Quand la Jaguar XJ débarque en 68, la berline met tout le monde d’accord. William Lyons y a mis le budget pour qu’elle devienne le Best Of de Coventry. Cuir pleine fleur, ronce de noyer, ligne aussi séduisante que sportive, châssis sérieux avec l’éternel 6 en ligne, mais aussi l’arrivée du V12 sous le capot de la berline british…

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C’est marrant quand tu roules en Jag’, les gens se mettent subitement à te dire bonjour… surtout ceux qui ne t’ont jamais calculé avant ! L’image… même si une Jag’ des 80’s et 90’s coute moins cher qu’une Dacia d’occase. Mais bon, ça faut pas leur dire !

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Celle qui nous intéresse aujourd’hui est sortie d’usine en 76 avec un châssis long et un V12 pour prendre la direction de Portland de l’autre côté de l’Atlantique. Jusqu’à là, tout va bien, même si le V12 sous le capot de la berline, c’était quand même une nouveauté. En effet, chez Jaguar, on prônait la culture du 6 en ligne même si les premières ébauches d’un 12 cylindres remontaient de 1951. En même temps, deux 6 en ligne accolés, ça fait un V12…

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Utilisé exclusivement en course auto, le premier V12 affichait 8.0 l de cylindrée pour une fiabilité quasi inexistante ! Rapidement retiré en 57, cela ne va pas empêcher les ingénieurs de revoir sa conception et de le fiabiliser en utilisant l’ensemble mobile du bloc XK (le 6 en ligne… faut suivre un peu !). En 62, il est ramené à une cylindrée plus « logique » de 5.0 l dans le but d’être greffé à la sculpturale XJ13… avant que le projet ne soit finalement abandonné, faute de budget et de perfs convaincantes…

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Mais ce n’est pas pour autant que Jaguar va enterrer le V12. En parallèle, une équipe d’ingénieurs va développer le bloc pour le civiliser en l’adaptant à une utilisation routière. En 71, il entre dans le jeu… enfin surtout sous le capot de la Type E pour signer la spécificité mécanique de la série 3 qui, pour l’occasion, gagne aussi deux places à l’arrière et une boitoto… la finesse du félin originel est déjà une vieille histoire. Il n’empêche qu’avec 5.3 l de cylindrée et 278 ch, il fait de la Type E V12 la plus puissante de la famille… même si les aficionados regrettent l’agilité du 6 en ligne (oui, un V12, c’est lourd, surtout sur le train avant d’une ballerine !).

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Il n’empêche que si la Type E inaugure le V12, la XJ va le démocratiser à partir de 72. XJ12 ou Daimler Double Six, la berline affiche une classe qui n’a d’égal que la cathédrale mécanique qui se cache maintenant sous son capot, sans pour autant pousser le 6 cylindres à la retraite. Avec un peu plus de 240 ch, il ne transforme pas la XJ12 en sportive, surtout en étant accompagné d’une boitoto aussi vive et excitée qu’une limace ! Mais niveau classe et charisme, c’était difficile de faire mieux.

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Enfin pour en revenir à notre XJ12, en 76, la v’là qu’elle se retrouve donc sur le sol ricain, en V12, cuir Cinnamon et habillée en British Racing Green… une robe tirée des circuits pour une berline qui se veut aussi sportive qu’un canapé… en cuir bien sûr ! Ca fait désordre… et ça va motiver son proprio de l’époque à l’équiper dès le début des 80’s, d’un kit complet comprenant pare-chocs et bas de caisse. L’histoire aurait pu s’arrêter là…

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En 2018, la berline anglaise se retrouve dans le garage d’un passionné qui décide de lui offrir une bonne remise à neuf, qui ne lui fera pas de mal. 40 ans de vie tumultueuse, ça laisse des traces… et pas qu’un peu. Pour une fois, oubliez le swap en mode V8 LS. Nan, la XJ12 reste XJ12… désormais entièrement rénové et accompagné d’un allumage complet Champion, d’une injection électronique Lucas et d’un ligne libérée et décatalysée. Les watts filent aux roues arrière via la boitoto Borg Warner d’origine (et révisée) accompagnée d’un DGL.

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Le châssis, le freinage et la caisse gardent les specs d’origine… même si tout a été refait à neuf. Enfin en y étant, le nouveau proprio lui a offert des persiennes sur le capot, des feux arrière de XJ série 3 et un jeu de Ronal Penta en 16″ chaussées de gommes Uniroyal Tiger Paw en 225/60. Cette XJ12 sait se montrer méchante, mais surtout, contrairement aux prépas ricaines qu’on a l’habitude de croiser, elle reprend les codes des 80’s… et force est de reconnaitre que ça claque.

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Surtout que dans l’habitacle, c’est la classe à Dallas. Cuir Cinnamon, ronce de noyer vernie, moquette épaisse, quelques touches de chromes avec au milieu, un volant Momo… la p’tite touche racing qui vient juste rappeler que cette XJ12 n’est pas forcément comme toutes les autres.

© cascadia via BaT