Carroll Shelby a marqué l’histoire de l’automobile sportive américaine. Au delà d’avoir remporté les 24h du Mans en 59 en tant que pilote puis ensuite avec sa propre écurie en engageant ses Daytona et des Ford GT40, il a aussi vendu ses propres voitures et a même monté son propre championnat au sein de la CanAm…

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Shelby c’est l’AC Cobra, les Mustang GT350 et GT500, la Daytona, les victoires de la GT40 car si la voiture était badgée Ford, c’est bien l’écurie de Carroll Shelby qui s’est chargée de les mener à la victoire à Daytona en 65 et 66 mais aussi au Mans en 66 et 67. Au delà de ça, Shelby a également collaboré (et collabore toujours) avec de nombreux constructeurs afin de leur apporter son savoir faire, ou sa signature pour des versions sportives, comme avec De Tomaso, Dodge ou encore Chrysler et bien sûr Ford. Dans la famille Shelby, on compte également des concept car, comme la GR-1, la Cobra Concept ou même la Série 1 qui aura droit à une petite production de 249 voitures. Et je dois en oublier !

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Mais passons maintenant au CanAM (Canada America), un championnat qui voit s’affronter des protos dans un saison qui compte 6 courses, 4 se déroulant sur des circuits nord-américain et 2 au Canada. Né en 66, le CanAm a vu passer les monstres de la discipline qu’étaient les Lola T70, les McLaren M6 et M8, les Nissan, Chaparral, Ferrari, Lotus, BRM, Merlyn ou encore la bestiale Porsche 917/30KL et ses plus de 1500 ch ! En effet, le règlement n’imposait quasiment aucune limite, que ce soit en puissance, en poids ou en aéro. Imaginez bien que pour les ingénieurs, c’était un peu buffet à volonté… jusqu’à la fin de la saison 74. Entre les couts qui avaient explosé et la crise pétrolière qui allait débarquer, le CanAm est stoppé en 75 et 76 avant de revenir en 77 avec un nouveau règlement monotype basé sur des châssis Lola… en fait, les organisateurs recyclent la Formule 5000, un championnat de monoplaces lui aussi arrêté. Mis à part que les carrosseries des monoplaces seront remplacées par de versions à roues carénées.

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Un fois encore, les années s’enchainent, le règlement s’emballe, on voit débarquer d’autres constructeurs, une catégorie 2.0 l est créée (souvent des F2 ou Formula Atlantic recarrossées) mais le CanAm qui se cherche encore, n’arrive plus à rivaliser avec l’Indycar et l’IMSA. Le SCCA préfère stopper l’hémorragie, arrête le CanAm qui va alors devenir le Thunder Cars, avant de disparaitre à nouveau en 88.

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C’est là que Shelby va entrer en jeu… en 89, Carroll met en place une équipe afin de développer une formule monotype qui démarrera en 91. Un châssis tubulaire dessiné par Alan Burke, et qui embarque des suspensions réglables. Les jantes sont des Duralight en 11,5 et 12,5 x 16″, chaussées en Goodyear Eagle. Le cockpit rehaussé intègre un arceau. Baquet, harnais, compteurs AutoMeter Pro Comp, extincteur automatique, pédalier réglable… bref, c’est la course !

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L’ensemble est habillé d’un coque en fibre de verre dessinée par Peter Brock, le papa de la Shelby Daytona, de la Corvette Stingray ou de la De Tomaso P70. Bon, il n’était pas question bin entendu de chercher le cruising nocturne sur Ocean Drive. Brock s’est focalisé sur la recherche d’une aéro la plus efficace possible pour coller au châssis, qui recevait un V6 3.3 l d’origine Dodge en position centrale arrière. Ainsi, le profil est plutôt original et particulier, taillé en pointe. On retrouve le trait d’une monoplace, mais on dirait que Peter a fait le pari de le dessiner sans devoir lever la pointe de son crayon. Le cul est massif, carré, large, avec les roues carénées. L’avant est… bizarre, en forme de flèche avec les roues apparentes.

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Revu par les sorciers de chez Shelby le V6 envoyait 255 ch aux roues arrières via une boite manuelle Weismann à 4 rapports? Avec 850 kg sur la balance, y’avait probablement de quoi s’amuser, sans chercher à battre des records.

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En tout cas, la Shelby CanAm a fait le job pendant 5 saisons… mais la formule ne va pas pour autant réussir à relancer le CanAm qui disparait encore une fois de plus à la fin de la saison 95… pour revenir en 98 alors que les institutions du sport auto américains sont en pleine révolution, entre l’IMSA, American Le Mans Series, le PSCR, l’USRRC, le SCCA… Le CanAm devient alors une classe de protos… mais qui disparait vite à la fin de la saison 99 pour être remplacé par le Grand American Road Racing Championship. Depuis 2014, les CanAm sont éligibles en Historic Sportscar Racing.

En 97, Shelby présente un nouveau proto, plus violent avec un V8 Aurora de 500 ch… il ne sera pas retenu. Par contre, en 2000, on va retrouver les Shelby CanAm en Afrique du Sud pour animer un championnat qui aligne 28 voitures dont le V6 Dodge a été remplacé par des V6 Nissan VQ35 de 300 ch (ceux de la 350Z). En 2008, elles reçoivent de nouvelles coques… jusqu’en 2014 où elle seront définitivement mises à la retraite…

© Jim Cantrell