Niveau débilité, l’IMSA a fait très fort. Un règlement permissif, des courses médiatisées, des sponsors qui se battaient au portillon, plus des constructeurs qui cherchaient à développer leur image de marque sur un marché porteur… il n’en fallait pas plus pour voir débarquer des monstres comme la Nissan 300ZX GTO puis GTS. Histoire…

Nissan 300ZX IMSA - GTO Twinturbo ou GTS V8 ?! 1

Si en France on a la FFSA, aux States, ils ont le SCCA et l’IMSA. Chacun avec son propre championnat, le Trans Am pour le premier et l’IMSA GT pour le second. Si ce n’est que ces « fédérations américaines », un peu à l’image de l’ACO (l’Automobile Club de l’Ouest, organisateur des 24h du Mans), vont se permettre d’élaborer leurs propres règlements avec des catégories spécifiques. Même si elles se claquent à celles de la FFSA, les règlements SCCA et IMSA y sont un peu plus permissifs. Alors oui, ce genre d’agissement a toujours abouti à l’explosion des budgets… si ce n’est qu’aux USA, entre des fédérations riches et puissantes, des partenaires et sponsors aux reins solides, des spectateurs et médias qui répondent présents et des constructeurs avides d’image et de coups de pub sur un marché qui revendique son statut de leader mondial, il n’en faudra pas plus pour voir les différentes formules débrider le sport auto des 80’s à l’orée des années 2000 pour en faire un show à l’américaine avec strings et paillettes !

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Pendant ces trois décennies les monstres vont se disputer les victoires, des GT aux Protos sur des circuits aussi mythiques que Daytona, Road America, Sebring, Sears Point, Laguna Seca, Watkins Glen, Mid Ohio, Atlanta, Miami… du porno mécanique pour les fans de sport auto. A tel point que pour l’édition 94 des 24h du Mans, l’ACO va aller jusqu’à créer une classe IMSA afin d’accueillir les stars américaines. mais nous n’en sommes pas encore là…

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En tout cas, l’IMSA va devenir le vivier d’engins tous plus impressionnants que puissants… et une source d’articles inépuisables pour votre blog préféré (mais siiii… avouez !). De la Toyota Celica à l’Audi 90 , en passant par la Triumph TR8, la Renault Le Car, l’Alfa 75 Turbo, la Pontiac Fiero ou la Mazda RX7.

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En 99, l’IMSA va finalement craquer et uniformiser ses classes avec celle de l’ACO pour devenir l’AMLS (American Le Mans Series) et intégrer le championnat du monde de l’endurance. Mais ceci est une autre histoire.

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Revenons à la fin des 80’s. En 89, chez Nissan, on s’apprête à lancer la deuxième génération de la 300ZX, descendant de la lignée des Z. Inutile de vous expliquer l’importance du marché américain où  le constructeur y écoule ses sportives comme des sushis. Alors pour promouvoir la nouvelle Z32, le constructeur va confier au Clayton Cunningham Racing l’engagement de la 300ZX en IMSA GTO.

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Le team ne va y aller par quatre chemins. Il va reprendre la base du Nissan ZX-Turbo qui courrait en GTP de 85 à 87, mais aussi dans le championnat japonais. Un véritable proto composé d’un châssis Lola, une structure spaceframe tubulaire en acier chromoly, de trains roulants à double triangulation maintenus par des combinés filetés réglables avec barres antiroulis aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Le freinage Brembo ne change pas lui non plus. Quelques modifs sont cependant apportées histoire d’adapter la coque en carbone qui reprend le look du coupé japonais.

 

Sous tableau de bord, en position centrale avant, on retrouve le V6 3.0 l biturbo VG30DETT, étroitement dérivé du VG30ET qui équipait lui aussi le ZX-Turbo. Si dans le proto il pouvait grimper à 1000 ch, sous le capot de la 300ZX, il se contentera de 750 ch et 922 Nm. Il est associé à une boite 5 manuelle Hewland avec différentiel réglable. L’engin accuse le poids réglementaire de 1200 kg.

La saison 89 va s’avérer compliquée. La voiture a encore besoin de trouver la fiabilité et manque de performance face aux méchantes Audi GTO et Ford Mustang Roush qui écrasent la discipline. Mais en 90, le duo Steve Millen et John Morton va finir par marquer les esprits avant d’ouvrir la collection de victoires, même la saison déjà bien entamée les verra accrocher la 4ème place au général. En 91, Millen et Halsmer vont buter face à la RX7 avec la deuxième place au général. Mais l’année suivante, si les GTo deviennent les GTS, la fiabilité est enfin au rendez vous et la saison se termine avec le titre pour Nissan, qui rééditera l’exploit en 93 et en 94. C’est cette même année que la 300ZX et Steve Millen vont traverser l’Atlantique pour tenter leur chance dans la nouvelle catégorie IMSA GTS aux 24h du Mans. Associé à John Morton et Johnny O’Connell, ils vont mener la 300ZX à la 5ème place au général, raflant au passage la victoire de leur catégorie.

Pour l’année 95, Nissan et le Clayton Cunningham Racing vont devoir revoir la copie. En effet, les moteurs turbocompressés sont désormais interdits par le règlement. Le coupé va alors recevoir le VH45DE, un V8 4.5 l qu’on retrouve sous les capots des Nissan President et Infiniti Q45 revu et corrigé pour sortir plus de 600 ch. Après des 24h de Daytona en demie teinte, la 300ZX menée par le même équipage des 24h du Mans, s’offre une belle victoire de classe aux 12h de Sebring. Mais lors de l’épreuve suivante qui se coure sur le bitume de Road Atlanta, Steve Millen est victime d’une effrayante sortie de route. Johnny O’Connell va se charger de mener au 300ZX le temps de voir revenir Millen. Après une victoire à Halifax, la 300ZX peine a contenir les assauts de ses rivales bien plus modernes et affutées. Mais après deux courses, la sentence tombe. Ses blessures étant bien trop graves, Millen est contraint de mettre un terme à sa carrière… choqué, le Clayton Cunningham Racing interrompt le programme de la 300ZX qui quitte aussitôt les circuits.

En attendant, en 7 saisons, la Nissan 300ZX IMSA a marqué les esprits. Des victoires à la pelle, notamment celle aux 24h de Daytona, 24h du Mans et 12h de Sebring, trois titres en IMSA, il n’en fallait pas plus pour en faire une icône du sport auto… et vous en parler sur DLEDMV !

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