui déboulent maintenant sur les roues avant. La boite 5 manuelle tire maintenant plus court qu’à l’origine et est accompagné d’une embrayage Street Comp.
Dehors, si tu ne sais pas que la caisse est passée chez Callaway, tu ne le devineras pas. Rien ne laisse présager le cheptel qui se cache sous le capot tant que le gars qui tient le volant n’a pas soudé ! Un bon sleeper des familles. D’autant plus que le châssis renforcé et équipé d’une suspension modifée, n’a pas été shooté au sol. Il conserve même ses jantes Snowflake d’origine en 14″ chaussées en Dean Equus de 185/60. Ah ça doit fumer !
Dedans, c’est pareil… velours rouge, plastiques rigides, pommeau balle de golf… Bienvenue dans les 80’s. Et à part les trois manos au pied de la console centrale, rien ne vous laissera deviner le potentiel de l’engin.
En tout cas, avec moins de 900 kg sur la balance, la Rabbit GTi dopée par Callaway n’avait rien à envier aux muscle cars de l’époque, que ce soit au niveau des perfs, comme à celui du grip… Le plus compliqué restait de gérer l’arrivée des watts puisque ça devait méchamment se bousculer au portillon. Mais niveau sensation, ça laissait autant de traces de pneus sur la route que sur les sièges !
Deux engins assez surprenants quand on connait l’appétence des américaines pour les V8 et les monstres d’acier. Pourtant Callaway a fait de la turbalisation sa spécialité puis sa notoriété. Une fois qu’il se sera fait la main sur les « modestes » sportives européennes, il basculera sur la Corvette, les caisses de chez GM mais aussi le sport auto, puisque c’est à lui qu’on doit la bestiale Aston Martin AMR1.
© racelance & LarsBunkhorst via BaT