La Viper GTS, c’est l’genre d’engin où, avant de souder, tu te signes, tu bois un verre d’eau bénite et tu prends bien garde d’avoir rempli ton testament. Même après avoir lu la fiche technique t’es obligé d’aller te confesser ! Finalement, la Viper, elle porte bien son nom. Et on peut s’dire que ça doit être compliqué de faire pire… à moins d’y greffer un compresseur.

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Les caisses avec des noms de serpent, faut toujours s’en méfier. Bon en même temps c’est pas compliqué, jusqu’à maintenant, elles n’ont été que deux. La Cobra et la Viper. Sur les deux, la recette reste la même. Un énorme bloc sur le train avant, avec de la puissance à revendre et un couple à tordre les bielles, le tout dans un roadster où le pilote pose son cul au niveau des roues arrière. Et malgré les 30 années qui séparent nos deux bestioles, l’électronique n’est pas venu gâcher la plus récente. Au final, on obtient un missile aussi docile qu’un pit enragé, que seul un pilote serait capable de dompter. En tout cas, en 62, la Cobra allait mettre tout le monde d’accord et effrayer tous ceux qui allaient en prendre le volant.

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A la fin des 80’s, Chrysler est en manque d’image. La marque a besoin d’un bon p’tit coup de jeune et c’est Bob Lutz, responsable du développement produits, qui va lui apporter. En gros, il va avoir l’idée de dépoussiérer le concept de la Cobra allant même jusqu’à reprendre l’adage de Carroll Shelby : « le maximum pour le moteur, le minimum pour le reste ». La Viper débarque en 91 en tant que pacecar de l’Indianapolis 500 avec, derrière son volant, un certain Carroll Shelby. L’année suivante, elle rejoint le catalogue Dodge et Chrysler.

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Le châssis est un treillis tubulaire, les trains roulants sont maintenus par une suspension trop souple, le freinage ne freine pas et les 1600 kg de l’engin lui font rapidement baisser les pistons ! Pour ne rien arranger, la Viper affiche un gabarit de chalutier. C’est du pur et dur… pas d’ABS ni d’aides électroniques. Dans la Viper, tu meurs comme un homme !

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Pourtant, la Viper porte bien son nom, sa gueule est dantesque, méchante, musclée… et sous le long capot, l’énorme V10 de 8.0 l emprunté au roturier Dodge Ram a fait un stage chez Lamborghini pour sortir 364 ch et 60 Mkg de couple que les Michelin Pilot Sport 335/35 ZR 17 ont du mal à encaisser. Pourtant, malgré les apparences, elle encaisse 1G en latéral… mais attention, ses réactions sont viriles et ne prennent pas la peine de vous envoyer un texto ! Notions de pilotage et big balls sont obligatoires…!

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On s’dit qu’avec un tel pedigree, la Viper risquait surtout de devenir un naufrage commercial. Tu parles ! Les amoureux des muscle cars allaient être rapidement séduits par son caractère sans filtre. En 96, face à ce succès, Chrysler allait lui offrir un toit mais aussi une succession d’évolutions pour la peaufiner et finir par en faire une véritable sportive avec un vrai châssis, sans pour autant calmer ses ardeurs. Efficace, oui. Mais civilisée, non ! Et c’est ça qui allait faire toute la saveur de la Viper, un look démoniaque, des perfs bestiales, mais surtout un sale caractère. La Viper a toujours eu ce côté féroce, limite effrayant même si au fil des générations, elle n’essayait plus de tuer celui qui en prenait le volant.

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Pourtant en 2017, la concurrence s’est étoffée, la technologie et l’électronique embarquées vont transformer les supercars et les hypercars en véritables ventouses à bitume. Les perfs et l’efficacité ont fait un bond considérable… la Viper aussi. Mais ça ne suffit plus puisque dorénavant, les supercars affichent des fiches techniques toujours plus impressionnantes. La Viper a préféré conserver son ADN, son côté brut de décoffrage. Bien que la cinquième génération n’a rien à envier aux références, elle est jugée trop rustique… Et dans un marché où on a transformé des SUV et des breaks aussi performants qu’une supercar, ses ventes vont finir par s’essouffler et la Viper va doucement s’effacer pour disparaitre définitivement du catalogue.

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Il n’empêche qu’en 25 ans de carrière, la Viper va s’écouler à un peu plus de 30000 exemplaires. Et qu’aujourd’hui, ses aficionados lui vouent un culte. Faut dire que niveau V10, la bestiole a du coffre et… un rendement limite agricole. Imaginez le bazar shooté au turbo ou au compresseur. Déjà que le couple est brutal en respiration naturelle, on ose imaginer la colère du monstre une fois sous respirateur artificiel. En tout cas, ça n’effraie pas certains chirurgiens kamikazes qui n’hésitent pas procéder à la greffe.

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C’est le cas de cette Viper GTS de 99 habillée en Viper Black et qui voit débarquer sous son capot un compresseur Kenne Bell associé à collecteur d’admission Roe Racing Gen 2. L’allumage a été revu, les pistons Roe Racing sont forgés, le radiateur Ron Davis full alu passe en gros volume et les 10 cylindres sont gavés par deux pompes à essence au débit revu à la hausse. Il expire désormais via un collecteur Edelbrock et un ligne inox Borla. Ce sont maintenant 780 ch qui filent aux roues arrières via une boite 6 manu avec embrayage renforcé et différentiel à glissement limité.

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Histoire de faire passer les watts au sol, on retrouve des gommes Firestone Deluxe Champion devant et Hoosier Quick Time Pro de 28×11,5 qui enrobent des jantes CCW en 16″. Des coilovers sur mesure se chargent de l’amortissement et le freinage a été upgradé avec de gros étriers de Viper 4ème gen (ZB II) pour mordre des disques percés et rainurés.

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Dans l’habitacle, c’est full black, du cuir au carbone, avec short shifter et sono Alpine. Enfin dehors, le look de la Viper GTS a de quoi effrayer les p’tits enfants… soit sage, sinon la voiture elle va te manger ! L’avantage de la Viper, c’est qu’il n’y a pas besoin de faire grand chose. Ici, le capot a gagné de la prise d’air, mais vu le gazier qui y sommeille, les modifs sont plus utiles qu’esthétiques. Au rayon des détails, on notera le bouchon de réservoir de type racing et le logo Viper arrière qui fait office de 3ème feu stop.

En gros, piloter cette Viper, ça doit être comme aimer passer ses soirées attaché au radiateur, avec des tessons de verre et des lames de rasoir dans le calbut’ pendant qu’un cowboy texan habillé en latex vous fouette à coups de batte de baseball ! Comme ça tout le monde a compris…

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