Il fut un temps où pour s’aligner au départ d’une course, il fallait une voiture qui découlait d’un modèle routier. Les constructeurs devaient en passer par la case Stradale pour décrocher le sésame de l’homologation. De quoi donner naissance à des caisses rares comme cette Opel Manta 400 devenue aujourd’hui une véritable licorne !

Opel Ascona 400, la championne du Monde

En septembre 79, Opel dévoile l’Ascona 400. Comme son nom l’indique, les 400 exemplaires vont servir à décrocher le ticket d’entrée pour le Gr.4 dans le championnat du Monde des rallyes. Trois ans plus tard, si Audi rafle le titre constructeur avec sa Quattro, Walter Rôhrl s’empare de celui des pilotes au volant d’une Ascona 400 Gr.4. Et le palmarès de l’Opel ne s’arrête pas là… elle décroche le championnat d’Europe 82 mais aussi une collection de titres nationaux en Italie, en Angleterre, en Belgique, en Suisse et même en France en 83 avec Guy Fréquelin.

Du Gr.4 au Gr.B

Mais voilà, sur la scène internationale, le règlement évolue. Le Gr.4 s’apprête à laisser définitivement sa place au Gr.B. Et si les deux classes vont cohabiter en 82, à partir de 83, ce sera terminé. Du coup, chez Opel on n’est pas resté les bras croisés. Au salon de Genève 81, le blitz a anticipé en présentant la Manta 400… car si l’Ascona 400 était homologuée en Gr.4, la Manta 400 le sera en Gr.B.

Opel Manta 400

Contrairement à sa frangine, pas besoin d’en produire 400 pour décrocher l’homologation. Pour le Gr.B, 200 suffiront mais marketing oblige, elle conserve le nom 400. Opel en assemblera 245 (dont 23 ph1 reconnaissables à leur calandre 2 fentes) et les écoulera jusqu’en 84. Et en gros, tu prends la même et tu changes la carrosserie. Car logiquement, si la recette fonctionne avec la première, elle marchera obligatoirement avec la seconde. Bon, ça c’était la théorie… car en sport auto, ça évolue tellement vite que celle qui gagne peut se faire fumer la saison suivante.

Opel, Irmscher et Cosworth

Donc vous l’avez compris, la recette est quasiment la même. La Manta 400 est le fruit d’une collaboration entre Opel, Irmscher qui se charge du look et du châssis et Cosworth dont les sorciers vont se pencher sur le moteur. Un 4 cylindres 2.0 l stroké à 2.4 l. Culasses double arbre à 16 soupapes, injection Bosch L Jetronic, le gazier est bridé à 144 ch sur la stradale ! Pour la version « client » il perd sa bride et affiche 230 ch. Et en mode racing, Cosworth le fait passer à 340 ch… toujours en atmo. Les train roulants sont revus, virilisés et renforcés. Le freinage fait confiance à 4 disques. Le pont arrière est emprunté à une Commodore A, équipé d’un différentiel autobloqu’. La boite 5 manuelle vient de chez ZF. Enfin aux quatre coins les jantes en 15″ sont fournies par Ronal et elles sont enrobées de gommes en 195/60 à l’avant et 225/60 derrière.

Que de la gueule !

La grosse claque, elle est esthétique. L’équipe d’Irmscher s’est lâchée en l’équipant d’un kit complet comprenant un spoiler avant qui s’étend sur des extensions d’ailes dignes d’un culturiste sous hormones ! On continue avec un jeu de bas de caisse et c’est la même pour l’arrière avec des ailes XXL et un aileron censé apporter 80 kg d’appui à 200 km/h. Les rétros obus font leur effet, tout comme les bandes jaune et noir.

Back to 80’s

Dans l’habitacle, le traitement vient lui aussi tout droit du début des 80’s. Les baquets Recaro sont habillés d’une sellerie marron reprenant le logo du Blitz. C’est kitsch à souhait, mais ça le fait. Pour le reste, on est dans une sportive… compte tour, mano de pression d’huile, voltmètre, volant cuir, mais aussi dans un voiture qui se veut doper l’image de la marque. Alors on y colle un autoradio et le summun du luxe de l’époque, les tiroirs range K7. Un accessoire proposé en option chez Alpina et AMG !

Dépassée…

La base est là… si ce n’est que depuis l’Ascona, la concurrence a montré les crocs. Audi a affuté sa Quattro et Lancia a développé une arme de guerre avec la 037. La première a quatre roues motrices… la seconde un moteur en position centrale arrière. La Manta 400 Gr.B, bien que bardée de fibre et de kevlar pour se contenter de 960 kg, n’est qu’une propulsion à moteur avant. Et malgré tout sa bonne volonté, elle ne brillera que dans certains championnats nationaux, notamment en France, en Grande Bretagne ou en Allemagne. Mais tout ça, on vous l’a déjà raconté.

Le plumage et le ramage…

Alors oui, la Manta 400 peut en a déçu plus d’un, séduits par un plumage pas forcément en lien avec son ramage. Il n’empêche qu’aujourd’hui, elle mérite sa place au sein de toute collection digne de ce nom. D’autant plus que 29 Opel Manta 400 vont être achetées en 85 par Irmscher pour en faire la i300, équipées du 6 cylindres 3,0 l des Monza et Senator. Mais ceci est une autre histoire…

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