Avec la Ferrari 348 Challenge, Maranello reprenait et modernisait les fondamentaux de la marque, une sorte d’hommage à Enzo qui avait disparu une année avant le lancement officiel de la voiture au salon de Francfort en 89. Pour lui, une « vraie » Ferrari se devait de venir la course auto. Et la Challenge, elle était déjà prête pour aller se défouler sur un circuit…
Pour beaucoup, la sportive idéale, c’est la caisse de course posée sur la route. La Ferrari 348 Challenge en est le parfait exemple. Bien sûr je parle en terme de perfs, d’efficacité et de sensations pures et dures. Oubliez le confort ou le côté pratique parce qu’aller chercher les p’tits à l’école avec un bout de bois posé à 3 centimètre du bitume, tu risques de pleurer au premier dos d’âne venu. Par contre, pour aller se défouler le dimanche matin, j’dis pas non. En tout cas, la Ferrari 348 Challenge, elle a sacrifié toute notion de civilité pour basculer dans le radical.
Pourtant, la légende raconte que l’initiative ne viendra pas totalement de Maranello, mais plutôt d’un avocat gentleman driver qui décida de modifier sa 348 pour l’engager en 1992 dans des courses de GT. La voiture allait rapidement croiser la route du président du Ferrari Club Nederland, et il n’en faudra pas plus pour lui mettre le cheval à l’oreille et lui donner l’idée d’un Challenge monotype.
Maranello allait donc se rapprocher de cet avocat, regarder les modifications apportées à sa voiture et élaborer un kit adaptable aussi bien à une 348 TB qu’à une TS. En 93, le temps d’écrire un règlement, et le Ferrari Challenge voyait le jour.
Pour y participer, il fallait acheter une 348 (ou en posséder déjà une) et commander un kit Challenge que le concessionnaire se chargeait ensuite d’installer sur la voiture pour la coursifier. Un spoiler et une lèvre arrière pour optimiser le refroidissement des freins – d’origine équipés simplement de plaquettes racing – et du V8 3.4 l à qui une nouvelle gestion et une ligne libérée faisaient gagner 20 ch (pour 320 ch et 324 Nm). 4 jantes en 17″ montées de slicks, obligeant celui qui voulait rouler sur la route à acheter un deuxième jeu de jantes. Des baquets avec harnais, un nouveau pédalier, un volant, un arceau, un extincteur, un coupe circuit et basta.
Ainsi armée, la berlinette italienne était capable d’aller frotter du pare-choc avec ses soeurs jumelles sur les circuits européens… mais aussi de mener madame en week-end romantique. Car rien n’enlevait l’homologation route de la 348 TS ou TB qui s’était transformée en 348 Challenge. Même si il faut reconnaitre que partir en Challenge pour un week-end en amoureux, risquait vite de se transformer en divorce ! Sachant que pour reciviliser sa voiture, suffisait simplement de la ramener chez son concessionnaire afin qu’il la débarrasse de son équipement jugé trop radical.
En 95, la Ferrari 348 Challenge vit sa dernière saison. En effet, sa remplaçante F355 est déjà en concession depuis 94 et s’apprête à prendre le relai avec une version Challenge encore plus radicale… mais ceci est une autre histoire.
Pour finir avec notre 348 Challenge, il ne faut pas la confondre avec la 348 GT Competizione. Car si la recette était quasiment identique (même look, même moteur, mais boite avec des rapports raccourcis), elle chaussait en Speedline de 18″, empruntait son freinage à la F40 Evoluzione, recevait une nouvelle suspension, des liaisons réglables, un nouvel échappement, ainsi que des éléments en carbone kevlar, une lunette arrière en polycarbonate et sacrifiait tout son équipement (clim, sono, vitres élec…) pour tomber à 1180 kg.
Celle que je vous ai trouvée pour illustrer cet article est un mélange des deux. Une 348 Challenge de 92 vendue neuve au Japon où elle va passer la majorité de carrière sur les wangan avant d’être accidentée et de revenir en Angleterre pour y être restaurée il y a seulement 3 ans. Elle chausse maintenant en Speedline de 18″ avec des Yokohama Advan Sport en 225/40 et 295/35 et reçoit un duo de baquets OMP en carbone kevlar en plus de tout l’attirail qui la transforme en Challenge. Sauf qu’avec elle, le Challenge, ce sera sur la route !
Génial ces » road racers », mais franchement « dur » ‘dans tous les sens du terme) à rouler!!!