J’avoue être fier de ce titre, qu’il m’a fallu sortir d’une matière grise quasi endormie. Ils n’ont pas duré longtemps et pourtant, les Gr B ont réellement marqué l’histoire du rallye.
Des monstres, des sports protos sur terre, nés à une période ou seule la performance comptait. Les F1 sortaient plus de 1000 ch, les « sport protos » justement, prenaient plus de 400 km/h dans la ligne droite des Hunaudières, et les pilotes de rallye s’apparentaient à des kamikazes modernes ! Une époque ou il fallait avoir une bonne grosse paire de « cojones ». Une guerre d’ingénieur transformés en savants fous grâce à un règlement permissif comme jamais !
La période fut très courte, débutée en 1983, elle sera abandonnée par la FIA à la fin de la saison de 1986. 4 ans… Mais on se rappelle presque de chacune des voitures et de chacun des pilotes.
Le Gr B, c’était d’abord des normes d’homologation qui ont remis en avant ce qu’on appelait les « Stradales », des voitures de courses à peine civilisées et homologuées pour la route. Il fallait 200 exemplaires routiers afin de pouvoir obtenir le sésame qui allait permettre au constructeur de se la jouer dans la catégorie. Sachez par exemple que la Samba Rallye était une Gr B… En catégorie des moins de 1300 cm3… Mais bon on se rappelle surtout des engins lunaires qui ont meublés les murs de nos chambres d’adolescents boutonneux.
Les dérives de puissance ont donné alors naissance à de vrais monstres routiers. Mais nous y reviendrons un peu plus bas.
En attendant, sur les pistes, c’était impressionnant, et ça l’est encore, car le rallye, que ce soit le Gr B, le Gr A ou maintenant le WRC, est toujours resté un spectacle ! Et quel spectacle. Alors oui, peut être que le Gr B en offrait plus. Je me rappelle d’une vidéo de Michèle Mouton au volant de son Audi Quattro, sur laquelle les roues n’étaient jamais droites, même en ligne droite justement ! Hallucinant.
Déja la puissance… les engins turbocompressés atteignaient plus de 500 ch… Officiellement ! Mais Lancia par exemple, a avoué pousser le turbo de sa S4 à plus de 5 bars… Plus de 1000 ch pour un 4 cyl 1800 cm3… Et 1000 ch hors taxes, sur la terre, dans la boue, il fallait quand même savoir tourner un volant qui ! Vous voyez le machin ? Non ? Ca veut juste dire, 0 à 100 en 2 secondes… Sur du gravier ! Centrifugeuse à cerveau !
Les pilotes sont devenus des légendes vivantes, du moins pour ceux qui y ont survécu… Rohrl, Vatanen, Kankkunen, Salonen, Ragnotti, Mouton, Béguin…
Rapidement, en 83, première année officielle donc, Hannu Mikkola remporte le tire pilote au volant de son Audi Quattro. Mais la régularité de Lancia leur rapporte le titre constructeur avec la 037.
84, Audi écrase le plateau, Stig Blomqvist est champion du monde sur l’Audi Quattro
85, doublé pour Peugeot qui impose sa 205 T16 menée par Timo Salonen.
86, développons un chouilla s’il vous le voulez bien. Le Gr B est une totale réussite, les pilotes sont de véritables stars, les voitures de vrais avions de chasse, les rallyes attirent de plus en plus de monde, et les constructeurs affluent (on le verra un peu plus loin).
Déjà en 85, Attilio Bettega perd le controle de sa 037, il arrache 3 arbres au passage, et se tue sur le coup ! 86, rallye du Portugal, les spectateurs sont massés au bord et sur la route. Une véritable vague humaine qui s’ouvre et se referme à quelques centimètres des voitures lancées à haute vitesse. C’est le choc, la RS200 de Joaquim Santos s’empale dans la foule ! 3 morts et des dizaines de blessés. Les accidents sont nombreux, et souvent très grave. Celui d’Henri Toivinen et de son copilote, Sergio Cresto au tour de Corse signera définitivement l’arrêt de la catégorie, jugée trop dangeureuse pour les spectateurs en général et pour les pilotes en particulier. Sa S4 plongera dans un ravin et explosera sous l’impact.
L’héritage du Gr B fera que ces voitures sont toutes devenues mythiques aujourd’hui et certains constructeurs y ont forgé une grosse partie de leur image.
Peugeot pour commencer, avec sa 205 T16… Menée de main de maitre.
Lancia aussi, la Stratos avait marqué les esprits avant la naissance des Gr B … Puis le constructeur pousse le vice et sort la 037, descendante de la Monte Carlo Gr 5 qui hantait les circuits depuis 79. Mais l’arrivée de l’Audi Quattro redistribue les cartes et Lancia passe aussi aux 4 roues motrices par le biais de la Delta S4.
Audi bien sûr, avec la Quattro Sport, qui prendra une longueur d’avance sur les concurrentes. Et permettra à Audi de forger sa technologie Quattro.
Toyota débarquera aussi en Gr B avec sa Celica Twin-Cam Turbo qui fera des épreuves africaines, sa grande spécialité, et communiquera sur la fiabilité.
