Venturi a vu le jour en 84 et s’appelait à l’époque MVS (manufacture de voitures de sport), mais il faudra attendre 86 pour voir arriver le Coupé qui va alors porter la marque quasiment jusqu’à sa disparition en 99… Et parmi les différentes versions, la venturi Transcup permettait de prendre l’air.

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Il y a beaucoup de choses à dire sur le Coupé Venturi… Mais d’abord pour ceux qui sont restés coincés sur la disparition de la marque en 99, je persiste et je signe. Mais quand Venturi a été rachetée en 2000 par Gildo Pallanca Pastor, son ADN a été sacrifié sur l’autel de l’électricité et de la technologie. Et son engagement en Formula E n’y a rien changé !

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Restons donc dans le passé, à l’époque où les Venturi carburaient encore à l’essence. Retour en mai 86 pour la présentation de celle qui s’appelle encore la MVS Venturi et qui recevait alors le moteur de la Peugeot 505 Turbo, le 4 cylindres 2.2l sortait alors 200 ch. Rapidement, il sera remplacé par le V6 PRV de 2.5l shooté lui aussi au turbo pour développer la même puissance mais offrir plus de couple.

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En 87, la MVS Venturi Cup 221 est enfin livrée à ses premiers clients. Elle va même être proposée en version atmo équipée en boite manu ou en boitoto. En 89, la marque est déjà rachetée par le groupe Primwest et Xavier de la Chapelle reprend les reines. La gamme est désormais chapeautée par la 260 ch. En 91, la 200 ch passe à 210 ch. Puis l’année suivante, c’est une version de 180 ch qui vient compléter la gamme. Ouais, voilà, c’est comme ça que ça se passait chez Venturi, un petit constructeur qui ne cessait de faire évoluer ses voitures dans le but de répondre à toutes les demandes en faisant en sorte de pouvoir garder un cashflow lui permettant de survivre.

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En 94 la 400 GT vient montrer que la France sait faire des supercar et l’année suivante, la Venturi 300 Atlantique lui pique son châssis pour venir dépoussiérer le coupé, aussi bien esthétiquement que mécaniquement. Mais la marque a t’elle eu les yeux plus gros que le ventres ? Ou du moins que le compte ?! En tout cas, c’est en 2000, qu’en proie à de grosses difficultés financière, elle sera « sauvée » par Gildo Pallanca Pastor qui en fera désormais une marque de voitures à piles… Mais avec beaucoup moins de talent qu’un certain Elon Musk !

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Il n’empêche que celle qui nous intéresse aujourd’hui (mais rassurez vous, je reviendrai plus en détails sur sur les 260 et 300 Atlantique), la Transcup, est surement l’une des plus originales de la famille. Originale de par le concept imaginé par Gérard Godfroy, grâce à un toit rigide en plusieurs parties qui permettaient de faire passer la voiture de coupé à targa et de targa à cabriolet, et ce, bien avant l’arrivée du Mercedes SLK.

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Bien qu’elle fut présentée au Mondial de Paris 88, il faudra deux ans à la marque, déjà en pleine crise financière, pour pouvoir la commercialiser à partir de 1990. La Venturi Transcup va recevoir toutes les différentes évolutions du V6, de 160 à 260 ch. La production fut plus que limitée… 19 Transcup 200 furent produites, 11 Transcup 210, 3 Transcup 160 (1 manuelle et 2 automatiques), 15 Transcup 180 et 17 Transcup 260… Pas besoin de calculette, ça fait un peu de 60 voitures, autant dire que vous avez plus de risque de choper le Coronavirus que de croiser une Venturi Transcup ! Surtout une 260 ch comme celle-ci, un modèle de 91 en robe Framboise métal.

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Lors de son développement, Gérard Godfroy cherchait donc à enlever le haut de la venturi. Mis à part que la difficulté première rencontrée allait être de trouver un rangement pour la capote. Impossible avec la compacité de la voiture et le V6 en position centrale arrière. Après plusieurs idées et essais, il en donc arrivé à conclure que la solution la plus logique serait celle d’un toit rigide escamotable composé d’un T-Top en deux parties qui venait se ranger sous le capot avant pendant que la lunette arrière et ses montants venaient se rabattre juste derrière les appuis-têtes. Cette solution permettait également de conserver la rigidité de l’ensemble.

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Bien que se coltinant une image roturière, le V6 PRV a pourtant su se montrer conciliant toute sa carrière… Et c’est qu’il en a vu passer des évolutions et des berceaux ! Outre les marques qui lui ont donné son nom, Peugeot – Renault – Volvo, il a aussi fait le bonheur de quelques Dodge, AMC, Lancia, Alpine, Talbot et même d’une certaine De Lorean. Venturi ira jusqu’à lui faire cracher 600 ch dans ses 600 LM.

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Sur la 260, le V6 est passé en 2.8l pendant qu’un Garrett T3 venait lui souffler dans l’bazar pour le faire passer à 260 ch et 405 Nm de couple dispo à moins de 2000 trs. Avec moins de 1300 kg sur la balance (l’architecture de la Venturi permettait au Transcup de se contenter de seulement 40kg de renforts) elle offrait des perfs capables de décoiffer un touriste allemand adepte de la nuque longue ! 0 à 100 en 5,9, 400m en 14 et 1000m en 25,4 avant d’aller caler l’aiguille à 265 km/h ! Des chiffres toujours d’actualité malgré le fait que l’engin fasse désormais partie des plus de 30 ans.

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Et pour ne rien gâcher, elle était aussi efficace que performante. Moteur central arrière, châssis poutre, trains roulants spécifiques et le tout recouvert d’un coque en polyester. C’est rigide et léger. Ca permet de bin laisser bosser les suspensions pendant que les roues en 16′ (jantes Dial) chaussées en Michelin MXX de 205/55 et 245/55, collaient à la route pour la rendre aussi à l’aise sur une nationale rapide que sur une départementale sinueuse. Ajoutez à cela un freinage efficace, et il n’en fallait pas plus pour faire de la Venturi Transcup (ça marche aussi avec le coupé) une sportive pure et envoutante, qui savait se montrer facile et docile sans avoir besoin de la moindre aide électronique !

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Enfin, Venturi mettait un point d’honneur à proposer un habitacle tendu de cuir, de moquette et de ronce de noyer. Du sport mais cela n’empêchait pas de l’offrir dans le luxe… Le Style est simple et basique, mais la finition, au niveau des meilleurs artisans, a su bien vieillir avec le temps. C’est l’essentiel… et ça change des certaines italiennes de la même époque !

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Quoiqu’il en soit, la Venturi Transcup, c’est le sport à la française comme on pouvait encore le faire il y a quelques décennies. Une cohérence entre un moteur et un châssis, sans tomber dans la course à l’armement. Proposer des caisses qui n’étaient pas les plus rapides, mais qui savaient encore faire dresser les poils. L’arrivée du 3ème millénaire n’aura eu raison de son nom, seulement de sa passion. Il est clair que se lancer dans une telle aventure de nos jours, sans le pognon soutien d’un constructeur ou d’un prince Qatari serait quasiment une initiative mort née, surtout made in France !

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© RM Sotheby’s