Outlaw : ce Speedster Porsche 356 l’est incontestablement, mais quel est le rapport entre ce terme qui fleure bon la conquête de l’Ouest et la cultissime création du bon Dr Ferdinand ? Qu’est ce qui rend cet adorable petit Racer « Hors- la – Loi » ? Sellez vos montures, chargez vos Colts, on y va !
Donc, je vous disais que cet adorable Speedster semblant tout juste sortir de l’Éléphant Bleu après avoir disputé la Panaméricaine est Outlaw : en gros, le Porschiste de base figurant juste après le Mollah Omar sur la page Wikipedia « Taliban », il déclare « Hors la Loi » toute auto made in Stuttgart qui n’est pas d’origine jusqu’au dernier boulon de 10. Fin de la parenthèse linguistique, intéressons nous à l’exemplaire ici présent.
La 356 que vous avez sous les yeux est un cabriolet pré A de 1954, coursifié par les ateliers Emory, une référence en matière de Porsche Outlaw. Plus qu’une référence même, puisque de part la qualité de ses réalisations et surtout son statut de précurseur, on peut quasiment dire que l’atelier familial californien a inventé ce style. Et ses réalisations sacrilèges, autrefois garées au fond du parking à coté des poubelles des meetings Porsche, cruisent aujourd’hui sur les podiums des concours d’élégance automobile et affolent les compteurs lorsqu’elles déboulent dans les salles d’enchères.
L’élégant cabriolet allemand, qui a sûrement fait les beaux jours de ce que l’on appelait pas encore une michetoneuse dans le Beverly Hills de la fin des fifties, tombe donc dans les griffes du gang Emory au début des années 90. Le pare-brise dégage vite fait bien fait pour céder la place à la version courte du Speedster, pour renforcer l’aspect racing un joli tonneau-cover profilé et un arceau de sécurité l’accompagnent. Des grilles de protection de phares, typiques des versions rallye d’époque, de petits projecteurs longue portée des sangles de fermeture de capot en cuir délicieusement vintage étendent cette tendance à la face avant … On note également une jolie prise d’air taillée dans le pare-chocs avant : la mécanique étant à l’arrière, on se demande à quoi elle sert, mais on s’en tape en fait, c’est stylé !
L’habitacle quand a lui fait dans le minimalisme, mais n’en oublie pas pour autant d’être élégant, et, joli tour de force, compatible avec une utilisation circuit dans une sécurité plus que correcte sur l’échelle de James Dean. On retrouve donc le typique volant 3 branches « banjo » en bakélite blanche, une petite bardée de manos VDO d’époque pour surveiller la mécanique dans l’effort, 2 baquets tendus de vinyl rouge, mais recevant des harnais modernes. On trouve également un coupe-circuit et un extincteur automatique homologué. L’arceau dont il était question tout à l’heure n’est quant à lui pas là que pour la frime puisqu’il englobe tout le poste de pilotage. Safe and Classy.
Et sous le capot alors ? Parce que c’est bien gentil d’avoir une gueule à traverser pleine balle et klaxon bloqué les pueblos du Yucatan, mais si la cavalerie ne suit pas, c’est petit joueur ! Et bien là aussi les Californiens ont fait le job, puisque c’est toujours un flat-4 qui officie, mais celui d’une Porsche 912, gavé par deux gros Solex dont les cornets verticaux fournissent la touche oldschool qui va bien. Le tout est choyé par un circuit d’huile haute pression, pro, carré ! Bref, pas un monstre, mais largement de quoi s’amuser, surtout que la 912 donneuse a également offert son freinage à la bestiole.
Voilà, vous l’aurez compris, l’Outlaw c’est modifier une base à priori intouchable et le faire de manière suffisamment subtile pour lui donner un supplément d’âme capable de faire fermer son clapet au plus obtus des puristes. Pour le coup, mission accomplie sans aucun doute possible, Yiiihaaaa !!!