L’Alfa 155, c’est la révolution dans le Cuore Sportivo. Depuis la 75, Fiat a racheté la marque, mais surtout, c’est finito pour la propulsion ! Oui, la 155 signe la fin du transaxle… vécu comme un coup de poignard dans le dos des Alfistes, persuadé que leur marque chérie vient de sacrifier le sport sur l’autel de la traction. Et pourtant…

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Pourtant, quand on dit Alfa 155, on a tous en tête les versions totalement délirantes du DTM et de l’ITC mais aussi celles moins bestiales mais tout aussi impressionnantes du Superturismo. Y’a pas à tortiller, elle a marqué les esprits… en seulement 5 années de carrière. Eh oui, seulement 5 ans pour 195.526 voitures produites. Pas de quoi s’taper l’cul part terre !

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Quand Fiat rachète Alfa en 1986, elle la rattache aussitôt à Lancia. A l’époque, la 75 est encore toute jeune puisqu’elle a débarqué au catalogue que l’année précédente. Pourtant, son architecture, basée sur celle de l’Alfetta, est loin d’être moderne. Elle date de 72. Du coup, on anticipe sur sa remplaçante et, politique de groupe oblige, pour limiter les couts de développement, et à l’image de la 164 qui est déjà dans les starting blocks, on va alors miser sur une plateforme commune dérivée de celle de la Tipo. Voilà, le choix est fait, celle qui viendra remplacer la 75 adoptera la traction avant. Heureusement, le style et les moteurs auront encore la ferveur d’être signés Alfa Romeo… il ne reste qu’eux pour essayer de préserver l’esprit et la philosophie Alfa.

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Attention, la traction avant chez Alfa, ce n’était pas une nouveauté. L’alfasud l’avait inaugurée dès 1971. Mais on avait accepté ce type de transmission en rapport à son gabarit. Puis il restait encore les GTV et autres berlines pour perpétuer la tradition. Non, c’qu’il faut comprendre c’est qu’après l’arrivée de la 164 en 87, la 155 signait définitivement la fin de cette architecture. Elle sonnait le glas des roues arrière motrices chez Alfa Romeo… et ça, ça avait du mal à passer.

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Quoiqu’il en soit, notre Alfa 155 va être présentée à Barcelone en janvier 92 avant d’être officiellement dévoilée deux mois plus tard au salon de Genève. Aux côtés du 2.0 l Twin Spark, Alfa a jugé bon d’y greffer le V6 Busso, le 2.5 l 12 soupapes est repris de la 75. Au passage, il a gagné une nouvelle gestion Bosch Motronic mais surtout 10 ch pour en envoyer 166 sur les roues avant. A ses côtés, et histoire de marquer les esprits, la 155 Q4 joue les véners avec son Lampredi 2.0 16s Turbo (bien connu des amateurs de HF Integrale mais dont le passage aux catalyseurs l’a fait chuter à 192 ch) et sa transmission intégrale. Mais ceci est une autre histoire…

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En tout cas, au niveau du physique, quand on voit ce qu’avaient fait Fiat et Lancia avec la Tempra et la Dedra, on aurait pu s’attendre à pire… on peut même dire que sur ce coup, les designers d’Alfa se sont sortis les doigts, comme pour se faire pardonner du sacrifice de la propu’. L’ADN de la marque n’est pas bafoué et la 155 affiche même des airs de famille avec celle qu’elle vient remplacer et que les Alfistes considèrent encore aujourd’hui comme la dernière vraie Alfa. Niveau châssis, on n’va pas refaire le match… là aussi ça aurait pu être pire. Ca sous-vire, et on peut oublier les épingles en mode drifteurs, le pied droit à la tôle et la trajo négociée par la fenêtre avec un contre braquage en butée. Tout ceci n’enlève en rien les qualités de la 155 qui encaisse les charges du V6 tout en se montrant efficace. Mais bon, c’est devenu une traction… Chrono en main, avec un 0 à 100 en 8.4 secondes, le 400 m en 16.4 et le kilomètre franchi 13 secondes plus tard, la 155 V6 reste dans le milieu du tableau, mais incapable d’aller chercher les références de la catégorie.

Les Alfistes lui feront payer cette trahison… obligeant Alfa à réagir dès 95. Après seulement deux ans 1/2 de carrière, la marque passe déjà sa berline par la case restylage. Les voies sont élargies, obligeant à y greffer des ailes encore plus galbées. La calandre est revue, la peinture s’étend jusqu’aux lèvres inférieures et bas de caisse, de nouvelles jantes entrent au catalogue… bref, la 155 se modernise et devient 155 Super. Sous le capot, l’offre mécanique est revue. Si la Q4 est arrêtée, la V6 2.5 l est conservée, avec à ses côtés trois nouveaux blocs essence 1.6, 1.8 l et 2.0 l, tous à culasse 16 soupapes.

Rien n’y fera, les ventes ne décolleront jamais réellement. Fin 96 Fiat décide d’arrêter la fabrication et il faudra jusqu’à début 98 pour écouler les derniers modèles assemblés qui viendront clôturer une production de seulement 195526 voitures. Chez Alfa, on est déjà occupé à lui préparer une descendance… et quelle descendance ! La 156 fera son entrée en jeu en 97 et bien qu’elle ne repassera pas pour autant à la propulsion, elle misera tout sur un physique sexy et un châssis digne d’une véritable sportive. Mais une fois encore, ceci est une autre histoire…

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