Modifier une Citroën DS, c’est pêché… mais si c’est Gérard Godfroy qui est aux commandes, est ce que ça change la donne ?! Vous avez deux heures avant que je ramasse les copies ! En attendant, on a pas mal de trucs à voir vous et moi… prenez une feuille et un stylo, aujourd’hui, on enrichit votre culture auto avec cette magnifique DS Grand Palais…

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Gérard Godfroy, voilà un nom qui ne doit pas forcément parler aux moins de 20 ans (même 30 surement !). Pourtant, chaque passionné connait forcément ses créations… En 70, après avoir été diplômé des beaux-arts, Gérard devient designer indépendant. Ses deux premières créations vont être des buggy sur base de Cox, le Baja, suivi du Bugster. Il continue de se faire la main en élaborant des kits et en dessinant pour plusieurs magazines, Sport Auto, Echappement, l’Auto Journal…

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En 76, Gérard rejoint Peugeot et intègre l’équipe de design interne, sous la direction de Gérard Welter. Il va participer pendant deux ans au projet M24 avant que Walter ne lui demande de basculer sur d’autres travaux. Début 78, la maquette sur laquelle il avait travaillée disparait, source d’un discussion plus que virulente avec Welter… qui débouche sur la démission de Gérard. Au mois de mai, il rejoint Heuliez. Il va participer à plusieurs restyling mais surtout, à l’élaboration de l’Alpine GTA, puisque c’est sa proposition qui va être choisie par la marque de Dieppe.

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En février 83, lors de la présentation de la 205, il constate que la voiture présente de grandes similitudes avec la fameuse maquette qui avait disparu… quelques mois plus tard, il reprend son indépendance et travaille pour d’autres secteurs que l’auto (Manitou, Gruau, Dangel…) avant de faire son grand come back en 84 au salon de Paris. En compagnie de Claude Poiraud, ils présentent celle qui deviendra surement sa plus belle aventure pendant plus de 10 ans, la Ventury (oui, à l’époque, elle s’appelait Ventury avec un « y »). Venturi 260, Transcup, 400 GT, 500 et 600 LM, Atlantique… l’histoire avec MVS qui deviendra Venturi va durer jusqu’en 94 et Gérard sera à l’origine du dessin de chaque modèle et même du logo de la marque.

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Après plusieurs collaborations avec Hobbycar, San Engineering et Tata, Gérard finit par prendre une retraite bien méritée… avant de refaire parler de lui en 2019 avec sa Citroën DS Grand Palais. En fait, il est sur le projet depuis 2012, aux côtés de son ami, Christophe Bihr, dirigeant de la société Automotive, une carrosserie située au Mans et spécialisée dans la fabrication de prototypes pour la course auto, le cinéma ou la pub. Ce dernier venait d’acquérir une DS à restaurer, qu’il souhaitait transformer en cabriolet. Inspiré par les lignes de la berline, Gérard allait le convaincre de le laisser s’en charger non pas pour y enlever le toit, mais plutôt les portes arrière pour en faire un coupé aux lignes aussi fluides qu’élégantes en poussant un peu plus loin le travail réalisé par Henri Chapron dans les 60’s. Après deux années d’études, les travaux ont pu commencer en 2014.

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La base, une épave de DS 21 de 68 avec son 4 cylindres 2175 cm3 gavé au double corps Weber pour 115 ch. Ne restait plus qu’à lui redonner vie et la remettre sur la route. Une fois mis à nu et entièrement désossé, le châssis va être renforcé. A la place des portes arrière, un cadre en A se charge de rigidifier l’ensemble. D’autant plus que les portes avant, les seules maintenant (oui, c’est un coupé… !), ont été rallongées de 10 cm. A l’arrivée, la structure est bien plus rigide qu’avant. La carrosserie reprend la face avant en acier avec les phares ronds non carénés et tous les éléments réalisés sur mesure sont en fibre. La plus grosse galère est venue des vitres latérales et de la lunette arrière qu’il a fallu coller au nouveau profil. Sachez qu’aucun élément de la voiture n’est laissé au hasard et que la restauration se fait à 100% à neuf… jusqu’au moindre boulon ! Oubliez les défauts… tout a été revu et amélioré sans pour autant dénaturer ou gâcher l’ADN de l’icône tricolore.

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Dans l’habitacle, là encore, c’est ambiance 60’s tout en profitant de la finition et de la qualité des matériaux modernes. Non je n’ai pas dit restomod ! Les commandes de vitres électriques ont rejoint le tableau de bord. L’autoradio a été discrètement décalé. La sellerie est tendue d’un magnifique cuir Camel. Les panneaux de portes ont été revus pour s’adapter au nouveau gabarit. Les commodos et les combinés sont modernes tout en gardant leur look originel. C’est juste à tomber… digne des meilleurs restomod (ah ben si !).

Après 7 années de boulot, le coupé DS Grand Palais est dévoilé à Rétromobile en 2019. L’accueil fut tel que dès leur retour au Mans, Gérard et Christophe décidèrent d’en fabriquer quelques exemplaires afin de répondre à la demande de quelques clients français et étrangers. Aujourd’hui, la voiture est en cours d’homologation et va être proposée aux alentours de 150 000 €… un tarif plus que justifié quand on voit la côte de la Citroën, l’étendue du boulot et le résultat. Et j’vais vous dire, ce coupé DS Grand Palais vient même de rentrer dans ma wish list !

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© Gérard Godfroy – Nicolas LaperruqueClassic & Sports Car via Olgun Kordal