La Maserati Ghibli dont je vais vous parler n’a absolument rien à voir avec une berline étudiée pour séduire les chinois… et qui a même fait entrer un moteur diesel sous le capot d’une Maserati ! Nan, celle qui pose ses roues sur DLEDMV, elle a joué dans la cour des grandes aux côtés de la Ferrari Daytona et la Lamborghini Miura… ‘scusez du peu !

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Dans les 60’s, les adeptes de sportives italiennes avaient le choix des armes entre Ferrari, Lamborghini et Maserati. Eh oui, si aujourd’hui on a tendance à oublier la marque au trident, il y a 60 ans, son aura et son palmarès sportif faisait d’elle l’une des marques italiennes les plus prestigieuses. Sauf que la gestion de la famille Orsi, propriétaire de la marque, était tout bonnement désastreuse. A tel point que les difficultés financières vont être telles qu’elles vont obliger Maserati à stopper son activité en compétition à partir de 58, pour le plus grand bonheur des écuries privées qui allaient prendre le relai en achetant leur voitures à Modène.

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Maserati va alors renouveler sa gamme en lançant en 63 la Quattroporte – la berline la plus rapide du monde – mais aussi les coupés Mistral et Sebring… le premier, dessiné par Frua, offre des lignes tendues et sportives, il est censé se positionner en face des Ferrari 250 GT. Le second, habillé par Vignale, propose les courbes plus douces d’une GT avec l’objectif de faire de l’ombre aux Aston Martin.

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Mais en 64, Maranello dégaine avec sa 275… pendant que Lamborghini entre dans le game avec sa superbe 350 GT. La guerre des sportives fait rage de l’autre côté des Alpes. Mais celle qui va calmer tout le monde à Genève en mars 66, elle vient elle aussi de Sant’Agata, c’est la Miura et son V12 transversal en position centrale arrière. Parait que même Enzo en aurait avalé son chapeau !

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Chez Maserati, on joue la survie… alors il faut rapidement riposter pour ne pas de faire bouffer. Et ça tombe bien puisque chez Ghia on possède justement dans les cartons une étude présentée elle aussi en 64 réalisée par Giorgetto Giugiaro. En effet, à l’époque, le designer venait juste de quitter Bertone pour rejoindre l’autre carrossier de Turin. De quoi donner naissance à la Ghibli, une magnifique GT biplace au profil élancé, séduisant, large et surtout très bas. Un coup de crayon magistral… qui sera officiellement dévoilé au salon de Turin en novembre 66 avant d’entrer en production en 67.

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Chez Maserati, l’architecture des châssis et des V8 utilisés, reposait sur celle des anciennes sportives 3500 GT… qui découlait déjà de la A6 du début des 50’s… autant dire qu’on était loin de proposer une technologie avant gardiste ! Mais bon, pourquoi changer une recette qui faisait le job ? Du coup, le châssis tubulaire descend logiquement de celui de la 3500 GT, où juste l’empattement a été raccourci. Si l’avant mise sur des roues indépendantes avec combinés amortos/ressorts, à l’arrière c’est pont rigide maintenu par des ressorts elliptiques. Plus confortable que sportive, la Ghibli se positionne comme une dévoreuse de kilomètres à défaut d’être à l’aise pour aller chasser le chrono ou la trajo… même si ce n’est pas une enclume pour autant. Son moteur est positionné juste derrière les roues avant, en central avant. La Ghibli est équilibrée, même si son gabarit et ses 1600 kg lui font préférer les routes rapides aux départementales sinueuses. D’autant plus que Maserati a sous estimé le freinage… qui sera, heureusement rapidement corrigé en prenant du diamètre et du mordant.

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Sous le long capot, si chez Ferrari ou Lamborghini on misait sur le V12, chez Maserati on préférait la légitimité sportive des moteurs issus de la course. En l’occurence celui de la 450S, un V8 tout alu de 4.7 l, deux culasses double arbres, gavé par quatre carbus Weber 40 DCNF/5. Il envoie 310 ch aux roues arrière via une boite 5 manuelle ZF accompagnée d’un différentiel Salisbury. Mais contrairement à ses rivales, la Ghibli ne demande pas à être cravachée pour donner toute sa saveur… en véritable GT, elle laisse son couple de 390 Nm s’occuper des relances.

En tout cas, dans l’habitacle, elle sait recevoir… oubliez le sport, place au luxe, au cuir, au daim, au bois, au chrome et à l’alu poli. Si ce n’est l’ergonomie d’une autre époque, rien ne manque dans la Ghibli, des vitres électriques à la clim… une pure GT née pour enchainer rapidement et sereinement un Paris – Monaco en charmante compagnie. D’autant plus qu’un an après son lancement, ce sera au tour du Spyder de venir compléter le catalogue, comblant les amateurs du « cheveux au vent »…

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En 69 Maserati, qui appartient à Citroën depuis un an, va lui offrir une évolution… en face, la concurrence est rude, notamment avec la Ferrari Daytona qui est venue remettre les pendules à l’heure. La Ghibli devient SS, en coupé ou en cabriolet. Le V8 prend un peu de volume pour passer à 4.9 l shooté par quatre Weber 42 DCNF/11. Si la puissance ne prend « que » 25 ch, le couple grimpe à 480 Nm. La Vmax passe de 250 à 275 km/h… faisant de la Ghibli SS la Maserati de route la plus rapide jamais produite avant elle.

Finalement, avec 1175 coupés et 125 Spyder produits (4.7 l et 4.9 l confondus), la Maserati Ghibli a été un succès pour le Trident, d’autant plus qu’elle était vendue plus cher que ses concurrentes. Elle reste un des modèles phares de la marque, qui aujourd’hui, n’a rien à envier à l’aura de ses éternelles rivales. En 92 Maserati lui offrira une descendante. Mais ceci est une autre histoire…

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