Mercedes-Benz 280 se coupe : « Heckflosse » toi-même !
par Ludovic Colombo | 16 septembre 2020 | Street |
Vous êtes mafieux, un peu trop nostalgique sur Al Capone, vous rêvez d’un v8 américain, mais vous êtes quand même un passionné de Kartoffelsalat ? Mettez vos Ray-Ban Aviator, sortez le polo Lacoste, enfilez vos mocassins à gland, on part du côté de Francfort…
Dans les années 60’, Mercedes-Benz avait besoin de renouveau, de puissance, et surtout de conquérir la clientèle américaine aisée avide de pouvoir et largesse sur les routes. Ces Mercedes-Benz appelées alors «Heckflosse » (Aileron en français) sont présentées au salon de Francfort en 1959, d’abord à sa sortie en berline 4 portes, puis entre 1969 et 1971 en coupé et même cabriolet.
Rassurez-vous, si au lieu de la Kartoffelsalat, vous préférez déguster un camembert et une bonne quille de rouge bordelaise, réjouissez-vous, le gars au bout du bras qui tenait le crayon qui a pondu ce chef d’œuvre, s’appelle Paul Bracq. « Cocorico », c’est un français ! Né à Bordeaux en 1933, il a été engagé par Mercedes-Benz en 1957. Il a notamment travaillé pour Peugeot, Citroën, et même BMW, mais limite on s’en fou, nous on est là pour ce coupé aussi imposant que déroutant.
De son nom de code « W111 », on ne peut qu’admirer son capot aussi long que la guerre froide, et la classe sous toutes ses coutures. Parsemée de chrome, de cuir, et de goût, la personne qui pouvait lâcher 30 336 Deutsche marks en 1971 n’était pas le simple voisin qui nettoyait sa Coccinelle de 1949 avec un chiffon doux. Aujourd’hui non plus d’ailleurs.
La 280 SE coupé est équipé d’un v8 atmosphérique de 3.5 de cylindrée portant la puissance à 200ch, et avait déjà (pour l’époque) une injection Bosch D-Jetronic, s’il vous plaît ! Pendant que les ricaines avec leurs v8 de 7.0l avaient toujours de bons vieux carburateurs avec une autonomie proche d’un MBK 51 jusqu’à très(trop)tard. Je ne dis pas que j’aime pas les carburateurs, mais avoir une injection électronique Bosch sur un v8 en 1971, excusez-moi, mais c’est quand même un argument valable pour pouvoir tringler sa voisine.
Avec un poids qui franchit tout juste la barre des 1500Kg, le 0 à 100 en 9 secondes et la vitesse de pointe de 210 km/h, cela faisait d’elle une sportive à la fin des années 60’. Au niveau des options, à l’intérieur on retrouve du bois noble, des vitres électriques, une vraie sellerie en cuir réglable, une radio Becker, une direction (très)assistée, une boite automatique 4 rapports en option, et se paye même le luxe d’avoir un toit ouvrant pour admirer les buildings de Manhattan. Rien qu’ça.
Parlons-en du prix, ce n’est pas parce que c’est vieux que c’est bon marché, c’est comme le bon vin mais en pire. Comme je le disais plus haut, en 1971 elle se vendait 30 336 Deutsche marks l’équivalent de 15 550€ environ, le prix d’une Rolls Corniche à son époque et d’une Polo Trend sans âme et sans couilles de nos jours. Aujourd’hui, le prix de la bête en très bon état oscille entre 30 000 et 60 000 euros. En état concours le prix peut dépasser largement les 100 000 €. Il faudra alors faire péter le PEL pour se l’offrir et un rein pour pouvoir l’entretenir, gare à celle ou ceux qui la prendront pour un daily (mais ça va pas la tête ?).
Vu le gabarit et le prix, on n’osera peut-être pas l’emmener sur le Nürb, mais il y a de quoi cruiser comme un mafieux. La seule « Heckfloss » qu’on pourrait emmener sur l’enfer vert est la très célèbre 300 SEL AMG dont on a d’ores et déjà vanté les mérites au sein de DLEDMV. Elle qui à été surnommée par le peuple germanique « Rote Sau » (cochon rouge). Préparée en 1971 pour les 24h du Spa, elle se permettra même d’arriver seconde au classement général. Un v8 atmosphérique de 428ch et 6.8 de cylindrée ça fait rêver non ? Pour une piqûre de rappel et relire l’article écris avec amour sur ce cochon rouge, cliquez-ici bande de petits fous.
En conclusion, vous cherchez à combler un vide dans votre garage et à vider un trop plein dans votre portefeuille ? La 280 SE 3.5 v8 coupé saura satisfaire votre appétence de « Sugar Daddy », la crise de la cinquantaine hurlante de plaisir le soleil tapant sur le coin du front.
© Kalisclassics via BaT