Lamborghini Murcielago 40th Anniversary – Happy birthday !
par Thierry Houzé | 10 juin 2021 | Street |
Chez Lamborghini, on aime souffler les bougies. En 88, la Countach fête les 25 ans de la marque. Cinq ans plus tard, c’est au tour de la Diablo SE 30 qui, comme son nom l’indique, symbolise les 30 ans du Taureau. En 2003, c’est une Murcielago un peu spéciale qui vient signer l’entrée dans l’âge de la maturité… et poser ses roues sur DLEDMV quelques années plus tard.
Faire des séries limitées, c’est la façon d’écouler les stocks tout en augmentant le prix d’une caisse sous prétexte qu’elle sera numérotée, donc rare. Histoire de, les constructeurs y flanquent un coup une peinture spécifique, un autre des jantes différentes, une sellerie bicolore, des gadgets alacon, une aileron ou pour les plus énervés, une louche de chevaux en plus. Parfois c’est le contraire, ils enlèvent tout pour en faire un modèle radical.
Tout le contraire de cette Lamborghini Murcielago 40th Anniversary Edition. Pour ne rien vous cacher, elle est surtout l’occasion de vous parler de la Murcielago, car si vous croisez régulièrement de la Miura, Countach, Diablo sur DLEDMV, je reconnais que pour la Murcielago, c’est celle qui se fait la plus rare. Pourtant l’engin, qui se retrouve un peu le piston entre deux bielles, n’a rien à envier à ses ainées.
La Murcielago, c’est l’essai transformé après l’arrivée d’un nouvel état major signé Audi. Si elle perd ce côté artisanal italien, elle gagne à la place la rigueur de l’ingénierie allemande, l’occasion de rendre les voitures au taureau enfin mieux finies, et surtout plus fiables et robustes. Elle débarque en 2002 pour venir chasser le cheval cabré en général et la 575 Maranello en particulier.
Comme le veut la coutume, elle doit son nom à un taureau de combat qui, en 1879 dans les arènes de Cordoue, était toujours debout après avoir reçu 24 coups d’épées. Le matador en face de lui a finalement décidé de poser son arme, préférant épargner la bête, qui a pu alors rejoindre l’élevage réputé de Don Antonio Miura.
Le dessin signé Luc Donckerwolke, revendique l’ADN de Sant’Agata. Même si la Murcielago affiche des courbes qui se sont largement adoucies comparées à celles de la Countach ou de la Diablo, elle reste virile, violente, tendue, bestiale… cependant, plus fluide et équilibrée mais surtout toujours aussi basse et large avec ses portes qui se lèvent fièrement vers le haut. Pas de toute, c’est bien une Lamborghini, tout aussi impressionnante que sa descendance.
Pour l’affaire était loin d’être gagnée d’avance. Quand VAG a racheté Lambo en 98, pour en confier la gestion à Audi, le taureau n’avait aucun modèle dans les tuyaux, aucun projet en cours. Les ingénieurs allemands s’affairent de suite pour faire évoluer la Diablo pendant qu’en parallèle, ils lancent le développement d’une nouvelle supercar dont la commercialisation sera planifiée pour 2002… oui, ça leur laisse seulement trois ans.
Le châssis tubulaire est repris de la Diablo. Il est renforcé par des éléments en carbone puis reçoit les double triangulation avant et arrière ont les fixations ont été revues. Les suspensions pilotées et les barres antiroulis sont désormais plus rigides. Les voies sont maintenant plus larges et se terminent sur un freinage avec étriers 4 pistons qui mordent des disques percés. La Murcielago chausse en 18″ montées en Pirelli P Zero Rosso en 245/35 et 335/30. Surtout qu’elle adopte maintenant une transmission intégrale, avec une répartition de 30/70 entre l’avant et l’arrière.
Il lui faut bien ça pour encaisser la charge du V12. Le 6.0 l de la Diablo, passé en 6.2 l pour sortir 580 ch et 650 Nm de couple. Il est toujours lové au milieu du châssis en position centrale arrière, accolé à une boite 6 manuelle. Malgré ses 1650 kg, la Murcielago arrache le bitume. Elle file à 330 maxi après avoir passé la barre des 100 km/h en moins de 4 secondes, les 400 m en 12,2 et le kilomètre en 22. Son comportement est souverain et sécurisant. Si ce n’est que son tain avant est un peu feignant dans les courbes serrées… il a tendance à se faire embarquer par le poids de l’engin et prend la mauvaise habitude à sous virer. C’est signé Audi ! A moins de jouer du transfert de masse… car menée à la baguette, la Murcielago sait se montrer vive et agile, mais vue le gabarit le poids et le couple de l’engin, mieux vaut avoir quelques notions de pilotage.
Quoiqu’il en soit, en 2003 Lamborghini fête son 40ème anniversaire. Les fans auraient pu se contenter de la présentation de la nouvelle Gallardo en guise de cadeau. Mais la marque veut marquer le coup et leur offre une série limitée, la Murcielago 40th Anniversary, 50 exemplaires numérotés. Elles seront habillées d’une robe nacrée Verde Artemis (vert jade) avec quelques éléments désormais en carbone comme les évents latéraux, la jalousie arrière ou la baie moteur. Les jantes sont grises anthracite. Le V12 ne change pas, il est simplement libéré par une ligne spécifique en inox. Dans l’habitacle on retrouve une nouvelle sellerie.
La 40th Anniversary ouvre surtout la voie à l’arrivée de la Murcielago roadster en 2004 avant que le monstre italien évolue en 2006 pour devenir LP640. Mais vous l’avez déjà deviné, ceci est une autre histoire…
© fcort7 & karl22 via BaT
La passerelle entre l’artisanat ancestral (avec ces qualités et défauts) et l’ère actuel plus fade, moins authentique mais presque fiable et utilisable réellement.
Pour l’anecdote, la version de pré-série qui a servi pour établir des records à Nardo se trouve en France