En 1986, General Motors achète Lotus et c’est plein d’ambition que Détroit Hethel lance en 89 l’Elan… le retour du petit roadster biplace, léger et sportif, censé relancer la marque en lui faisant faire un volume de ventes record. ‘Fin, c’est comme cela que ça se passe dans la tronche des dirigeants… car comme souvent, la pratique ne va pas forcément se passer comme la théorie !
Je ne vais pas vous la jouer Hitchcock… le retour de la Lotus Elan en 1989, ça va être un vautrage spectaculaire. A tel point que Général Motors va se purger de Lotus pour s’en séparer. C’est un peu le souci quand tu rachètes une marque sans vraiment t’intéresser ni à son ADN ni aux attentes de ses fans… s’apparentant pour certains à des intégristes (coucou les Porschistes !).
A la base, la Lotus Elan, c’est un jouet. Présentée à Londres en 62, elle se pose là en véritable sportive, fidèle à l’esprit de son créateur Colin Chapman qui, après avoir perdu pas mal de tune à cause de l’Elite, décide de revenir à une voiture plus traditionnelle, répondant toujours au célèbre adage, Light is right. L’Elan c’est donc 105 ch pour un peu moins de 700 kg… mais surtout plus de 14000 exemplaires écoulés entre 62 et 74 (un record qui sera battu par l’Elise), pour un palmarès sportif reluisant et une image au firmament.
Dès le début des 80’s, Lotus va songer à lui donner une remplaçante… mais Chapman n’y crois pas, misant désormais sur l’Esprit, plus moderne et sportive dans sa définition. C’est donc à reculons qu’il valide le projet M90 en 81. Et à l’image de l’histoire de la marque, ça devient vite le bordel… roadster biplace, puis coupé 2+2, sans Chapman aux commandes du projet, Lotus se cherche.
En 86, le rachat par General Motors apporte du sang neuf, mais surtout, des finances solides et stables… qui plus est, les ricains n’ont pas racheté Lotus pour se pâlucher en salle de réunion. Le Projet M90 est dépoussiéré et acté en fonction d’une enquête réalisée quelques années auparavant. Elle stipule que la tendance des amateurs de sportives, c’est les GTi. Des voitures accessibles, énervées et fun à conduire, sans pour autant risquer sa vie à chaque virage.
C’est à partir de ces conclusions que Lotus va lancer le projet M100 qui, afin d’en limiter les couts de production et améliorer sa rentabilité, va devoir s’appuyer sur un ensemble moteur boite de grande diffusion. Le cahier des charges stipule un gazier fiable, compact, performant et… pas cher ! C’est un 4 cylindres Isuzu (dont GM en est l’actionnaire majoritaire !) qui va être sélectionné, un 1.6 l 16 soupapes boosté par un turbo pour sortir 165 ch et 20,4 Nm (les anglais auront aussi droit à une version atmo de 130 ch).
A partir de là, le premier proto va pouvoir voir le jour dès 1987. L’Elan reprend finalement le concept originel du roadster deux places. Courte et large, elle repose sur un châssis poutre sur lequel les ingénieurs ont greffés des trains roulants inédits. Double triangulation à l’avant maintenue par des combinés pendant qu’à l’arrière on retrouve des triangles inférieurs avec leviers transversaux supérieurs, combinés et une barre antiroulis.
Au niveau du style, bien que Giugiaro ait fait une proposition, c’est finalement le dessin de Peter Stevens, le designer interne, qui sera retenu (à qui on doit également la Jaguar XJR15, la Lotus Esprit, la Prodrive P2, la MG XPower SV ou encore la McLaren F1). Tout en sachant rester sobre, l’Elan affiche un look résolument sportif. Porte à faux réduits au maximum, cul large, avant profilé, phares pop-up cachant des doubles optiques (ceux de la Venturi 300 Atlantique) et feux arrière empruntés à l’Alpine GTA. Une réussite dont on prend réellement toute la mesure 30 ans plus tard en se rendant compte que la petite n’a pas pris une ride.
En tout cas, fidèle aux habitudes de son blason, la caisse est en fibre, assemblée selon un procédé spécifique permettant une production en série avec une qualité de finition parfaite. Avec tout juste une tonne sur la balance (1020 kg exactement), un gazier péchu profitant du souffle du turbo et un châssis aux petits oignons, la Lotus Elan entre en jeu en 89, et GM est prêt à exploser les records de ventes…
Sauf que… la p’tite Elan va se vautrer comme une merde ! La puissance, elle la passe sur la route par les roues avant… oui, c’est une traction. Lotus a dû s’adapter à son moteur… dont l’adaptation en propulsion se serait avérée bien trop couteuse. Les ingénieurs auront zappé l’essentiel, l’Elan est une Lotus, pas une GTi ! Et c’est bien malheureux car l’Elan avait tout pour. Le 0 à 100 flirtait avec les 7 secondes, la puce passait le 400 m en 15,4 puis shootait le 1000 m en 27,9 avant de filer à 220 km/h. L’efficacité était redoutable… à sa sortie les journalistes spécialisés vont essayer de la shooter pour lui en faire voir de toutes les couleurs… ils vont tous être surpris devant le comportement magique de l’Elan, tellement réussi qu’il ne laisse pas présager son architecture. Rien n’y fera !
A tel point que l’Elan aura même raison des dirigeants de General Motors… la marque anglaise, plombée par des comptes désastreux, est revendue pour trois fois rien à l’homme d’affaire italien, Romano Artioli. Dans le stock, il reste 800 châssis… qui deviendront 800 Elan S2. Le dernier souffle de l’Elan M100 car en parallèle, Artioli lance déjà le projet de sa remplaçante, plus légère, plus sportive, plus radicale, reprenant l’esprit de la marque. En 95, la dernière Elan sort des lignes alors que l’Elise est présentée quelques semaines plus tard au salon de Francfort.
