Vous savez ce que c’est que la classe ? Non, laissez tomber vos standards alacon. Ici on est sur du grand standing. A côté e celle qui arrive, le premium, c’est du low cost. Rien que le nom il en impose… Rolls Royce Silver Ghost Picadilly Special Roadster… Une caisse 100% américaine !

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Rolls Royce a vu le jour en 1906 de l’association de Charles Rolls et d’Henry Royce. Dès l’année suivante, la marque ne va miser que sur une seule et unique voiture, la 40/50 HP (rapport à sa puissance), avec son 6 en ligne de 7.0 l (7.4 l à partir de 1910). La voiture est rapidement surnommée Silver Ghost. Silver puisque sa caisse est en alu brut et ses accessoires en argent. Ghost, car la qualité de conduite est telle qu’elle semble flotter sur la route. Ce surnom sera officiellement reconnu par Rolls Royce en 1925, qui s’en inspirera même pour baptiser sa remplaçante, la Phantom ! Mais nous n’en sommes pas là…

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Henry Royce est obsédé par la qualité de ses voitures. Il ne veut aucun compromis, si ce n’est les plus belles, les plus luxueuses, les plus prestigieuses, et ce quel qu’en soit le cout. Il pousse son obsession jusqu’à occulter les moindres bruits parasites au stéthoscope. Ainsi un tel level, Rolls Royce va rapidement se faire la réputation qu’on lui connait toujours aujourd’hui. De Léopold II à Lenine, en passant par le tsar Nicolas II, la Silver Ghost devient la voiture des têtes couronnées, des rois, empereurs, diplomates, stars, milliardaires et autres businessmen.

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Pendant 19 ans, elle va être la seule à porter la Spirit of Ecstasy au sommet de son radiateur. Après la 1ère guerre mondial, et face au développement fulgurant du marché américain, Rolls Royce va alors prendre la décision d’ouvrir une usine de l’autre côté de l’Atlantique… Oui, moi qui croyait qu’une Rolls se devait obligatoirement d’être née sur le sol anglais ! Eh bien non. Outre l’envie de développer les ventes sur un marché aussi prometteur, c’était aussi l’occasion d’échapper aux taxes sur les importations et d’économiser sur les couts et le délai imposé par le transport.

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C’est à Springfield (rien à voir avec les Simpson) dans le Massachusetts que Rolls va trouver son usine, et lancer le programme « Rolls Royce Custom Coach Works ». Les ouvriers vont assembler les châssis, y greffer les moteurs et ils seront ensuite habillés par des carrossiers américains scrupuleusement sélectionnés. La première Rolls made in America sort de l’usine de Springfield début 1921, avant qu’un réseau de distribution soit mis en place sur tout le pays. En 1930 la crise économique frappe les USA, alors que Rolls possède maintenant deux usines sur son sol. La marque va essayer de limiter la casse, mais trop impactée, elle préfère jeter l’éponge en 1934.

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1701 voitures auront été assemblés à Springfield dont cette magnifique Silver Ghost assemblée en 1924, l’une des 79 Picadilly Roadster. La voiture a été achetée neuve par un certain Alphonzo E. Bell qui, en 1917, allait découvrir du pétrole dans son ranch de Santa Fe. Un gisement qui allait devenir le 6ème plus grand du pays ! Un véritable fortune qui allait en faire l’un des principaux promoteurs immobiliers de la côte ouest. Il va, entre autre, acquérir des hectares de terrains à l’ouest de Los Angeles pour en faire l’un des plus importants sites immobiliers qu’il va baptiser « Bel Air ».

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Si son style semble élancé, la voiture est énorme, affichant des proportions délirantes pour un roadster deux places. Mais quand tu veux afficher ta réussite au volant de ce que la route pouvait recevoir de mieux, de plus luxueux et prestigieux, il faut ce qu’il faut. Puis comment ne pas succomber aux lignes de l’anglaise ? Attention, nous sommes dans les années 20. Ailes proéminentes, marche-pied XXL, phares et calandres aussi imposants que reluisants, long capot massif tout comme le coffre qui plonge sur la route et qui, une  fois ouvert, offre une banquette d’appoint.

Sous ce long capot, on retrouve le 6 en ligne qui affiche allègement ses 7.4 l de cylindrée pour 80 ch à 2250 tr/min. Avec presque 2 tonnes sur la balance, on comprend vite que l’objectif est ailleurs… flotter sur le bitume en se servant du couple largement suffisant. Sachez aussi que sur les modèles d’après 1923, on pouvait compter sur 4 freins à tambours actionnés par une pédale accompagnée d’une assistance via la boite de vitesses. Un système breveté par Hispano Suiza. Avant, il fallait actionner une poignée qui agissait sur des mâchoires équipant exclusivement les roues arrière.

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Dans l’habitacle, c’est un véritable paradoxe avec ce qu’on peut connaitre aujourd’hui. Oui, 100 ans sont passés depuis… 100 ans de futilité et d’inutilité. Les bases, y’a que ça de vrai. Du cuir pleine fleur Cognac, de l’alu et un troupeau de moutons en guise de moquette ! Les pédales, cinq cadrans, la commande de boite manuelle 4 vitesses et le volant… multifonction. En effet, il reçoit le réglage de la richesse, le rapport de pont et l’avance de l’allumage. Cherchez pas, y’a rien de plus. En 1924, ça suffisait pour faire de vous le maitre de la route. Une époque où on savait profiter de l’essentiel.

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Au fil des années et des différents propriétaire, cette Rolls Royce Silver Ghost Picadilly Special Roadster va disparaitre des écrans radar avant de refaire surface en 2012, en piteux état. Il faudra 2300 heures de taf acharné pour lui redonner vie et en faire le chef d’oeuvre qui défile sous vos yeux, qui a alors changé de main en 2019 pour 350.000 $. Quand tu vois la rareté, la qualité de la restauration et la prestance de l’engin, tu te dis que 350.000 balles, c’est presque donné ! La restauration a du coute plus cher que ça !

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En attendant, une fois encore, on vous montre que chez DLEDMV, on tombe les clichés et les préjugés. Les bagnoles, on les aime toutes… Qu’elles soient modernes, anciennes, d’origine, préparées, modifiées, pompelupisées, customisées, hotrodisées, airridisées, stancisées, voire même sorties d’un circuit ou d’une spéciale, dès que ça sent l’essence et que ça fait dresser les poils, on s’ra là. C’est pas compliqué à comprendre bordel !

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