La Porsche 928 ça faisait un p’tit moment que je la traquais. D’autant plus que la belle commence à se faire rare et que, pour ne rien arranger, en trouver une propre devient une véritable épreuve ! Mais une fois de plus, il a fallu que je me pointe chez l’Atelier DP Sport pour tomber sur cette 928 GT de 90. Un shooting plus tard, la v’là donc qui pose ses roues sur DLEDMV.
Voiture de l’année 78
A sa sortie en 77, la Porsche 928 devait secrètement envoyer la 911 à la retraite. Dès le début de sa carrière, elle allait marquer les esprits en devenant aussitôt la référence des GT et en s’octroyant en 78 le titre européen tant convoité de voiture de l’année… faisant d’elle la seule et unique GT sportive à l’obtenir. Chez Porsche, on ne croit plus au concept du tout à l’arrière. En tout cas, on pense qu’on en a fait l’tour et qu’il faut changer les choses. Puis on sait que pour viser le marché américain, il faut un V8 et qu’il soit à l’avant. Tout ça, avec la bénédiction du Dr. Ernst Fuhrmann, président du conseil d’administration de la marque, fervent défenseur de cette nouvelle architecture plus traditionnelle. Dès sa nomination en 71, le projet 928 est lancé, à partir d’une feuille blanche.
Pas une ride…
Les traits de la future GT à 4 places vont naitre sous le crayon d’un Anatole Lapine largement inspiré. Un long capot, des phares pop-up, un museau de requin, une surface vitrée importante, un profil aérodynamique, un cul bombé pour un dessin qui ne prendra pas pas une ride au fil des années. C’est c’qu’on appelle « être en avance sur son temps ». Et c’est la même dans l’habitacle. Malgré son statut social, on est loin du piano que peut être la BMW 850. Ca va à l’essentiel sans tomber dans l’ostentatoire. Et si c’est solide, on peut noter que la finition est quand même loin des standards… même s’il faut le reconnaitre que ça a plutôt bien vieilli.
Weissach
Dessous, les ingénieurs allemands vont y mettre tout leur savoir faire. Allant même jusqu’à imaginer un train multibras… le tout premier de la production auto, baptisé Weissach. Devant, une V8 tout alu a été imaginé et développé pour afficher 5 l de cylindrée alimenté par une injection mécanique K Jetronic. Mais pour faire face à un pétrole qui pointe le bout de sa crise, il sera ramené à 4.5 l pour 240 ch. Afin de peaufiner la répartition des masses, la boite 5 manuelle est positionnée à l’arrière et associée à un différentiel à glissement limité.
De 240 à 330 ch
Après 6 ans de développement, la Porsche 928 est finalement dévoilée et lancée à la fin de l’année 77. Affichant un peu plus de 1500 kg, elle revendique le 0 à 100 en 7,4 secondes, passe la barre des 400 m en 15,4 et celle du kilomètre 13 secondes plus tard. Pas d’quoi se resservir du dessert… si ce n’est que la 928 ne va cesser d’évoluer et de prendre du muscle. Dès 79, la 928 S voit son V8 passer à 4.7 l pour 300 ch. En 84, l’injection mécanique devient électronique sur la 928 S2 qui affiche 310 ch. L’année suivante, il affiche 5.0 l et des culasses doubles arbres à 4 soupapes par cylindre sous le capot de la S3 avant qu’en 86, elle ne devienne Ph2 en étant restylée avec la 928 S4 qui passe à 320 ch avant que de nouveaux arbres à cames plus pointus ne lui fasse gagner 10 ch de plus en 89 sur la 928 GT…
Club Sport
Nous y sommes. Depuis le restylage de 86, la gamme 928 se contente d’un modèle, la S4, capable de s’afficher en boite manu ou boitoto. Mais en 88, Porsche envoie un appas avec la 928 S4 Club Sport. 19 S4 de 320 ch allégées d’une centaine de kilos et équipées exclusivement d’une boite manuelle avec un pont court. L’accueil est plutôt favorable de quoi pousser Porsche à en faire une version à part entière, la GT. C’est une Club Sport, avec 10 ch de plus, des amortisseurs Bilstein B6, un différentiel piloté etchaussée de jantes forgées en magnesium. Elle devient le choix des sportifs… capable d’enchainer un Paris – Monaco en passant par le Castellet ! Si ce n’est que le ticket est à 600000 Frs, soit l’équivalent de 164000 €. Il s’en écoulera seulement 1366 exemplaires.
Finalement…
En 92, la 928 s’apprête à tirer sa révérence. Mais avant d’en finir Porsche offre une ultime version plus musclée et dont le V8 est passé à 5.4 l pour 340 ch. La 928 GTS quittera définitivement le catalogue en 95. Quant à la Porsche 911, malgré leur succès commercial, les PMA (Porsche à moteur avant) ne réussiront pas à avoir raison de leur frangine et de son « tout à l’arrière ». En 80, des problèmes de santé obligent le Dr. Furhmann à abandonner ses fonctions. Remplacé par Peter Schutz, c’est lui aura l’idée d’équiper la 911 du Flat 6 de 3.2 l et de relancer ses ventes. Le choix ne se fera pas et la 911 finira par trouver sa place aux côtés des PMA jusqu’au milieu des 90’s et la disparition de la 968 où finalement, ce sera la 911 qui leur survivra.
J’ai une S4 de 87 qui a été bichonnée par ses précédents propriétaires donc fiable, ce n’est que du bonheur ! Le moteur est plein comme un oeuf et la tenue de route très prévenante. Un rêve d’ado enfin concrétisé…
Sinon, plus près, y’avait la mienne… Allez, sans rancune 😉