Artioli en difficulté après l’aventure Bugatti et le cout pour relancer Lotus et développer l’Elise, se voit malheureusement obligé de revendre la marque au groupe malaisien Proton… qui va aussitôt céder la licence de l’Elan M100 à Kia… le constructeur coréen va alors commercialiser sa version de l’Elan, semblable à la sportive anglaise, si ce n’est qu’elle reçoit un 4 cylindres maison de 1.8 l atmo de 136 ch.
A l’arrivée, hormis sa traction, la Lotus Elan était un vraie Lotus, mignonne, efficace et performante (j’ai toujours kiffé c’te caisse !). Pourtant la S1 ne séduira que 3855 amateurs, plus les 800 S2 et un peu moins de 1000 Kia Elan. Une véritable rareté atypique que le temps a fini par rendre attirante…
Vous êtes l’un des rares médias à ne pas la massacrer du début à la fin, la plupart de vos confrères y allant allégrement. L’on t’il tous essayée, pas sur. Après l’auteur de l’article étant fan, cela aide à remonter la cote de cette « mal aimée »!!!
Cette voiture a un charme indéniable…. Encore maintenant (surtout maintenant)
Une Automobile intemporelle,une vraie LOTUS…Hyper attachante,extrêmement fiable et performante avec une conception fidèle à Colin Chapman…….soit une traction mais au comportement exceptionnel.
J’ai consommé une Europe S2,puis une Elise S2,l’ElAN M100 est ma chouchoute !
Merci de remettre l’Eglise au centre du village.
Cette voiture est fantastique, d’une technologie avant-gardiste pour l’époque notamment le train qui fait encore référence aujourd’hui.
Ses seuls défauts, être une traction quand on plébiscite une GTI, avoir un moteur sauce wasabi, quand les mêmes les vénèrent aujourd’hui, ayant permis au passage de fiabiliser la gamme lotus !!!
Vive les mal aimées, je laisse le reste aux autres 🙂
Bonjour, Bel Article !!! Avec de superbes photos ; trés rare et pertinente approche sur le sujet de cette Lotus des premières années 90′ . …10 années et prés de 80000 km parfaits dans une des dernières 2.2 litres fabriquées . Aprés un rodage suivit scrupuleusement et selon les conseils direct usine et suivis au volant de cette Esprit S4 2.2 overboost lhd ….
Et depuis quelques années une ELAN M100 se 167cv no cat à trés faible kilométrage. L’Elan est une oeuvre d’Art de Lotus aprés l’époque de son créateur . Tenue de route que seuls ceux qui la conduisent connaissent vraiment . Mise au point par des ingenieurs Lotus avec un moteur hyper fiable Isuzu Lotus Turbo dont un Français volant qui m’avait expliqué et démontré sur le circuit de Hethel sa tenue de route incroyable et quasi inconnue ….
Une oeuvre de l’Art cabriolet sportif : châssis Lotus ( dont le savoir faire sourcée dans ses années F1 ) . La touche apportée par son designer Peters Stevens : les couvrent clignotants/feu de positions sont ceux de sa MacLaren F1 …. Les authentiques oeuvres d’Art n’ont pas toujours le succés à leur époque mais plus tard … cordialement
La Lotus M100 n’a pas trouvé le succès qu’elle méritait lors de sa sortie car une certaine Mazda MX5 est apparue en même temps , la différence de prix était de l’ordre de 10 000 francs.
Pourtant c’est un super cabriolet, tenue de route (meilleure traction du monde même encore aujourd’hui) , style, confort…Elle commence seulement à attirer l’attention des collectionneurs et les annonces se font de plus en plus rare, même au royaume uni.
Les S2 sont numérotées, 500 exemplaires en conduites à droite et les 300 autres en conduite à gauche.
Je possède une des dernières 300 exemplaires de la S2, que du bonheur cette Lotus M100 que je vais garder absolument et prendre du plaisir à chaque sortie….
Les photos de l’article présentent le modèle importé au USA.
Merci pour ce bel article qui remet les pendules à l’heure et fait redécouvrir cette Lotus
J’en ai acheté une en 1990 et je compte racheter la même en 2024.
C’est le grand plaisir que je m’offre pour mes 80 ballets.
Cette voiture à été ma première lotus, je m en suis séparé pour acquérir une evora s…cette voiture rend tellement accroc que j en ai acheté une autre des que j en ai eu l occasion. Et plus question de la vendre ou de l échanger contre une autre lotus. Cette voiture est magique et est en train d etre redecouverte et en fin appréciée (il n y a qu à regarder l évolution de sa côte ! Dire que j avais acheté ma première pour moins de 10 000 euro.
Bonjour, voir une Elan M100 sur la route … quasi impossible . 300 exemplaires LHD M100 série 1, , on été exportés en Europe. La première version SE est à 167cv . La traction avant une tenue de route top servie par son châssis pur Lotus Hethel. Souvenir de la 15 Citroen qui en son temps était la plus rapide avec tenue de route unique : traction avant ..
Capote manoeuvre en moins de 2mm pour disparaitre ( première série fabriquant Tickford UK !) Fiabilité et la carrosserie : chef d’oeuvre de celui qui a dessiné la Mc Laren F1. Performance réelle servie par un moteur turbo Izuzu – Lotus … Consommation en ballade se fait oubliée. L’entretien ne pose pas de problème.
Bonjour , depuis mon dernier commentaire du 1er septembre 2022 au volant de mon Elan seM100 no cat 167cv les ballades à son volant confirment qu’elle est parfaite et offre un plaisir de conduire extra ordinnaire créé par Lotus .