À longueur d’année, je vous propose de découvrir des monstres surmotorisés qui pourfendent les trajectoires des Hillclimb européens. Leur secret ? Des atmos qui hurlent à plus de 10000 ou des turbos qui soufflent comme un jour de fin du monde ! Hé bien ce coup-ci, j’ai mis en jeu mes baloches, en répondant présent à l’invit’ d’Arnaud, pour poser mon cul dans le baquet de son Alpine GTA V6 Turbo… Action !

Laissez moi d’abord vous présenter le lieu du crime… sans vous la jouer guide touristique en bois ! Nous sommes à Murs, dans le Vaucluse, pays des cigales, de Pagnol et de la lavande. A quelques kilomètres du Mont Ventoux, le géant de Provence, ex haut lieu de la course de côte. Et justement, la notre de côte s’étend sur 6 km de virages et d’épingles dans tous les sens, au milieu des roches abruptes et des pins. Et pour info, si vous shootez couché au bord de la route, vous vous relèvevez en sentant le thym ! Pas désagréable… mais on est quand même loin du pompelup !

Ha oui, la météo… important la météo ! Le Mistral est aux abonnés absents, on a du cul ! Sauf que la Tramontane l’a remplacé… avec températures hivernales, nuages noirs et de quoi vous manger de la rafale… Donc pour résumer notre bilan météo, ça souffle et on se pèle les miches en ce dimanche 1 mai ! On se croirait en plein hiver… Ou à un dépucelage où on aurait remplacé la vaseline par du baume du tigre… Ouais, ça pique !

La course de côte de Murs est désormais classée en montée historique. Comprenez par là qu’il n’y a aucun enjeu, aucun chrono. On est là pour s’amuser en toute décontraction… Tu parles ! Un pilote reste un pilote ! Surtout sur route fermée, et hormis 2 – 3 « touristes », le reste du plateau soude la pédale de droite quitte à aller cueillir du thym !

Les forces en présence sont diverses et variées. De la old et youngtimer, mais aussi quelques récentes. Les GTI sont omniprésentes, 205 1.6, 1.9 ou rallye, 309, R5 GT Turbo, une 19 16s, un vrai et violent Coupé Megane Cup avec caisse Matter et boite séquentielle, une Clio V6, une AX Sport, une A112 Abarth, une Clio Williams… On monte en gamme, avec une Escort Cosworth, une 996 Carrera S, quelques jap, Impreza, Celica, Civic VTi (EK4) et la méchante GTR R35. De la série 3, E21, E30 et une E36 plutôt énervée ! De la Gord’ et de l’Alpine avec bien sûr, notre carrosse, une GTA V6 Turbo.

Bon, maintenant que le tableau est posé correctement, on reprend son souffle et on passe à l’action. Pour monter en historique, il faut engager soit des sportives immatriculées avant la fin de 1980, soit des caisses de compet’ d’avant 75, soit des sportives récentes prestigieuses ou rares dont l’inscription est laissée au choix de l’organisateur (90% du plateau qui n’a donc d’historique que le nom !), à partir du moment où on ne dépasse pas les 90 engins inscrits. Notre missile, une Alpine GTA V6 Turbo, est sortie d’usine en 1988. D’origine, celle que Renault a codé D510 embarque en porte à faux arrière, le V6 PRV de 2458 cm3. Il se voit soufflé dans les durites à 0,65 bars par un Garrett T3. L’ensemble balance 200 canassons sur les roues arrières qui font ce qu’elles peuvent avec leur 15′ ! 

Bon, tout ça, c’était avant… Avant le gros échangeur, la dump valve, le silencieux qui en fait moins (du silence !) et la pression à 1 bar. Du coup, notre V6 fait un bond en avant pour sortir aux alentours des 230 ch. Les freins sont majorés, les disques percés, des durites avia et des plaquettes carbone. La caisse s’habille de bas de caisse Fleischmann avec, aux 4 coins, des vintage Azev Type A en 16′ devant et 17′ derrière. Enfin Arnaud a équipé l’habitacle de baquet, harnais, de manos pour surveiller la turbine, les fluides et températures, et de l’extincteur obligatoire pour l’histo.

