Avec quatre anneaux sur la calandre, on fait rarement les choses à moitié… ça en devient même chiant à la longue. Quand la marque débarque en sport auto, elle rafle les victoires et les titres. Et ce sera la même chose avec l’Audi R8, la supersportive qui allait venir mettre le bordel chez Porsche, Lambo et même Ferrari.
Chez Audi, quand on fait quelque chose, c’est pas pour taper une crapette ! En 78, la marque débarque en sport auto avec le rallye. Quatre ans plus tard, elle accroche déjà son 1er titre mondial avec sa Quattro qui va récidiver en 84. Elle va s’essayer à Pikes Peak, elle en reviendra avec 4 victoires de suite. A la fin des années 80, Audi abandonne la terre du rallye et passe à l’asphalte des circuits. TransAm, IMSA, DTM, Supetourisme, BTCC… Les victoires et les titres s’accumulent. En 99, c’est au tour de l’endurance. Une fois encore, elle remporte l’épreuve de 2000 à 2002, de 2004 à 2008 et de 2010 à 2014… 13 victoires ! C’est pas quatre anneaux… c’est quatre rouleaux compresseurs !
‘Pensez bien qu’avec un tel C.V. la marque allait aussi faire briller ses anneaux sur la route. Un putain de réussite pour passer d’une image populaire à premium. Pour cela, Audi va bien entendu utiliser ses victoires en guise de comm’, mais aussi et surtout, utiliser les innovations technologiques sportives pour en équiper ses routières. Ajoutez y une bonne équipe marketing et comm’, et v’là la marque propulsée en un rien de temps au niveau de l’élite allemande avec Mercedes et BMW.
Tout ça, en grosse partie, grâce aux Audi Quattro, Sport Quattro, puis avec la famille des S, RS et TT… La marque n’a pas eu peur d’envoyer du lourd, de coller des watts sous les capots, de rendre ses caisses attirantes, modernes, luxueuses, sportives… Mais paradoxalement Audi a mis du temps pour entrer dans la cour des supersportives. Pour cela, après plusieurs protos et concept car (Avus en 91, Rosemeyer en 2000, Nuvolari et Le Mans en 2003, RSQ en 2004), il aura fallu attendre 2007 et l’arrivée de la R8. En même temps, faut dire qu’ils avaient la pression chez Audi. Surtout que la sportive allait porter le même nom que celle qui enfilait les victoires dans les Hunaudières.
Au final la copie allait être plutôt réussie. V8 4.2 l de 420 ch placé en position centrale arrière. Toutes les différentes technologies de la marque en guise de best of. Et pour ne rien gâcher, une ligne digne d’un film de science fiction… Rien d’étonnant qu’un certain Tony Stark en ait fait son déplaçoir favori.
Rapidement, la R8 va prendre du muscle pour pouvoir tenir le rythme d’une concurrence de plus en plus affutée et énervée… Un V8 c’est bien, mais un V10 c’est mieux, en l’occurence celui de sa cousine Gallardo, un 5.2 l de 525 ch. Pendant c’temps là, le V8 va gagner un peu de watts. 2011 voit arriver la série limitée GT et son V10 shooté à 560 ch puis c’est au tour de la V10 Plus (550 ch) d’entrer en jeu en 2012 jusqu’à l’arrivée de sa remplaçante en 2015, qui se contentera exclusivement en V10… en version « normale » de 540 ch et Plus avec 610 ch. Fin 2018, elle est restylée et devient R8 V10 Quattro de 570 ch et R8 V10 Performance de 620 ch. Enfin en novembre 2019, une version propulsion vient s’ajouter au catalogue. Le V10 est bridé à 540 ch… c’est 30 de moins que la version de base. Mais le passage de 4 à 2 roues motrices a aussi fait économiser 65 kg sur la balance.
Enfin tout ça c’est bien, mais on s’en tamponne un p’tit peu. C’était surtout pour meubler. Car celle qui nous intéresse aujourd’hui, elle n’a plus rien à voir avec toutes les versions citées. Enfin si… c’est un modèle V8 4.2 l de 2008 qui a été livré neuf de l’autre côté de l’Atlantique. Je pense que l’arrivée du V10 a du un peu énerver le gars qui, plutôt que de changer de caisse, a préféré offrir une bon shoot à sa V8. En l’occurrence deux grosses turbines de chez Heffner Performance, une nouvelle ligne, une remap et une injection de méthanol… juste au cas où ! Sont quand même bien fracassés ces ricains !
Avec tout ce beau monde, le gazier s’est retrouvé perché à 700 ch… plutôt soft comparé au pedigree. Pour encaisser, la boite 6 manu reçoit le renfort d’un embrayage de R8 V10. Le châssis est maintenant posé sur des amortos Öhlins accompagnés de ressort PSi Raceline. Derrière les ADV.1 en 19′, le freinage est laissé d’origine. Les quelques modifs s’arrêtent là et le châssis a l’air d’encaisser le souffle des turbines sans broncher.
Esthétiquement, si ce n’est les nouvelles pompes et la garde au sol discrètement plus basse, rien ne laisse imaginer le nouveau cheptel qui sommeille sous la lunette arrière, surtout avec cette sobre robe blanche juste interrompue par le sideblade qui reprend la couleur des jantes… à moins que ce ne soit le contraire ! Et dedans, c’est full d’origine… tout en cuir et alu.
Audi R8, V8 passé en biturbo, p’tite retouches esthétiques… le genre d’engin avec lequel si vous arrivez célibataire à une soirée, vous en repartirez accompagné !
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