Chez Ford, chaque modèle doit avoir sa sportive. Du coup quand la Fiesta débarque en 76, c’est la 1.3 S qui va devoir faire le job et aider les aficionados à patienter en attendant l’arrivée de la XR2 en 81. Mais pour montrer que ce n’était pas une sportive au rabais, Ford va aller jusqu’à l’engager en BSCC… où elle va mettre la fessée à ses concurrentes !
Avec sa Fiesta 1.3 S les ingénieurs de Ford essayaient de maitriser la traction avant pour en faire une sportive. Oui, le sport et l’ovale bleu, c’est une longue histoire d’amour. La marque allait même jusqu’à proposer plusieurs versions sportives dans une seule et même gamme. Et la Fiesta n’allait pas y échapper.
Chez Ford, on maitrisait la propulsion et même plutôt bien. Mais pour la traction, c’était une toute autre histoire, sachant que les clients de la marque avaient du mal à valider cette architecture. Rappelez vous, nous sommes en 1980, sport et traction ça pouvait marcher, on l’avait déjà vu avec la DS, la Mini Cooper S, l’A112 Abarth, la R5 Alpine ou encore la Golf GTi… mais pas encore chez Ford.
Du coup pour donner une légitimité à sa Fiesta 1.3 S, Ford va avoir l’idée de l’engager en BSCC, le British Saloon Car Championship, qui n’est autre que l’ancêtre du BTCC. Forcément, avec son petit 1.3 l elle se retrouve dans la « petite » Classe, la A, aux côtés de la Mini 1275 GT, de l’Alfasud Ti et de la Talbot Avenger 1300 GT.
La frêle Fiesta va être totalement vidée et revue. La caisse est soudée et arceautée, les vitres sont en lexan. Robe blanche avec livrée bleue et orange Datapost, elle ne s’embarrasse d’aucun appendice aéro ou d’une quelconque extension. Le règlement imposait aux « petites catégories » de rester esthétiquement proches de l’origine afin d’éviter d’exploser les budgets.
Pour le reste, c’est open bar ! Châssis aux p’tits oignons, avec notamment un train avant entièrement revu (il en avait besoin !), des combinés Bilstein, un freinage AP Racing et des jantes RS en 6 x 13″ chaussées en Dunlop.
Sous le capot, le Kent Crossflow a lui aussi eu droit à sa cure de testo… et Dieu sait qu’il aime ça ! Forgé, il est gavé par deux Weber double corps 45 DCOE. Culasse Mountune, admission et ligne complète side pipe Maniflow avec revêtement céramique. Au final la bestiole affiche 132 ch pour moins de 700 kg. Ca passe au sol via une boite Quaife avec un différentiel à glissement limité de chez Gripper.
Le pilote, soigneusement harnaché dans son baquet RaceTech et volant Sparco en mains, n’a plus qu’à aller chasser la trajectoire. En tout cas, en 1980, Alan Curnow va le faire à la perfection. Dans la première course de la saison, il casse le moteur de sa Fiesta… sur les neuf courses restantes, il en remportera sept, ajoutera une deuxième place et aura une panne de pompe à essence dans la dernière. Il écrase ainsi la saison et remporte le titre au volant de sa Fiesta qui aura fait fermer la bouche de tous les sceptiques.
L’année suivante, le team Datasport passe sur une Austin Metro 1300 HLS. Alan n’y gagne pas au change, et en dehors d’une victoire à Silverstone, il ne réussira pas à renouveler l’exploit éalisé au volant de la Fiesta. Justement, en parlant de la Ford, sur les cinq voitures engagées par des teams privés, aucune ne réussira à remonter sur la plus haute marche d’un podium. En 82, on retrouve une seule Fiesta 1.3 sur la ligne de départ, celle de Stuart Fowler. Et encore, il ne participera à son volant qu’aux trois premières courses de la saison.
En tout cas, pour Ford, le titre de 1980 a suffit pour faire le taff. D’autant plus que celle qui va reprendre le flambeau va maintenant être la XR2 et son Kent 1.6 l. Elle aussi aura droit à sa tenue de combat pour la saison de BSCC en 83, sauf qu’entre temps, l’Escort RS1600i a fait son apparition et prendra rapidement la suite, aussi bien sur les circuits que dans le coeur des sportifs… mais ceci est une autre histoire !
En attendant, aujourd’hui, cette Ford Fiesta 1.3 S aux couleurs de Datapost (une réplique assemblée au boulon près en 2017) est une légende de l’autre côté de la Manche. Elle a les honneurs d’être invitée à Goodwood et court en Motor Racing Legends HTCC et au Gerry Marshall Trophy.
Belle histoire so british!!!