Depuis le début des 80’s, l’Audi Quattro est venue remettre les pendules à l’heure en rallye. La nouvelle référence, c’est elle. Et pendant c’temps là, la marque en profite pour monter en gamme… Si ce n’est que de l’autre côté de l’Atlantique, le rallye, on s’en tamponne. Alors il faut trouver de quoi faire parler des anneaux. Et ça, c’est l’Audi 5000 CS Quattro qui va s’en charger…

Audi 4000 et Audi 5000

Depuis la deuxième partie des 70’s, les européens pouvaient rouler en Audi 100 et Audi 200, deux clones qui se différenciaient par leurs motorisations, 4 cylindres  pour la première et 5 cylindres pour la seconde. Mais une fois qu’on passait de l’autre côté de l’Atlantique, rien ne changeait si ce n’est qu’elles devenaient Audi 4000 et Audi 5000… cherchez pas à comprendre, ce s’ra plus simple de signer une assurance Allianz pour votre auto que d’essayer de décoder la magie du marketing et ses subtilités de l’époque !

Le rallye, ça n’fait pas vendre aux USA !

En 82 et 83, les Audi 100 et 200 sont restylées. Et bien entendu, c’est la même pour les frangines ricaines… mais c’coup ci, la mayo ne prend pas. Et les victoires de la Quattro au championnat du monde des rallyes n’apportent rien. Faut dire que le rallye aux States, on s’en bat les noix ! Du coup, les victoires dans les spéciales du dimanche ne font rien vendre de plus la semaine… et ça, ça emmerde l’état major d’Audi.

Finalement, ce sera la vitesse…

A Ingolstadt on commence alors à se creuser les méninges et on se dit qu’il faut très rapidement s’adapter aux us et coutumes locales. Engager une Audi 5000 en Trans Am ou en Nascar ? Oui, c’est prévu. Mais le temps d’homologuer et de développer la voiture, il faut trouver autre chose en attendant. Ce sera les records de vitesse.

En route pour Talladega

Il y a alors deux solutions… faire des pâtés de sel sur le lac salé de Bonneville ou tourner en rond sur l’ovale de Talladega en Alabama, le plus populaire de la Nascar. C’est l’ovale de 3,22 km qui récoltera la bénédiction d’Ingolstadt pour la simple et bonne raison que la voiture pourra conserver son esthétique d’origine. Et que pour une coup de pub, ce sera quand même mieux si on peut éviter de défigurer la voiture. Et pour rajouter une couche, ce sera le pilote Bobby Unser qui en prendra le volant. On tient le combo gagnant là. Manque plus qu’une bonne assurance auto et la boucle est bouclée !

Audi 200 Quattro

C’est en Europe à l’usine de Neckarsulm que tout va se passer. Plusieurs Audi 200 Quattro vont être récupérées à leur sortie des lignes de montage. On les passe alors en mode US en les équipant des accessoires de l’Audi 5000 (pare chocs, phares…). En y étant, on leur colle un discret becquet de type Nascar sur le coffre ainsi qu’une lèvre à l’avant. Pour améliorer l’aéro, les phares ont été couvert d’une plaque en plexy (remplacés par des grilles d’aération sur le modèle final) et les plus observateurs auront remarqué que les ailes ont été légèrement tirées afin de pouvoir élargie les trains roulants. Les rétros ont été enlevés.

Le poids et le centre de gravité

Au rayon de c’qui ne se voit pas, on note les combinés plus raide mais aussi plus bas de 40 mm. Histoire d’aller gratter quelques kilos, les vitres latérales sont passées au lexan pendant que les tabliers avant et arrière sont maintenant en kevlar et que de l’alu se charge du capot, des portes et du coffre. Ensuite on a bossé sur le centre de gravité afin de le rabaisser et de le centrer. Du coup, l’ensemble moteur / boite, la colonne de direction, le pédalier et le siège conducteur ont été adaptés pour reculer de 50 mm. La batterie et tous les différents réservoirs ont eux aussi été repositionnés pour se retrouver au plus proche du centre de l’auto.

25 soupapes et 650 ch

Sous le capot, le 5 cylindres 2.1 l a été revu de fond en comble par les ingénieurs allemands. Admission, ensemble mobile, turbo, pipping, injection, culasse 5 soupapes par cylindres (une première pour Audi), lubrification passée en carter sec… tout a été upgradé et optimisé. Plusieurs protos vont être testés pour en arriver à 650 ch perchés à 7700 trs sur la version finale. Bien entendu, la transmission Quattro est conservée et la transmission est revue en conséquence. La boite manuelle est renforcée, équipée de rapports longs.

332 km/h

Le 24 mars 1986, l’Audi 5000 CS Quattro s’élance sur le bitume de l’ovale de Talladega. Dès le 3ème tour, elle accroche déjà les 323 km/h. Bobby Unser continue d’enchainer les tours et atteindra une Vmax de 332,852 km/h avec une moyenne de 322 km/h.

Tout ça pour ça…

Bon même si la tentative est une réussite sportive, elle ne changera pas grand chose à la carrière commerciale de l’Audi 5000, au contraire, la marque va être attaquée en justice par un client qui va affirmer que la boite de la vitesse fait accélérer la voiture toute seule… bien entendu l’action va être rejetée, mais les médias en ont parlé. De quoi pousser la direction de la marque à la rebaptiser Audi 200 comme sa cousine européenne. Quant à Ferdinand Piëch, il décide de laver l’affront en donnant naissance à la terrifiante Audi 200 Quattro Trans Am qui va pulvériser le championnat 88, mais ceci est une autre histoire…

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