Si vous n’aviez jamais entendu parler de ce séduisant coupé BMW 1600 GT, rassurez vous, rien de bien étonnant vu qu’il n’y en a eu que 1259 produits. Enfin, avec le logo BMW car en fait, il s’agit à l’origine d’un coupé Glas… ouais voilà, je me suis encore tanqué dans une sacrée histoire avec c’te caisse. Alors asseyez vous, père motor va vous raconter…

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Commençons par le commencement, c’est à dire Glas. Une marque familiale qui a vu le jour en 1893 à Freising, une bourgade allemande à quelques kilomètres au nord de Munich. Maurus Glas ouvre un garage spécialisé dans les machines agricoles, ouais, rien de bien passionnant pour le moment. Enfin en attendant, l’entreprise prospère, se développe, déménage dans des bâtiments plus grands situés à Dingolfing, avant qu’en 1937, elle soit rachetée par Hans, l’un des dix huit enfants de Maurus (oui, vous avez bien compris, dix huit…!). Pendant la guerre, la production est mise à l’arrêt, forcément. Mais une fois le conflit terminé, elle a du mal a retrouver sa forme d’antan et ça commence doucement mais surement à sentir le sapin.

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En 51, pour sauver son entreprise, Hans va alors écouter les conseils de son fils Andreas. Lors d’une visite à un salon en Italie, ce dernier est littéralement tombé sous le charme du Vespa de chez Piaggio. De retour en Allemagne il explique à son père le succès du deux roues qu’on croise à tous les coins de rues en Italie. Il le convainc alors de fabriquer la version bavaroise du Vespa, un scooter Glas motorisé par un 125 cm3. Le succès n’est pas au rendez-vous. Les allemands n’ont pas la fougue des italiens… ni leur météo. Il n’empêche que les évolutions vont rapidement se succéder jusqu’à ce que Glas ait enfin l’idée de transformer le scooter en microcar… la Goggomobil voit le jour en 55.

Avec un nom comme ça, difficile d’être pris au sérieux. Pourtant, la petite voiture va trouver sa place et pousser directement le scooter à la retraite pour le remplacer sur les lignes de montage. C’est un véritable succès, à tel point que la Goggomobil va même être proposée en sedan, coupé, van ou pick up et que la marque va en écouler plus de 280.000 exemplaires…

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Il n’empêche que chez Glas, on a rebombé le torse. En 61, la marque sort une vraie voiture, la 1004 qui évoluera vers d’autres modèles. En 63, Borgward, un autre constructeur allemande, tire le rideau. Glas en profite pour récupérer les projets que lui avait proposés le designer italien Pietro Frua avec dans le lot, un coupé au style latin, le 1300 GT. Il embarque un petit 4 cylindres de 1290 cm3 qui est le premier à être équipé d’une distribution par courroie et d’un arbre à cames en tête. Sa production commence en 64. Les voitures sont d’abord assemblées chez Frua à Turin avant de partir pour Dingolfing et y recevoir la partie mécanique… les budgets explosent. Pour ne rien arranger, son réseau de distribution se limite au territoire allemand. Ca n’aide pas Glas dont les ventes de son séduisant coupé 1300 GT peinent à se développer. L’arrivée du 1700 GT et d’un cabriolet n’y changeront rien. En 66, loin d’avoir réussi à amortir les lourds investissements réalisés, Glas sombre dans un gouffre financier. Son salut va venir de Munich. BMW rachète la marque qui a vendu 5013 coupés 1300 GT et 1700 GT.

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La marque à l’hélice explique son rachat par le vif intérêt qu’elle portait sur l’impressionnante équipe d’ingénieurs et de techniciens qui a donné naissance aux moteurs des Glas 1300 et 1700 GT. D’autres langues affirment que victime du succès de sa Neue Klasse, l’usine de Munich frôle la saturation, et que les infrastructures de Glas amèneront surtout de la place supplémentaire. Pour le reste ça va être le grand ménage. BMW va aussitôt arrêter la production des modèles Glas, se contentant de n’écouler plus que les modèles en stock sur lesquels ils vont rajouter leur logo. Concernant le coupé, les 1300 GT et 1700 GT vont être arrêtés et remplacés par l’unique BMW 1600 GT.

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Par rapport au coupé Glas, le dessin ne change pas. Esthétiquement, les seules retouches se trouvent au niveau des feux arrière et de la calandre qui reçoit l’obligatoire double haricot. Mécaniquement, BMW va y greffer le moteur 1.6 l accompagné de l’ensemble boite-pont de sa 1600 ti. Avec 105 ch pour 960 kg le coupé germano italien offre un ramage à la hauteur de son plumage. Vif, élancé, sportif, le coupé 1600 GT a su trouver les arguments… mais pas les clients. Du moins, BMW ne cherchera malheureusement pas à savoir. Après une seule année de production et 1259 voitures produites, elle s’efface en aout 68 avec le reste de la gamme 1600 afin de laisser la place à la 2002.

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Aujourd’hui, le coupé 1600 GT est un modèle à part chez BMW. Un peu comme un gamin adopté qui recherche ses origines. C’est pas la première BMW à laquelle on pense spontanément, et quant à la Glas… 2 boules avec un peu de Chantilly et quelques pépites de chocolat… c’est meilleur comme ça !

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