A la base, les TVR étaient des voitures frêles, légères, motorisées par des 4 cylindres Ford, BMC ou Coventry Climax. Puis en 62 il y a eu Jack Griffith qui, lors d’une soirée avec Carroll Shelby allait avoir l’idée de greffer un V8 aux sportives anglaises. Deux ans plus tard, la Griffith 400 et son V8 Ford Windsor de 275 ch allait effrayer les p’tits enfants… alors imaginez avec 600 ch sous l’capot !

Griffith 400... 600 ch pour une TVR de kamikazes ! 1

Carroll et sa Cobra

Bien qu’ayant remporté les 24h du Mans en 59 – avec Roy Salvadori sur une Aston Martin DBR1 – Carroll Shelby avait raccroché le casque l’année suivante pour se lancer dans son plus grand projet, imaginer et développer une sportive américaine accessible et capable d’aller mettre la fessée à Ferrari. Il allait ainsi donner naissance à la Cobra en 62.

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Griffith vs Shelby

Peu de temps après, lors d’un diner chez un ami pilote, il va croiser la route d’un certain Jack Griffith. Propriétaire d’un garage sur Long Island, son talent a su séduire et rassurer de nombreux pilotes qui lui faisaient suffisamment confiance pour lui confier leurs voitures. L’histoire ne raconte pas si la soirée fut arrosée… il n’empêche qu’elle allait se clore sur un pari. Jack Griffith déclara à Carroll Shelby qu’il allait assembler une voiture qui pourrait faire mieux que la Cobra du Texan

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Made in Blackpool

Pour ce faire, Jack Griffith usa de la même recette que celle de Shelby. Trouver une base et y greffer un bon gros V8 de Detroit. Si Carroll avait jeté son dévolu sur le roadster AC Ace, Griffith se tourna vers la marque de Trevor Wilkinson située à Blackpool, TVR.

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TVR Grantura

Le constructeur anglais s’était fait une solide réputation aux USA en assemblant depuis 58 la Grantura, une sportive développée sur un châssis tubulaire à suspensions indépendantes à double triangulation aux 4 roues, équipé d’un freinage Austin healey, de suspensions VW, d’un pont BMC et habillée d’une coque en fibre de verre. Légère et efficace, elle était motorisée par des 4 cylindres Ford, Kent, BMC ou Coventry Climax.

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Griffith 200

La base était toute trouvée. Jack Griffith récupère une TVR Grantura et d’y greffer le V8 Ford de 289 ci, celui l à même qui équipe la Cobra. Mais voilà, l’équipe de Jack a beau faire tous les efforts possible, le small block ne rentre pas. Griffith va alors demander à Trevor Wilkinson de lui fournir une TVR Grantura Mk3 avec un châssis modifié et débarrassé de son moteur et de sa transmission. Une fois livrée à Long Island, le châssis a besoin de quelques adaptations pour que le 289 ci et sa boite réussissent à y trouver leur place. Il le fera en deux versions, une première en 195 ch et une seconde en « HiPo » de 275 ch. La Griffith 200 venait de voir le jour.

Effrayante !

Sur le papier, la Griffith 200 tenait toutes ses promesses en terme de perfs avec un 0 à 100 en 5,5 secondes et le 400 m shooté en 13,8 si ce n’est que John Bolster, un ancien pilote anglais devenu journaliste, s’était offert une belle frayeur à son volant… même en ligne droite. Puissante, plus légère qu’une Cobra et posée sur un empattement court, la Griffith offrait un caractère violent et très difficile à maitriser. Bien plus que la Cobra qui était pourtant réputée pour sa sauvagerie.

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Mais moins que la Griffith 400 !

Il s’en écoulera quand même 192 avant que Jack Griffith décida en 65 de revoir la copie et faire évoluer sa Griffith 200 en Griffith 400. La recette restait la même, si ce n’est qu’elle abandonnait le V8 de 195 ch pour ne garder que le HiPo et adoptait une suspension revue ainsi qu’un nouveau différentiel Salisbury… qui n’allaient finalement pas changer grand chose. Toujours aussi dangereuse, la Griffith 400 réussira pourtant à séduire 50 clients avant que Jack ne lance la Griffith 600… qui n’avait absolument plus rien à voir avec les 200 et 400. Mais ceci est une autre histoire…

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Pour kamikaze

Vous avez retenu que la Griffith 400 était un engin de kamikaze… eh bien aux States, il y en a qui n’ont pas peur de mourrir comme le proprio de celle que je vous ai trouvée qui a eu la bonne idée de remplacer le 289 ci par un autre V8 Ford, un 364 ci à carter sec assemblé chez Elan Power avec vilebrequin, pistons et bielles forgés, culasses Yates, arbres à cames COMP Cams, collecteurs et lignes inox sur mesure, calculateur MoTeC, radia alu, injection gros débit et boitoto renforcée associée à un DGL Torsen. Au niveau du châssis, les combinés viennent de chez Öhlins et le freinage affiche les couleurs de Wilwood. Les jantes Minilite en 17″ sont maintenant chaussées en Kumho Ecsta. Il faut bien ça pour essayer de contenir les 600 bourrins qui déboulent du V8.

Du cuir partout

L’habitacle est tendu de cuir des baquets au tableau de bord en passant par les contre portes, la console centrale et l’arceau. En plus de l’instru AutoMeter, de la radio et des commandes de clim et vitres élec, un dashboard MoTeC CDL3 et un contrôleur programmable Quick 1 sont montés devant le passager. Ajoutez y un volant Momo, un pommeau vert et des harnais et vous obtiendrez un engin de mort !

100% chtarbé !

Je vous laisse imaginer la fin de l’histoire… sachant que les Griffith 400 originelles de moins de 300 ch étaient considérées comme des machines indomptables, je n’ose imaginer avec 600 ch sous le pied droit ! Même les ricains, pourtant habitués aux muscle cars et aux engins bien chtarbés le disent, avec cette Griffith 400 c’est big balls only !

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