En 1985 chez Alfa, pour fêter son 75ème anniversaire, on va lancer l’Alfa 75… mais ça, vous le saviez déjà. Sauf qu’à l’époque, la marque italienne est loin d’afficher une belle santé financière. Alors on va démerder avec c’qu’on a… c’est à dire une plateforme un peu vétuste et des blocs au caractère affirmé. De quoi faire de la 75, la dernière vraie Alfa !
En tout cas, c’est comme ça que les alfistes la considèrent… même si il faut reconnaitre qu’ils sont loin d’être objectifs et que depuis Alfa a quand même sorti d’autres engins bien envoutants ! Il n’empêche qu’en 85, avec l’Alfa 75, les ayatollahs du trèfle à quatre feuilles vont être comblés. Pourtant, au départ, ça sentait vachement le renfermé.
Au début des 80’s, chez Alfa, les caisses sont vides. Les ingénieurs doivent faire preuve de talent et d’imagination pour faire du neuf avec du vieux. Alors ils vont, une fois encore, faire des miracles puisqu’ils doivent composer avec la plateforme de l’Alfetta… qui, à sa sortie au début des 70’s, était déjà dépassée ! Architecture transaxle avec des trains roulants à double triangulation avec barre de torsion à l’avant et essieu rigide de Dion avec parallélogramme de Watt à l’arrière.
Pour l’habiller, là aussi tout a été fait en interne au Centro Stile Alfa Romeo où Ermanno Cressoni et son équipe ont fait finalement sorti un dessin atypique, carré, sportif et finalement envoutant. Certains vont dire baroque… il n’empêche que la 75 est bien une Alfa, et elle ne veut pas le cacher. Dans l’habitacle, c’est un peu plus folklorique ! On voit bien que les gars étaient emmerdés de ne pouvoir faire mieux… alors comme pour se faire pardonner, ils ont misé sur l’originalité stylistique plutôt que sur la qualité. Un peu comme un scénar’ Netflix… C’est taillé à la tronçonneuse, ça couine, ça grince, les voyants jouent les guirlandes… mais à l’arrivée, c’est costaud.
Sous le capot c’est pareil… « faites comme vous pouvez avec c’que vous avez » ! Alors on retrouve les 4 cylindres alu double arbres nés dans les 50’s et maintenus à jour via différentes évolutions avec, en haut de la gamme, le V6 Busso développé lui, au début des 70’s, et rejoint à partir de 87 par le 1.8 l turbo.
A l’arrivée… l’engin est un pur concentré de caractère. Et finalement, c’est ce qu’on attend d’une Alfa, qu’elle vous file le frisson. Une fois en route, elle fait oublier ses défauts pour ne laisser place qu’au frisson pour finir par vous envouter et vous demander de lui mettre des fessées… du moins tant que la route est sèche. Sous la pluie, la motricité disparait au fur et à mesure que la rouille apparait ! Mieux vont donc la garder à l’abri les jours humides.
Le V6 est un maestro… l’équilibre idéal en le punch, la hargne dans les tours et un chant capable de vous rendre accro. Proposé en 2.5 l (156 ch) il va aussi permettre à la 75 de traverser l’Atlantique en 86 pour devenir Alfa Milano. Pour tenter sa chance sur le marché américain, Alfa a revu plusieurs détails sur sa 75… une évolution qui donnera naissance en Europe à la 75 America dès l’année suivante. C’est aussi une façon de signer le rachat d’Alfa par Fiat… un rachat obligé par l’état italien qui ne voulait pas voir la marque au Biscione rejoindre un groupe étranger.
Les finances de Fiat vont permettre à la 75 de trouver un second souffle… En 87, la 75 Evoluzione lui permet de décrocher l’homologation en Gr.A. Puis en 88, elle débarque en IMSA et va rafler un triplé retentissant au Tour d’Italie. Pour la route, les blocs sont revus. Le nouveau 2.0 l Twin Spark apporte un peu de modernité mécanique pendant que le Busso passe de 2.5 l à 3.0 l pour 188 ch (puis 180 une fois catalysée avant de remonter à 192 ch pour sa dernière année de production en 92).
Aux USA, elle devient Milano Verde et va être commercialisée seulement en 88 et 89… autant vous dire qu’on ne doit pas en croiser à tous les coins de rues. Pourtant, c’est l’une d’elles qui défile sous vos yeux qui, en dehors des jantes Zender en 15″ et du volant Momo, est 100% d’origine et affiche plus de 360.000 km… Alors, qui a dit que les italiennes n’étaient pas fiables et robustes ?!
© mprimo66 via BaT
C’est dommage que les modifications « obligatoires » pour être homologuer au US, viennent enlaidir le tableau.
Je me demande bien combien peut valoir un tel exemplaire , collector en l’état à plus d’un titre, mais bornée (quelle santé, d’autant que sur les photos elle parait rutilante, plus que neuve…) et qui ne doit pas intéresser grand monde, car surement inconnu au bataillon chez « presque » tous au pays de l’Oncle Sam!!!
Pour info, elle vient de se vendre pour 8100 $
C’est une grande Alfa Romeo, indéniablement. Un peu fin de race sans doute. Mais écrire que la plateforme de l’Alfetta était dépassée au lancement en 1972 est erroné. C’était une révélation et sans concurrence. La preuve 20 ans après elle était toujours actuelle, quoique chère à produire. Alors certes le projet a manqué d’argent mais la 75 est un produit bien construit et bien fini.
Bien moins chère que les plus bornées de chez nous, mais qui le sont quand même moins que ça…
Les chassis alfetta/75 sont effectivement bien construits, mais d’origine dépassés pour un moteur V6 des qu’on la pousse un peu dans ses retranchements. Pour la promenade ça va bien. Pensez bien qu’on parle d’un chassis sorti en 1972. Les dernieres 75 v6 sont de 1990/1991. le V6 est plutot lourd à l’avant pour un chassis type Alfetta/75. A part cela j’adore ces autos. Leurs défauts font leur charme.