Nous sommes en 2043 aux Etats Unis… et il faut reconnaitre que la société est devenue un sacré bordel avec d’un côté une population qui est tombée dans l’hyperviolence et de l’autre, l’OCP, qui se prend pour Dieu tout puissant. Entre les deux, un seul point commun, la 6000 SUX, « avec des sièges en cuir inclinables, qui va très vite et qui consomme vraiment du carburant ! ».

OCP 6000 SUX... Welcome en 2043 ! 1

En tout cas, c’est comme cela que la présentait Ron Miller, un politicien véreux qui s’est fait choper par RoboCop alors qu’il tentait une prise d’otage aussi foireuse que sa carrière politique. Ah oui, si les plus vieux d’entre vous ont compris l’délire, pour les plus jeunes, j’ai oublié de préciser que l’OCP, la 6000 SUX, Ron Miller, et tout ce bordel autour de l’ultraviolence, ça sortait tout droit des esprits de Michael Miner et de Edward Neumeier, les scénaristes du film RoboCop, qui débarque sur les grands écrans en 1987 réalisé par Paul Verhoeven. Un film de science fiction qui sera récompensé par le prix d’excellence au Festival du film fantastique d’Avoriaz en 1988. A l’époque, c’n’était pas rien.

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Donc pour les moins de 30 ans qui nous lisent, RoboCop c’est l’histoire d’Alex Murphy, un sympathique officier de police, exemplaire et dévoué à la tâche, mais qui va malheureusement se faire transformer en sauce bolognaise par une bande de criminels autant excités de la gâchette que du cerveau. L’OCP (Omni Cartel des Produits), un conglomérat militaro-industriel et commercial va alors récupérer ce qui est récupérable du pauvre Murphy pour jouer au puzzle pour lui redonner vie sous forme d’un super flic mi homme, mi cyborg, en prenant soin de lui avoir effacé la mémoire pour le programme en un bon toutou d’acier, le meilleur pour « serv and protect ». Sauf que petit à petit, celui qu’on appelle maintenant RoboCop, il va commencer à avoir des flashs et se remémorer son assassinat pour finir par se rappeler de son passé et chercher à se venger en éliminant les chtarbés qui lui ont réglé son compte. Forcément, Murphy, il est pas content… et un gars pas content, transformé en robot quasi indestructible et insensible, ça fait des dégâts. Parce que le RoboCop il est pas du genre à faire dans la dentelle. Faut le voir transformer les voitures en gruyère… j’espère pour eux qu’ils ont pris une assurance auto proposée par lesfurets.com, sinon il ne leur restera plus que les yeux pour pleurer et un bon tas de tôle fumante ! Enfin, au delà du scénar, le film dépeint une société futuriste dystopique binaire, où les élites chient sur une populasse devenue totalement endoctrinée par les médias, la violence, la futilité, la corruption, le corporatisme, l’avidité et l’absurdité de l’argent qui contrôle tout… manque plus qu’un virus et un réseau social mondial et on faisait de RoboCop un récit prémonitoire !

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En tout cas, en 2043, quand tu fais partie de l’élite, qu’elle soit économique ou criminelle (souvent y’a un lien de cause à effet entre les deux !), tu roules en OCP 6000 SUX. Oui, parce qu’au delà de vouloir tout diriger et endoctriner, OCP se charge aussi d’assembler des caisses. Mis à part que le tournage a eu lieu en 86 et que pour l’équipe de la production, il a donc fallu faire preuve de beaucoup d’imagination pour se projeter 60 ans plus tard et imaginer à quoi aurait pu ressembler cette méchante OCP 6000 SUX, la future référence « automobilistique ».

Pour cela la production est partie d’une Oldsmobile Cutlass Supreme de 77, pas le coupé, mais la berline. Un format XXL aux dimensions de paquebot et avec autant de personnalité qu’une boite à chaussure et que son V8 de 7.5 l que les normes antipollution avaient bridé et étouffé de partout pour lui faire péniblement sortir 250 ch (rendement des 70’s oblige !). Apparemment, le profil inspirait l’équipe, notamment celle de Gene Winfield qui allait devoir lui donner une allure tout droit venue du futur. Gene c’était l’un des concepteurs spécialisés dans la création de voitures pour Hollywood. Dans les 60’s, il se fait un nom en signant, entre autres, la « Super Car » dans Ma sorcière bien aimée, la Catmobile dans Batman, le Shuttlecraft de Star Trek ou encore en 82, les voitures du film Blade Runner.

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Quoiqu’il en soit, pour transformer la banale Oldsmobile Cutlass Supreme en futuriste OCP 6000 SUX, la face avant va être refaite en fibre, passée en monobloc afin de recevoir une énorme prise d’air centrale bordée par deux traverses qui vont courir le long du capot jusqu’à l’embase du pare brise. A l’arrière, la lunette voit fleurir deux prises d’air latérales qui se rejoignent sur un hayon qui se termine sur un triple échappement central situé entre des feux asymétriques. Au rayon des détails, on trouve des bas de caisse, des lèvres inférieures avant et arrière, des rétros aéros et le tout est recouvert d’une robe grise satinée. Les jantes pleines finissent le job. C’est kitschissime à souhait… bien à l’image de la vision qu’on pouvait se faire du futur alors qu’on était encore dans les 80’s. Le V8 et l’habitacle n’ont pas été modifiés. Pour la p’tite anecdote, le nom de 6000 SUX – comprenez 6000 Sucks – est une sorte de provoc’ vis à vis de sa soeur presque jumelle de chez GM, la Pontiac 6000.

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Seulement trois OCP 6000 SUX ont été assemblées pour les besoins du tournage. La première a été utilisée pour une scène où on la voit exploser après seulement 10 secondes. Un autre a survécu plus longtemps, même si finalement, il finit par être détruit au cours du tournage. Voyez, quand je vous disais qu’il valait mieux être bien assuré ! Un RoboCop énervé ça mange de l’OCP 6000 SUX au petit déjeuner… Enfin bref ! En ce qui concerne la dernière, c’est la seule qui a survécu au film. Une fois le tournage terminé, elle est restée un long moment entreposée derrière le garage de Gene avant qu’il ne décide de la restaurer en 2009. Une fois remise à neuve, elle a été confiée au célèbre Petersen Automotive Museum de Los Angeles où elle est aujourd’hui exposée au sein de leur section « voitures de cinéma ».

© Jon Deak & signatures éventuelles