C’est l’histoire de trois potes qui décident de participer aux 24h de Spa. « On prend la Porsche ? » « Non on l’a ruinée lors de la dernière course ! ». « Alors on se rabat sur la M3″… « Impossible, on l’a vendue ! ». « Bah il reste quoi alors ? » « Si je fais le tour la Peugeot 806 de ma femme… » « Ah qu’il est con »… si ce n’est qu’en fait, il déconnait pas…!

Coup de pub’ aux 24h de Spa

Bon, j’ai peut être un peu adapté à ma sauce… en tout cas, ça aurait pu commencer comme ça. A moins que ce soit parti d’un pari. Quoiqu’il en soit on ne saura jamais. Enfin si, on le sait. Et c’est bien plus simple que ça. En fait tout est parti de Pascal Witmeur, la personne en charge du budget pub’ chez Peugeot en Belgique. Un jour, il  se retrouve avec un dossier sur lequel il est noté : « Sors nous un coup de génie pour une pub sur la 806″… Ah ouais, le Pascal il devait quand même avoir de l’imagination, et ça tombait plutôt bien puisque ce jour là, il va être touché par la grâce… celle de la course auto, des 24h de Spa et d’une idée complètement barrée qui allait faire parler d’elle. Et ça fait presque 30 ans que ça dure.

Un Peugeot 806 dans la course

L’idée elle était simple. Aligner un monospace Peugeot 806 au départ des 24h de Spa. Rien que ça. Faut dire que Pascal, au delà de son poste chez Peugeot Belgique, il est également pilote, agent mais surtout, promoteur du Procar… le championnat belge de voitures de tourisme.

Gérard Depardieu en Nike !

Enfin fallait quand même avoir l’imagination débordante pour se dire qu’un Peugeot 806 avait de quoi s’aligner dans une course d’endurance, d’autant plus sur l’un des circuits réputés pour être l’un des plus techniques d’Europe. Surtout qu’à la base, le 806 n’a pas vraiment été imaginé pour ça mais plutôt pour les familles nombreuses. L’engin est gros, haut, volumineux, lourd et monté sur des trains roulants plus adaptés au confort qu’à la recherche de l’efficacité. Un tromblon aussi sportif que Gérard Depardieu en Nike !

12ème sur la ligne de départ

En mai 95, un monospace va donc être sorti des lignes de prod’ pour être confié à la toute jeune équipe belge Kronos Racing fondée l’année précédente par Marc Van Dalen et Jean-Pierre Mondron, ce qui ne l’empêche pas d’être la structure officielle de Peugeot Sport pour la Belgique et le Luxembourg. Deux mois plus tard, le Peugeot 806 Procar accroche la 12ème place sur la ligne de départ des 24h de Spa et le 3ème de sa classe !

Peugeot Sport et Kronos aux manettes

Pour en arriver à cet exploit, l’équipe Kronos a foutu le monospace à tôle avant d’aller piocher dans le stocks de pièces perfs de chez Peugeot Sport. La caisse est ressoudée et renforcée par un arceau réalisé sur mesure par AMP. Les trains roulants sont ceux de la 405 Mi16 de Supertourisme. Le 4 cylindres 2.0 l atmo reprend le bloc du XU10J4RS de la 306 Maxi équipé de la culasse de la 405 Mi16. Il développe 280 ch qui filent aux roues avant via une boite séquentielle associée à un DGL.

Course perdue mais pari gagné

Confié au trio belge Philip Verellen, Eric Bachelart et Pascal Witmeur qui en a profité pour reprendre le casque, le monospace sous testo’ va enchainer les tours et enflammer le public. Les pilotes diront qu’ils entendaient les spectateurs applaudir à chacun de leurs passages. Malheureusement, à la 10ème heure, son moteur rend l’âme (l’histoire de la course en cliquant ici)… mais Pascal Witmeur a gagné son pari, il vient d’offrir un détonnant coup de pub au Peugeot 806. Bien sûr, ce ne sera que sa seule participation à une course. L’objectif n’était pas d’aller gagner, mais plus de faire parler et pour ce point, c’est une victoire. Il en aura fait surement la seule voiture avec des portes coulissantes à s’aligner au départ d’une course d’endurance !

© Aguttes – Gipimotor & Dirk Bogaerts