Gudmund, ça n’a rien à voir avec le nom d’un meuble ! C’est le prénom qui correspond au 2 avril dans le calendrier suédois car c’est ce jour là que Saab a lancé le programme qui, presque trois ans plus tard, devait s’achever sur la naissance de la Saab 99, une berline qui allait changer la vie du constructeur et signer l’arrivée du turbo en Suède !
Point de départ
Depuis le milieu des 50’s la gamme Saab repose sur la 93, qui va évoluer au début des 60’s pour devenir la 96 (et sa version estate, la 95). Il s’agit d’un coupé compact motorisé dans un premier temps par un 3 cylindres deux-temps avant qu’il ne soit accompagné du V4 1.5 l d’origine Ford qui développait, dans sa version la plus dévergondée, la bagatelle de 65 ch. Même avec moins d’une tonne sur la balance, la Saab 96 n’avait rien d’un dragster. A la rigueur, t’y colles du pneu hiver feu vert, et tu vas t’amuser sur les routes suédoises enneigées ! Il n’empêche que les clients vont être au rendez vous puisqu’après une Saab 93 qui allait s’écouler à presque 53000 exemplaires, les 96 et 95 allaient séduire plus de 650000 clients. De quoi donner des idées et de vouloir continuer sur la lancée…
Un programme plein d’ambitions
Comprenez donc que le 2 avril 65, l’état major de Saab allait lancer le programme Gudmund qui consistait à développer une voiture plus grande qui sera proposée en coupé et en berline. Pour ce faire, quatre protos vont être réalisés sur la base d’une 96 élargie de 20 cm. Afin de pouvoir réaliser des essais en toute discrétion, les ingénieurs de Saab vont brouiller les pistes en y collant un logo Daihatsu. Rapidement, les journalistes vont se demander quel est cet engin qu’ils vont surnommer Paddan (crapaud en suédois).
Nouveau départ
Le 22 novembre 67, celle qui allait devenir la Saab 99 est présentée à la presse. Son dessin signé Sixten Sason fait mouche. On reconnait la signature Saab (en même temps c’est lui qui a dessiné les 93, 95 et 96), mais le style est bien plus travaillé, comme le capot coquillage (qui retombe sur les ailes) et le montant arrière en forme de crosse de hoquet. Mécaniquement, elle abandonne les 3 cylindres et le V4 Ford pour passer sur le Triumph Slant-4 qui équipait la Dolomite.
V8 ou Turbo ?
Triumph ne va cesser de le faire évoluer. De 1.5 l il passe en 1.7 l et 1,9 l pour la suédoise. Puis du carbu, il adopte l’injection avant que les ingénieurs de Saab ne le fasse passer à 2.0 l. Mais la grosse r-évolution, elle va arriver en 77. Alors que Saab réfléchissait sérieusement à coller le V8 de la Triumph Stag à sa 99, la marque suédoise va vite faire demi-tour devant la fiabilité désastreuse du gazier. C’est une nouvelle stratégie qui va alors être adoptée. Le 4 cylindres voit débarquer un turbo afin d’y souffler dans l’admission. Une première en Suède mais aussi sur une routière… Il faut préciser qu’avant elle, le turbo était destiné à des sportives aux productions limitées comme la BMW 2002 Turbo en 73 ou la Porsche 930 Turbo en 75. Avec la 99 Turbo, Saab lançait la mode du turbo basse pression qui n’était pas là pour souffler comme un forcené mais plus pour apporter du couple à bas régime. En effet le 4 pattes 2.0 l injection affichait 115 ch en atmo. Une fois turbalisé, il gagnait seulement 20 ch pour passer à 135 ch si ce n’est qu’il affichait 235 Nm de couple dispo à 3000 trs et ça, ça changeait pas mal de chose.
Un coup de boost
Le bestiole, bien aidée par ses 1200 kg, et malgré une boite 4 manuelle, la Saab 99 Turbo passait la barre des 100 km/h en moins de 10 secondes, shootait le 400 m en 17 et filait à 190 en vmax. Hop, vu d’aujourd’hui y’a pas de quoi tirer un feu d’artifice. Mais en 77 ça claquait d’la mâchoire. D’autant plus que les ingénieurs de Saab allaient dorénavant s’en servir de labo pour ne cesser de le faire évoluer et grimper en puissance.
Presque d’origine
Celle que je vous ai trouvée trace sa route de l’autre côté de l’Atlantique. Que les puristes se rassurent, elle est presque d’origine. Si on fait abstraction du l’aileron de hayon, de la face avant européenne, de la lèvre inférieure à l’avant, des jantes Saab Inca, des garde-boue, des manos complémentaires, des amortos Bilstein et du volant EMS, elle est comme à sa sortie d’usine.
Et pourtant…
Si la Saab 99 n’a pas révolutionné l’histoire de l’auto, elle y a laissé une trace et a surtout ouvert la route pour la Saab 900 dont la méchante T16 en sera une vraie descendante. Signe d’une époque aujourd’hui révolue car malgré des caisses pleine de caractère, Saab a fini par disparaitre. Comme quoi, la recherche de l’innovation ça n’a pas que du bien…!
© InboundMotorsports via BaT
Très bons souvenirs d’une Saab 900 T16 de 175 ch.
A comparer avec la moins rare Renault 21 Turbo.
Saab nous a quitté, reste des avions (JS39 Gripen) et les camions de Scania