Dans les années 80, toutes les disciplines du sport auto ont vu débarquer des engins totalement délirants. De banales berlines ou coupés sportifs transformés en monstres hypertrophiés et totalement indisciplinés comme cette Toyota Celica qui a chauffé l’asphalte en IMSA GTO…

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En sport auto à la fin des 70’s, les règlements ont commencé à se lâcher pour devenir, dans les 80’s, une véritable fête du slip pour les ingénieurs. Et aucune discipline n’a été épargnée, du rallye (Gr.B) à l’endurance (Gr.C) en passant par les TransAm, le DTM ou pour celle que je vais vous présenter, l’IMSA GTO. Même en F1, les puissances ont explosé. En fait, cette période allait simplement correspondre à l’arrivée du turbo en compétition. Un potentiel sous estimé associé à une technologie en pleine découverte, il n’en fallait pas plus. Les ingénieurs faisaient souffler les turbines jusqu’à la rupture. Du coup, il leur fallait de l’air, beaucoup d’air… et plus elles avaient de l’air plus elles sortaient de watts. Mais ces watts pour les passer au sol, il fallait élargir les voies et les pneus… Du coup, les caisses devenaient toujours plus larges, toujours plus violentes, toujours plus bestiales mais aussi de plus en plus délicates à dompter pour des pilotes transformés en kamikazes équilibristes. Les monstres hurlaient, crachaient des flammes en remuant du cul mais surtout en assurant le spectacle… Ah qu’c’était bon !

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M’enfin les voitures devenant toujours plus puissantes en faisant exploser les budgets, à partir des 90’s, les instances ont été obligées de revoir les règlements des différentes disciplines… les voitures sont devenues plus sûres et plus « technologiques » mais moins spectaculaires.

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Cette Toyota Celica, c’est l’une des nombreuses représentantes de cette période bénie. Le règlement était simple, il fallait récupérer les portes et le toit du modèle d’origine… pour le reste, c’était open bar ! Du coup, la voiture a été conçue en partenariat entre Toyota et AAR – All American Racing – la structure du pilote Dan Gurney.

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En 84, l’IMSA va simplifier ses catégories… GTU (under 2.5 l), GTO (over 2.5 l) et GTP (Prototype), avec un règlement plutôt permissif avec des retombées médiatiques plus qu’intéressantes, du moins pour qui veut s’offrir de la comm’ auprès de fans de sport auto américains. Alors en plein déploiement, les constructeurs japonais et européens y trouvent un support idéal afin de faire connaitre leurs marques à travers leurs modèles sportifs. Renault y a même engagé la R5 Turbo

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Enfin il n’en faut pas plus pour que Toyota et AAR décident de développer une voiture afin de l’engager en GTO et aller se frotter à l’élite du Grand Tourisme. La base va être rapidement trouvée, ce sera la Celica.

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Dès 1985, elle est engagée en GTU… une façon de se montrer le temps que les ingénieurs terminent de développer le monstre, la version GTO qui la remplacera dés le milieu de la saison 86. Entièrement conçue et construite chez AAR en Californie où, comme je vous l’ai marqué au dessus, on conserve seulement les portes et le toit en tôle. Pour le reste, c’est de la Silhouette, comprenez par là une structure tubulaire space frame (tubes pour le châssis et la cellule) sur laquelle on vient ensuite greffer une caisse en fibre et en carbone reprenant le style d’une caisse d’origine. Obliger de conserver le toit et les portières du modèle permet simplement de respecter les proportions et le style… oui, reconnaitre la voiture c’est mieux pour en faire la pub… même si là, elle n’affiche pas plus de 960 kg.

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Sur ce cadre en chromoly les ingénieurs vont y poser les trains roulants maintenus par des suspensions indépendantes, le tout entièrement réglables en 3D. De son côté, Toyota va fournir le moteur, un 4T-GTE, le 4 cylindres 2090 cm3 homologué en novembre 82 pour le Gr.B. Culasse 8 soupapes, carter sec, allumage Twin Spark, et un gros KKK qui lui souffle dans les conduits. Une fois passé par le coefficient de 1,4 correspondant au rapport appliqué à un turbo pour sortir son équivalence atmo, donc une cylindrée théorique maxi de 2926 cm3.

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Dans tous les cas, ce sont 450 ch qui filent aux roues arrière via une boite 5 manuelle Hewland avec autobloquant et un arbre de transmission en carbone. Là encore, dites vous qu’au niveau puissance, les organisateurs ne passaient pas les voitures au banc. Les constructeurs restaient donc souvent bien en deçà de la réalité puisqu’on parle officieusement de 600 ch… mais bon, ils faisaient tous la même chose.

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Esthétiquement, c’est du violent, même si la caisse est extrêmement… lisse ! Elle est impressionnante de largeur, car par rapport à la Celica engagée en GTU, la GTO devait faire passer des pneus encore plus larges… d’une pour passer les watts au sol, mais aussi pour encaisser les charges du couple en mode on – off. Pour info, les jantes s’affichent du 12 et 12,5 x 16″ ! En attendant contrairement à certaines voitures aux lignes tortueuses, celle de la Celica, semble hyper simple et sobre, même si elle reste très impressionnante, d’autant plus dans sa robe blanche…

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Elle débarque pour la cinquième course de la saison 86 qui se déroule à Riverside. La Celica va aussitôt mettre le feu… oui, dès les premiers essais, son échappement placé derrière la roue avant va faire surchauffer la caisse qui va s’embraser ! Elle revient à la course suivante qui se coure à Laguna Seca et finit 2ème des GTO derrière la Mustang Roush. Mais sa fiabilité est encore trop aléatoire… Une deuxième voiture va être engagée à partir des 500 Miles de Watkins Glen, et peu à peu, la Celica Turbo va commencer à voir le drapeau à damier. A Sears Point elles montent sur la 2ème et la 3ème marches du podium. Dans la course suivante à Road America, elle s’offre la victoire en GTO, et ne quittera plus les podiums jusqu’à la fin de la saison.

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En 87, AAR aligne les deux Celica Turbo GTO (plus une 3ème en cours de saison), dont une confiée à Chris Cord (le petit-fils d’Errett Lobban Cord, fondateur des marques Cord et Duesenberg). La concurrence est rude, Pontiac Fiero, Camaro, Mustang, Corvette, RX7, 300 ZX, Firebird, Toronado, Porsche 930 et Mercury Capri… Mais sur les 17 courses que compte la saison, Cord et Ribbs vont faire un festival. Les Celica vont arracher 20 podiums dont 8 victoires, une régularité qui va permettre à Cord de remporter le titre pilote et à Toyota AAR celui des constructeurs.

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Pour la saison 88, les modifications du règlement viennent imposer une bride et un lest obligatoire pour pénaliser les blocs turbalisés… privilégiant ainsi les gros V8 atmo ! Les américains préfèrent quand ce sont les voitures américaines qui gagnent ! Chez Toyota et AAR, on préfère alors figer le programme Celica pour se tourner désormais vers la catégorie GTP. Après cinq nouvelles victoires, la Celica va discrètement prendre sa retraite. Il n’empêche qu’elle fait aujourd’hui partie de l’histoire de l’IMSA, qui plus est dans l’impressionnante catégorie GTO. Aujourd’hui, on la croise encore lors des gros évènements historiques…

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