Manta Montage, Manta Mirage & Coyote X : Une star au destin tragique !
par Thierry Houzé | 18 octobre 2021 | Racing, Street |
Aux States, il fut un temps où les kit cars en fibre étaient aussi populaires qu’un burger – frites avec du ketchup ! Plusieurs artisans plus ou moins doués allaient tenter leur chance en imaginant et proposant des voitures qu’on pouvait assembler dans son garage… comme la Manta Mirage, qui était en fait une voiture de course, mais homologuée pour la route !
Mais revenons en arrière. En 1966 les frères Brad et Tim LoVette tombent littéralement amoureux d’une voiture qui court en CanAm, la McLaren M6, une barquette compacte motorisée par un V8 Chevrolet. Pour ne rien gâcher, Bruce McLaren ira même jusqu’à en développer un coupé qui aurait dû aboutir à une version routière commercialisée. Trois voitures sont assemblées, dont une spécifique qui va devenir la voiture perso de Bruce. Mais le projet va être stoppé lorsque le pilote néo zélandais va se tuer au volant d’un de ses protos sur le circuit de Goodwood.
En attendant, il n’en faut pas plus pour marquer les deux frangins et leur donner envie de reprendre l’idée en développant leur propre vision de cette McLaren M6 GT. Et ça tombe bien… puisqu’ils savent dessiner, souder et travailler la fibre.
En 1973, les LoVette brothers passent à l’acte et ouvrent à Costa Mesa en Californie, un atelier qui va devenir le quartier général de Manta Cars. Cette petite marque artisanale va se faire rapidement connaitre grâce à deux modèles au dessin quasi similaires, mais à l’architecture différente.
La Manta Montage est un kit car basé sur un ensemble châssis – moteur de Beetle habillé d’une coque en fibre qui reprend les traits de la McLaren M6 GT. Par contre, avec sa soeur presque jumelle, la Mirage, on passe aux choses sérieuses. La voiture reprend les traits de la M6 A, la barquette ouverte qui courrait en TransAm et avait servi de base à la M6 GT. Contrairement à la Montage, elle s’appuie sur un véritable châssis tubulaire assemblé chez Manta et dans lequel on peut greffer en position centrale arrière, quasiment n’importe quel V8 Chevy ou Ford. Une architecture reprise plus tard pour la Montage T.
Pour résumer, la Montage c’est le coupé kit car à la sauce Cox. La Montage T, c’est la même, mais en châssis tubulaire et V8 central arrière. Enfin la Mirage, c’est la barquette ouverte, qui partage ses entrailles avec la Montage T. C’est simple…! Sauf que comme toutes fabrications artisanales, certaines sont réalisées sur mesure en fonction des demandes du client… je ne vais pas dire que chaque Manta est unique, mais presque !
La grosse différence vient du fait que si la Montage avait été imaginée pour la route, la Mirage a elle été développée pour la course. En effet, les frères LaVolette ont réellement voulu reprendre l’intégralité du projet McLaren M6. Ainsi, il ne sera pas rare de croiser des Manta Mirage en CanAm. D’ailleurs à sa sortie, elle ne s’appelait que Manta ou Manta CanAm… les choses étaient claires.
Au niveau mécanique, la Mirage n’était pas difficile… Small block ou Big block, elle les accueillait tous, du Chevy 327 ci au 454 ci. Et ceux qui préféraient Ford pouvaient aussi y coller un 460 ci. Ne restait plus qu’à y greffer l’ensemble boite – pont, souvent celui de la Corvair équipé d’un adaptateur Kelmark. Le châssis tubulaire recevait des suspensions indépendantes maintenues par des combinés amortos – ressorts réglables et un freinage issu de la compet’. L’ensemble était ensuite habillé par la coque en fibre de verre avec portes en élytre, réalisée et adaptée à la main. Avec 860 kg sur la balance, les puissances des différents V8 lui donnaient des ailes même si, il ne faut pas se leurrer, elle était loin d’offrir les perfs et l’efficacité des machines d’usine.
Mais l’esprit de la Manta Mirage, c’était surtout de permettre à certains pilotes amateurs de pouvoir courir à pas cher. La caisse était solide, les blocs fiables, elle encaissait les watts et les faisait passer au sol… elle était rapide, même si ce n’était ni une McLaren ni une Porsche, mais pour le fun et les places d’honneur, elle faisait largement le job. Au pire, une fois la course terminée, le pilote pouvait rentrer chez lui par la route… et ça, ça devait être priceless ! D’ailleurs la plupart des Manta seront assemblées pour un usage routier.
Concernant les frangins LoVette et leur marque Manta, Brad va perdre la vie à la fin des 70’s. Pilote amateur, il avait eu l’idée de greffer un V8 dans une Montage. Mais une sortie de route va lui être fatale. C’est justement ce malheureux accident qui va inspirer son frère pour donner naissance à la Montage T, plus adaptée à la greffe de V8.
Les Manta vont réellement connaitre le succès. Une Montage va même avoir les honneurs d’Hollywood en devenant la célèbre Coyotte dans la série « Hardcastle and McCormick » (Le Juge et le pilote ») qui, pour l’occasion, recevait le Flat 4 d’une Porsche 914 à la place de celui de la Cox. Pour l’anecdote, elle sera remplacée à partir de la 2ème saison pas une réplique assemblée sur un châssis de De Lorean. En effet, Brian Keith, l’acteur qui tenait le rôle du juge Hardcastle, avait le plus grand mal à entrer et sortir de la Manta Montage.
En 1985 Tim se rend compte que son conseiller fiscal prétextait des placements financiers pour en fait détourner l’argent de l’entreprise, plombant ainsi les comptes de Manta Cars. La société ne s’en remettra pas, et en 1986 elle sera mise en faillite après avoir vendu plus de 1000 voitures. Aujourd’hui certains pros et associations se sont spécialisés dans la refabrication de pièces et la restauration des anciennes voitures. Les Manta sont devenues des collector recherchés. Récemment, une Mirage achetée par Borla, célèbre fabricant de lignes d’échappement outre Atlantique, a été confiée à l’équipe de Danny Koker – Count’s Kustoms – pour en faire l’une des stars du SEMA Show.
Grande histoire à l’américaine (on est pas loin de la photocopieuse « à la chinoise » au début), que celle de cette marque que je ne connais pas!!!