Audi Quattro De Paoli – Pour le bac à sable du Paris Dakar !
par Thierry Houzé | 27 janvier 2024 | Racing |
Franco De Paoli c’est le vrai gentleman racer, de ceux qui ont fait la notoriété du Paris Dakar à une époque où un privé avait toutes ses chances d’arriver premier sur les rives du lac rose. Au point de monter son écurie afin d’assembler ses propres voitures comme cette Audi Quattro avec laquelle il a participé aux éditions de 86 et 87…
Il aura fallu une rencontre avec Thierry Sabine pour que Franco De Paoli tombe aussitôt amoureux de son Paris Dakar. C’était en 79 pour la première du nom… et dès l’édition suivante, celui qui avait fait fortune dans l’industrie du textile prenait le départ du rallye raid au volant d’un Range Rover V8 qu’il a fait préparer dans un atelier qu’il a ouvert spécialement cette même année. A partir de là ce serontdes participations au Dakar qui vont s’enchainer, 4 en tant que journaliste et 20 derrière un volant. Et au delà de la célèbre course, il compte aussi à son actif 12 rallyes des Pharaons, 8 rallyes de l’Atlas, 5 rallyes de Tunisie et une ribambelle d’autres épreuves en rallye raid. Autant vous dire que Franco a bouffé d’la dune et de l’oued pendant des années ! Si ce n’est que Franco l’a fait à bord d’engins tout droit sortis de son imagination. M’enfin j ‘vais pas vous la refaire une deuxième fois puisqu’on a déjà croisé Franco De Paoli lorsque je vous ai raconté l’histoire de son Red Typhoon, un Mitsubishi Pajero transformé en réplique de F40 des dunes !
Aujourd’hui, c’est l’Audi Quattro avec laquelle il a participé aux éditions de 86 et 87 du Paris Dakar. Sous ses airs de sportive teutonne rehaussée, on trouve surtout une base de Range Rover. En fait, l’équipe de Franco De Paoli a repris exactement la même recette que pour les éditions précédentes. Un châssis modifié, renforcé et habillé d’une caisse « originale »… de 81 jusqu’à 85, ce sera une Rover 3500. Pour 86 et 87, on passe à l’Audi Ur Quattro.
Le châssis a vu son porte à faux arrière raccourci. Une pratique courante sur le 4×4 anglais passé en mode raid. Les suspensions font confiance à des amortos doublés et renforcés associés à des airbags réglables qui viennent remplacer les ressorts d’origine et permettre d’ajuster la hauteur de caisse sur demande. Oui, ce proto Audi Quattro des sables est un airride ! Le freinage a été revu à la hausse. De son côté, le V8 3.5 l a lui aussi reçu son lot de modifs pour sortir 230 ch à 5400 trs. Son refroidissement a été optimisé avant de voir débarquer un radiateur XXL afin de résister aux chaleurs du désert. La transmission reste la boite 5 manuelle associée à la boite de transfert et un embrayage renforcé.
Dans l’habitacle oubliez le luxe du Range. Ici c’est fait pour la course. Arceau, baquets, manos et tout l’artillerie pour que le navigateur puisse veiller au grain, se charger de régler la suspension et checker la bonne direction dans cet océan de sable.
Si les protos précédents reprenaient les coques en acier des caisse qu’ils clonaient, celui là est habillé d’une coque en fibre de verre renforcée par du Kevlar, moulée sur une véritable Audi Quattro Gr.B et modifiée pour répondre aux contraintes de la discipline. Si certaines éléments (feux, phares, calandre, rétros…) viennent de chez Audi tout le reste a été réalisé par les ingénieurs de Franco De Paoli. L’engin est donc bien un proto qui reprend en fait les codes d’une Silhouette. Capable de filer à 200 sur le sable, celle qu’on va finir par baptiser l’Audi Quattro De Paoli pouvait enchainer ainsi sur 1000 km grâce à son gros réservoir de 400 litres… soit une moyenne de 40 l au 100 (la bise à Greta !).
Franco De Paoli va arpenter différents rallye-raid au volant de son proto Audi Quattro pendant les deux saisons 86 et 87 (elle a été restaurée en 2021). Quatre voitures seront assemblées, dont celle qui défile devant vos yeux et qui est le premier proto de tous. Quoiqu’il en soit, au milieu des 80’s les constructeurs et gros privés allaient commencer à sortir l’artillerie lourde, et malgré ses atouts, les Range Rover, même officiels, se contentaient du milieu de plateau. Du coup, derrière son volant, Franco n’accrochera aucun véritable résultat. Mais son objectif n’était pas là, il avait conservé l’esprit des pionniers du Dakar. Peut importe le résultat, car l’exploit était déjà d’arriver jusqu’au lac Rose à proximité de Dakar. C’est comme cela que Franco va combler cet amour qu’il portait à cette discipline en général et au Paris Dakar en particulier.
