Moteur avant… chez n’importe quel constructeur ça ne posait pas de problème. Chez Porsche, c’était synonyme de démon ! Porsche 924 ou 944, fallait qu’on y foute le feu. Pourtant, en terme d’efficacité, une 944 Turbo allait se révéler plus efficace qu’une 911. L’affront ultime pour un porschiste radical… et le cadeau divin pour les fans de préparation qui voyaient en elle une base au potentiel plutôt démentiel. Si si, vous allez voir…

'89 Porsche 944 Turbo - Risque de contagion ! 1

 

Concurrence interne !

Si le brevet de la suralimentation date de 1902 au profit d’un certain Louis Renault, dès le milieu des 70, le turbo va commencer doucement mais surement à se démocratiser sous le capot des sportives. Chez Porsche, la 911 le voit shooter son Flat 6 en 75, puis, 3 ans plus tard, c’est la 924 qui va l’accueillir histoire de doper une version atmo jugée un peu trop anémique. En 85, c’est sa grande soeur, la 944, qui adopte un escargot pour passer la barre des 200 ch. 220 exactement… et ainsi armée, la 944 avec ses voies larges, son architecture transaxle (moteur avant, boite arrière), sa répartition 50/50 et un ADN sportif affirmé se permet même d’aller jouer sur le terrain de sa grande soeur, la 911 Carrera 3.2 l. Chrono en main, elle fait jeu égal mais une fois la route devenue tortueuse, elle montre ses fesses à la frangine. Sacrilège ! Surtout qu’à partir de 88, un nouveau turbo transforme la 944 en Turbo S (Turbo Cup en France) avec 250 ch sous l’capot. La 911 se fait manger… et sur un circuit comme Hockeneim, elle se prend même 5 secondes sur un tour…

 

PMA

En même temps, Porsche suivait une politique de renouvellement de gamme. La 911 devait disparaitre au profit de ces Porsche à moteur avant. Proposée à un tarif supérieur à celui de la 3.2 l, la 944 Turbo va finalement lui apporter un regain d’intérêt qui finalement, va sauver la 911. Et plutôt que de choisir, elles vont toutes trouver leur place dans une gamme complémentaire.

 

Immortelle 911

Quoiqu’il en soit, la Porsche 944 Turbo a montré qu’on pouvait la prendre au sérieux. Rapide et efficace, elle a pourtant eu du mal a sortir de l’ombre de sa frangine 911 sur qui tous les projos ont toujours été braqués. A tel point qu’elle aura même raison des PMA… La 924 disparait en 88, la 944 en 91 remplacée par la 968 jusqu’en 95, la même année où la 928 tire elle aussi sa révérence… Elles devaient éliminer la 911. Elle va leur survivre ! En 96, Porsche change de stratégie avec le Boxster. Après le quasi échec de la 914, le moteur repasse derrière le pilote. Si ce n’est que ce coup ci, ça va marcher… mais ceci est une autre histoire.

 

Menu Maxi Best Of

En tout cas, les PMA se sont trainées leur réputation pendant longtemps. Personne n’en voulait… tu te fendais d’une 944 pour à peine plus cher qu’un menu Maxi Best Of et si tu voulais une Turbo, tu rajoutais un supplément frites et mayo ! Du coup, la 944 est devenue une base qui allait quand même séduire les connaisseurs. Faut dire qu’elle nécessite un entretien sérieux et plutôt onéreux. Même pas chère, une Porsche reste une Porsche. Enfin, ça ne va pour autant décourager certains… au pire, en cas de souci mécanique, il y a le swap !

 

Un coup de pshiittttt…

Heureusement, notre 944 quotidienne a conservé son 4 cylindres, si ce n’est qu’il a reçu un vilebrequin de 3.0 l, des pistons et bielles forgés, le KKK a laissé sa place à un Lindsey Racing Super 53 Series posée sur un collecteur sur mesure en inox, tout comme la ligne qui en découle. La gestion et l’injection sont revues pendant que le refroidissement est optimisé. Au final, le gazier déploie 300 ch et 420 Nm sachant qu’un overboost (une bonbonne de NOS dans le coffre) le fait passer pendant quelques secondes, à 355 ch et 546 Nm. La cavalerie file aux roues arrière via une boite 6 empruntée à une 968. Apparemment, elle encaisse !

 

Ca grippe

Pour tenir le pavé et ne pas signer des virgules au premier soudage, le coupé est maintenu par des combinés filetés Ground Control associés à des platines afin de régler le carrossage. Les étriers viennent d’une 993 Turbo, ils mordent des disques percés et, pour remplir les ailes, un jeu de Forgeline en 18″ chaussées de Continental ExtremeContact Sport Plus…

 

Dehors et dedans…

Pourtant dehors, la 944 se la joue plutôt discrète. Lèvre avant carbone, feux arrière teintés, éclairages blancs et robe gris Nardo. Dedans, c’est la même. Les baquets d’origine sont habillés en cuir noir et gris, tapis de sol à damier, extincteur, pédalier Vosstek, mano de pression de turbo sur le montant, sono Alpine et comme la banquette arrière n’est là que pour faire figure, elle a été virée et remplacée par un arceau.

 

L’heure d’en profiter

Le problème de ce genre de caisse c’est qu’elle peut devenir contagieuse… certaines 944 (et même 924) se trouvent encore à un budget correct… avec un peu de travaux. Ah ben tiens, des travaux… ça tombe bien non ? L’occasion de la pompelupiser… sobrement, correctement, à la sauce outlaw, sans forcément en faire autant que sur celle là. Même si elle demande un entretien précis et sérieux, parait qu’on trouve du bon à part trop cher… ce serait presque le moment de craquer, avant que ce ne soit trop tard !

 

 

© roadscholars1 via BaT