Ford et le rallye, c’est une histoire qui remonte aux années 30. Et ça fait presque 100 ans que ça dure. De la Ford V8 à la dernière Puma WRC, l’ovale bleu n’a presque jamais quitté les spéciales. Même dans les 80’s avec les méchantes Gr.B. Malgré une stratégie totalement foireuse, c’est finalement la Ford RS200 qui va venir chasser le chrono. Et ça tombe bien, j’vous en ai trouvé une… un peu spéciale puisque c’est une Kara !

ADN sportif

En 1936, une Ford V8 vient inaugurer l’étagère aux trophées de l’ovale bleu. Ion Zamfirescu accompagné de Petre G. Cristea s’offrent le Monte Carlo. Deux ans plus tard, c’est au tour de Gerard Baker Schut copiloté par Karel Ton de rééditer l’exploit. Dans les 50’s, c’est la Zephir qui vient prendre le relais. Monte Carlo, Rallye East African Safari, RAC… l’étagère se remplit de plus en plus. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’en 60, la Cortina Lotus, va devenir une machine à victoires. Mais l’arrivée de l’Escort en 68 va définitivement faire entrer Ford dans la cour des grands à tel point que dans les 70’s, elle deviendra l’une des références de la discipline, celle qui offrira à Ford son 1er titre mondial des constructeurs en 79.

Arrivée de l’Escort

Mais voilà, au début des 80’s, la roue va tourner. Si l’Escort permet à Vatanen de rafler son 1er titre pilote en 81, l’arrivée d’une certaine Audi Quattro va redistribuer les cartes à partir de 82. Cette même année, pour ne rien arranger, le Gr.B vient remplacer le Gr.4… et si la Lancia 037 signera le dernier titre mondial d’une propulsion, pour gagner, il faut maintenant une 4 roues motrices.

Passage au Gr.B

Alors chez Ford, on va prendre son temps et développer à partir de 1980 un proto sur base d’Escort, la RS1700T. Censée arriver en Gr.B pour la saison 82, cette propulsion à la fiabilité désastreuse finira par être abandonnée, remplacée par une voiture à transmission intégrale et à moteur central arrière, la RS200. Elle fera son entrée en 86 pour la 2ème épreuve du championnat du Monde, le rallye de Suède, où Källe Gründel l’amènera à une remarquée 3ème place.

Plus de crash que de scratch !

L’histoire aurait pu être belle, mais malheureusement le destin de la Ford RS200 va plus être entaché par ses dramatiques sorties de route que par ses résultats. Au rallye du Portugal (l’épreuve qui suit le rallye de Suède) la RS200 pilotée par Joaquim Santos sort de la route pour finir dans un groupe de spectateur. Trois d’en eux sont tués sur le coup plusieurs dizaines sont blessés. L’accident devient le plus tragique de la discipline. Quelques semaines plus tard, le pilote de F1 Suisse Marc Surer, s’engage en Allemagne au rallye de la Hesse au volant d’une RS200. Malheureusement, il va heurter un arbre et l’arceau n’empêchera pas Michel Wyder, son copilote, d’y laisser la vie. En mai 86, la tragique disparition d’Henri Toivonen et de son colipote Sergio Cresto à bord de leur Lancia Delta S4 au Tour de Corse, va signer l’arrêt du Gr.B au terme de la saison et donc celui de la Ford RS200.

Rallycross et IMSA

Ford travaillait sur une RS200 Evolution. Malgré l’arrêt du Gr.B, quelques RS200 Evo seront produites et vendues à des teams privés pour les engager en rallycorss, mais aussi en IMSA où on retrouvera une RS200 GTO en 89. Mais ceci est une autre histoire…

Replica signée Kara

Avec une histoire aussi controversée, une courte carrière « officielle » et une production qui peinera à se vendre (200 voitures), on aurait pu croire que la Ford RS200 serait condamnée à plonger dans l’oubli. Eh bien ce sera tout le contraire. Quand Ford allait arrêter sa prod’, l’outillage sera racheté par Banham Conversions afin de fabriquer des répliques. Ce sera la même pour Kara Sports Cars une entreprise fondée en 91 par Richard Sellicks et Peter Baisden. Située à Southend-on-Sea, dans l’Essex, ils allaient assembler un châssis tubulaire avec cellule monocoque centrale et l’habiller d’une coque en fibre reprenant les traits de la sportive. Les trains roulants, la direction, le freinage et le tableau de bord étaient empruntés à la Sierra. Pour le bloc, ils laissaient le choix à leurs clients de l’équiper du 4 cylindres ou du V6 Cosworth mais aussi du V6 PRV ou du V8 de la Mustang. Leur petite entreprise allait connaitre la crise dès 93 avant d’être rachetée par d’autres joueurs qui reprirent la suite… après s’être appelée Mercury Motorsport, RS Automotive puis RS Motorsport, 115 répliques RS200 auront été produites. L’une d’elle s’est retrouvée de l’autre côté de l’Atlantique, en Californie. Et elle pose ses roues sur DLEDMV…

430 ch ?

Il s’agit des premières produites, une Kara 430… 430 car il s’agit de la puissance qu’est censé sortir son 4 cylindres 2.0 l Turbo 16 Cosworth. Il est maintenant forgé, doté de nouveaux arbres à cames plus pointus, d’un gros Garrett avec intercooler monté dans la prise d’air sur le toit, d’une injection gros débit, d’une gestion spécifique, d’une ligne inox sur mesure et d’un radiateur à double ventilo sous le capot avant. Si ce n’est qu’elle n’a jamais été passée au banc histoire de vérifier. Contrairement à sa frangine de 83, elle reste une simple propu’ avec ensemble boite / pont arrière associé à un DGL.

Double combinés !

Au rayon des options, on note la rampe de longues portées et d’antibrouillards Cibié, les jantes OZ Racing enrobées de Bridgestone RE 71RS, de double combinés filetés LEDA et de gros étriers 4 pistons à l’avant pour mordre des disques percés et rainurés. Le cockpit est bien celui d’une Ford des 80’s, aussi sexy qu’une pantoufle avec plastiques rigides et baquets Recaro à tissu distendu ! Mais l’esprit est là…

Qui l’eut cru ?!

Ca reste malgré tout une réplique… mais avouez que si on ne le sait pas, tant qu’on ne se rend pas compte qu’il manque des roues avant motrices, on se ferait facilement avoir.

© turbo3.6 via BaT