Alors tout ce baratin c’est sympa, mais au final ça donne quoi une fois harnaché et calfeutré dans le baquet…? P’tit détail, mais mon gabarit XXL, dans un baquet de taille M, réglé au plus haut, avec le casque en butée contre le pavillon, me donne un peu l’impression d’une sardine qui chante au fond de sa boite ! Ha ben tiens, le feu passe au vert, on va aller aller taquiner les aromates (Ouais, j’ai fait une fixation sur le thym !) en essayant de ne pas faire trop d’huile (Notez au passage la culture musicale !).

1er constat, la GT 4 places est légère, 1T200. Le V6 est coupleux même si le Garrett souffle à l’ancienne… Passé 3500, il envoie sa déferlante. 2ème constat, ça passe au sol, et on peine à croire qu’on est dans une caisse qui va fêter ses 30 ans ! Pour être honnête avec vous, je m’attendais à une valse de l’arrière train… Cul nerveux et agité, avec des reprises de grip violentes et des transferts de masse sans préavis. Hé bien ce fut le cas ! Mis à part que tout est discipliné, et qu’Arnaud connait sa caisse, dans ses moindres détails, ses réactions, un vieux couple voyez ? Il surfe constamment avec ses limites, celle du freinage en appui, de la remise de gaz, la petite correction anticipée avant que… On sent que le cul aimerait bien passer devant, mais non, Arnaud dose, anticipe, joue du pied droit aussi vivement que du volant et du levier. Le ballet est bien orchestré, rodé et efficace. Et moi à côté, j’ai le visage coupé en 2 par un sourire débile, les yeux qui brillent et une demie molle ! Ca envoie, ça tue, et comparé au circuit, les sensations sont plus intenses. Déjà le bac à sable a laissé sa place au précipice, aux roches abruptes ou aux arbres ! Ensuite, la route est étroite. Enfin, Arnaud la connait aussi bien que sa caisse… Moi non ! 

La 1ère montée se transforme donc en découverte totale. A tous les niveaux… La pression, le stress, le bruit, l’appréhension, la poussée, le grip… ou pas, ça vous dresse chaque cm2 de poil sur votre corps ! Et une fois en haut, on ne demande qu’à redescendre… pour profiter du tour gratuit ! Alors je repasse en mode sardine au fond de mon baquet et on remet ça… Avec un peu plus d’anticipation, mais surtout, un Arnaud déchainé ! L’Alpine prend sa race, le cul en devient vif, mais jamais piégeux, ou du moins, Arnaud maitrise les dérives de la bête. Aux freinages, on sent le cul qui se décharge en voulant passer un coup à gauche, un coup à droite. Mais non, le pied relâche la pression accompagné de corrections précises et rapides. Même chose à la remise des gaz, le grip est là, mais le moteur aussi et l’arrivée du Garrett envoie le cul se déhancher gentiment. A ce moment là, faut corriger et garder la pression… Si tu coupes, le transfert de masse prend le relai, le grip repart sur l’avant et l’arrière train vous honore d’une dérive digne d’un gymkhana à la Ken Block ! Arnaud m’en a justement fait la démonstration dans une épingle… malheureusement, le budget de De l’essence dans mes veines étant encore à des années lumières de celui de Sieur Block et des ses sponsors… Nous n’avons pas pu immortaliser la scène sur 50 Go-Pro et 12 drones ! Seulement dans ma boite crânienne… et dans mon slip !

Bref, une journée mythique, qui change des King des parking ! Ha c’est sur que ça brille moins, ça se la joue pas killer des ronds points, ou nerveux des lignes droites ! D’ailleurs, la plupart ne sort leurs engins que pour ce genre de spot, et pas pour se la jouer. On en revient à un ancien article, les petrolheads, les vrais, ils vivent encore leur passion dans leur coin et c’est sur ce genre d’évènement que vous aurez plus de chance d’en croiser ! En tout cas, un grand merci à Arnaud, et un pompelup 1ère classe à son coup de volant…! On remet ça quand tu veux…

© De l’essence dans mes veines