Renault fera évoluer la R5 Turbo dans le but de l’homologuer en Gr B (En catégorie moins de 2 l) qui deviendra la Maxi 5 Turbo. Une vraie terreur sur l’asphalte, elle remportera le Tour de Corse face à ses concurrentes issues des catégories supérieures.
MG Rover avec son Austin Metro 6R4… Clone de Goldorak, elle ne brillera pas en mondial, mais remportera le titre en championnat de France des rallyes en 86, pilotée par un jeune débutant… Didier Auriol.
Citroèn, et sa BX 4TC… Jugée dangereuse pas ses pilotes eux même, notamment à cause de son manque de développement. Née par le biais de divers proto basés sur la Visa 1000 Pistes, et même d’une tentative de collaboration Citroen – Lotus ! Mis à part des sorties de route et des casses mécaniques, elle ne réalisera aucun résultat crédible hormis une sixième place en Suède en 86.
Ford travaille sur un prototype d’Escort RS 1700 Turbo. Mais les problèmes rencontrés mèneront à l’abandon du projet. Ils décident alors de repartir d’une feuille blanche et de créer un modèle spécifique, turbocompressé et 4 roues motrices. c’est ainsi que la RS200 voit le jour. Ses seuls « coups d’éclat » en rallye, sont plutôt ses accidents ! Dont sa sortie de route au Portugal en 86, tuant plusieurs spectateurs et en blessant des dizaines ainsi que l’accident à son volant, du pilote de F1 suisse, Marc Surer, qui fut fatal à son copilote, Michel Wyder.
BMW a participé à une course en Gr B. Le tour de Corse en 83, ou Bernard Beguin abandonnera au volant de sa M1 sur casse mécanique.
Ferrari aussi par le biais de Michelloto qui engage déjà les 308 GTB au Tour de France et à la Targa Florio. La 308 GTB deviendra 308 GT Evoluzione mais sera finalement abandonnée au profit d’une voiture ressortant un nom légendaire de la marque : la GTO, la 288 GTO (288 pour 288 cm3, comme toutes les appellations des Ferrari sous le règne d’Enzo, le chiffre correspondant à la cylindrée unitaire d’une chambre). Elle s’appellera 288 GTO Evoluzione, 650 ch pour 980 kg ! Mais en restera là … Présentée quelques semaines avant l’arrêt du Gr B. Ferrari décidera cependant de la faire évoluer et elle servira de base à la future F40 !
Lada, développera une 2105 VFTS sur les rallyes nationaux en Russie. Cependant, sa puissance (150 ch !), l’impossibilité à Lada d’en fabriquer 200 exemplaires et finalement l’arrêt du Gr B auront raison d’elle. Pas plus mal ?!
Daihatsu, et sa Charade… Passée dans les ateliers de De Tomaso. La 926 R ressemblait techniquement à une R5 Turbo. Mais présentée trop tard, elle ne mettra jamais ses roues dans le moindre rallye.
Bien d’autres marques firent une tentative, soit sans aucun éclat, parfois même sans rejoindre l’arrivée des épreuves, soit avec des projets prometteurs mais ne dépassant pas le stade du prototype tué dans l’oeuf par l’arrêt subit de la discipline. Elles s’orienteront ensuite vers le Rallycross, ou le Rallye Raid (Dakar), voire même la course de côte, plus permissive pour ce genre d’engin, mais bien moins médiatisée.
© amjayes2
Alfa Roméo, FSO, Porsche, Mitsubishi, Nissan, Opel, Mazda, Skoda… Rarement une discipline aura autant attiré et emballé les constructeurs et le public. Gros, très gros vecteur d’image.
On se rend compte finalement, que ce genre d’engin développe les passions. Plus les voitures sont monstrueuses de puissance et de pilotage, plus le public adhère. Mais la course à la puissance a mené le Gr B à sa perte. En attendant, comme beaucoup de disciplines des 70’s et 80’s, elle a marqué l’histoire du sport auto.
Photos via signatures éventuelles
Ah, les groupes B……
hum…
Toivonen est mort…
Brûlé vif avec son coéquipier. Ce qui précipita la fin des groupe B…
C’est bien, vous savez lire ! Aurai je insinué le contraire ?
Oupsss je viens de m’apercevoir à quel passage vous faisiez référence. Effectivement une belle coquille ! Que mes bras s’allongent jusqu’à ce que mes doigts en frottent le sol …
Comme quoi, certains lisent réellement mes articles ! J’en suis flatté … Vous savez donc lire, et ce n’est aucunement ironique 🙂
Pour vous remercier, je vous propose une Granola partie vous et moi en tête en tête 😉
Bonjour,
Je suis organisateur de la Course de Côte de Seyssel 4è manche du championnat de France de la Montagne VHC. Dans ce cadre nous organisons cette année en avant-première des VHC une démonstration de Groupe B. Nous avons déjà 2 Audi Quattro Sport, un A2 et en attente une S1 ; une 037 ; une T16 EVo1 ; une BMW M1 ; une Manta 400 et en attente une 308 GTB. En plateau exposition une R5 Maxi et une TDC.
Pour la communication que nous allons faire autour de cette évènement unique en France, je souhaiterais m’inspirer de votre superbe article fait en l’honneur de ces mythiques GroupeB et en particulier votre titre.
Merci de prendre contact avec moi ; tél. 06 86 74 92 63