Bon le but du swap c’est de mettre des watts en changent le moteur de sa caisse. Généralement, t’y colles un gazier plus copieux, plus puissant et surtout, qui n’était pas proposé d’origine. Sinon c’est pas drôle, ou alors autant acheter la bagnole direct ! Eh bien là, ils ont collé le 3.3 Turbo d’une 930 sur une 911 Carrera 2.7 de 75…

Swapper sa caisse ça va un peu plus loin que de jouer aux Lego avec un moteur et sa caisse à out’. Souvent tu colles un bloc plus gros et plus puissant qui nécessite de renforcer les trains roulants et la boite…. ou pas. D’ailleurs les plus kamikazes s’amusent même parfois à y greffer un turbo en plus. Certains aiment vivre dangereusement ! Quoiqu’il en soit, le swap, sur DLEDMV, on en a un peu fait notre fond de commerce. Sauf que celui qui arrive, j’m’y suis pris à deux fois pour réussir à comprendre le délire.

A la base, le gars il a une Porsche 911 Carrera de 75 dans son garage, une Type G, celle qui a été dévoilée l’année précédente. La sportive allemande vient juste de s’payer une p’tite chirurgie esthétique dans le but de se vendre sur le marché américain. Elle embarque de nouveaux pare-chocs qui accueillent les clignos et équipés de soufflets de type accordéon afin de répondre aux dures normes ricaines.

Au catalogue la gamme de la 911 est simple. Elles sont trois et embarquent le même moteur, le Flat 6 2.7 l. Si ce n’est qu’il développe 150 ch dans la 911 2.7 d’entrée de gamme. Grimpe à 175 ch dans la 911 S avant d’en afficher 210 dans la 911 Carrera. Ca vous dit quelque chose ? C’est normal. En fait, pour cette dernière version, Porsche a repris le bloc de la 2.7 Carrera RS produite en 72 et 73. Avec 1075 kg sur la balance, elle affiche le même poids que son ainée (en version touring).

A l’époque, elle passe quasiment inaperçue. D’autant plus face à une 930 Turbo qui pointe le bout de son capot en 75 et se permet de remettre les pendules à l’heure. La sportive de la famille c’est elle… Pourtant son Flat 6 n’a rien perdu de sa hargne, et si le châssis est un chouill’ moins affuté que son ainée, elle reste une des pépites de sportivité réservée aux connaisseurs. D’ailleurs, seulement 1633 coupés seront produits (et 630 Targa).

40 ans plus tard, la spéculation est passée par là. Et quand une 911 Carrera RS 2.7 flirte avec le million, pensez bien qu’il y en a qui ont flairé le bon coup en misant sur sa petite soeur. Forcément, la 911 Carrera 2.7 est devenue financièrement intéressante… sa rareté et son authenticité ont fait le reste. Certains sont même allés chercher les versions coursifiées pour les civiliser et les restaurer dans le seul but de réaliser une belle culbute financière… si ce n’est celle que je vous ai trouvée.

Ah celle là c’est du pur outlaw… de quoi donner des envies de meurtre à tous les membres d’un club officiel Porsche ! En même temps, elle a été modifiée il plus de 20 ans… à une époque où les 911 Carrera 2.7 avait autant d’intérêt qu’une Fiat Uno !

Du coup, le proprio de la 911 a jugé bon d’y coller une peu plus de watts. Alors plutôt que de la jouer prépa, il a préféré partir sur un swap, en l’occurence une Flat 6 3.3 l turbo emprunté à une 930 Turbo de 89. C’est quand même paradoxal de partir d’un Carrera pour en faire une Turbo de la même génération. Si ce n’est que pour l’occasion, il n’y a pas que le moteur qui a emménagé dans la grenouille.

La voiture a été mise à tôle afin de recevoir de nouvelles ailes larges en acier. La fibre a été laissée aux pare-chocs et aux jupes latérales de type 964 ainsi qu’à l’aileron GT2. Une robe Laser Red métal se charge des rétines. Les ailes sont remplies par des jantes Fiske en 18″ chaussées de Toyo Proxes R888. En y étant les trains roulants sont maintenus par des combinés filetés et réglables alors que les étrierss ont été rénovés et mordent maintenant des disques percés.

Au niveau du Flat 6, il a été rénové et se fait maintenant souffler dans l’admission par un turbo K27. Un gros intercooler alu vient récupérer l’air frais à l’embase de l’aileron. Les arbres à cames et les soupapes viennent d’une 964. Enfin il expire à travers des collecteurs Rarlyl8 Motorsports qui débouchent sur une ligne Hooligan. Plus de 350 ch déboulent sur les gommards arrière via une boite 5 G50 accouplée à un différentiel à glissement limité.

Dans le cockpit, c’est ambiance racing. Oubliez la moquette, à la place, c’est demi arceau boulonné, baquets Recaro Pole Position avec harnais, short shifter, volant tulipé Momo, pédalier et repose pied alu, panneaux de portes en carbone et basta ! Le son, il vient de derrière.

Alors oui, vu d’aujourd’hui, on peut se dire qu’une 911 Carrera 2.7 voilà toussa toussa. Sauf que l’histoire elle s’est passée à une époque où quasiment personne n’en voulait… le contexte, c’est toujours important, même si au delà de tout ça, l’gars il fait bien c’qu’il veut sur sa caisse. En tout cas le rendu final il envoie du bois… à partir du moment où vous aimez le outlaw !

© PCarmarket