Son vrai nom, c’est Alfetta GTV. Son challenge, c’est de remplacer l’iconique coupé Alfa Giulia GT. Son style, c’est Giugiaro qui va s’en charger. Son atout, c’est grâce à lui qu’Alfa va réintroduire le 6 cylindres dans sa gamme. Et Callaway dans tout ça ? Il va simplement y coller deux turbos !
Quand l’Alfa 2600 disparait en 68, elle embarque avec elle le 6 cylindres. Pendant presque 10 ans, les sportives italiennes vont devoir se contenter de 4 cylindres. Ok, les blocs ont perdu deux gamelles, mais niveau caractère, ces double arbres sont de vraies teignes qui vont perpétuer la légende sportive des voitures au Biscione.
En 74, l’Alfetta GT (Gran Turismo) vient pour la Giulia GT à la retraite. Deux ans plus tard, l’arrivée du 2.0 l la rend Veloce… le GT devient GTV. Mais voilà, il faut encore se contenter de 4 pattes… La Giulia GT misait sur un gabarit compact, une ligne nerveuse et un poids contenu. Le 4 cylindres lui allait plutôt bien. Mais sur l’Alfetta GTV, plus grosse, plus luxueuse, plus GT que sportive, ça faisait quand même désordre.
Il faudra attendre novembre 1980 et la présentation de la série deux du coupé italien pour voir arriver le magnifique V6 Busso. 2.5 l de cylindrée pour un cheptel de 160 bourrins (Les sud-africains auront même droit à une version revue par AutoDelta avec un 3.0 l de 174 ch), pas de quoi transformer le nouveau GTV6 en supercar, mais les alfistes sont ravis et les ventes sont au rendez vous.
Ouais, avec sa gueule, le GTV6 aurait mérité une version plus pêchue, un truc bestial qui tutoyait les 200 ch… Eh bien ce monstre a existé, même si pour en croiser le chemin, il faut traverser l’Atlantique. C’est Reeves Callaway qui va se charger de la rencontre entre l’italienne et les escargots… Oui, je dis « les » car ils seront deux à lui souffler dans les bronches.
A la fin des années 70, avant de donner naissance à des Corvette shootées démentielles, Callaway s’est fait un nom en proposant des kits turbo pour les sportives européennes importées chez l’oncle Sam. BMW, VW, Porsche, Audi ou encore Mercedes passent en respiration artificielle forcée pour aller chercher des noises aux V8 ricains encore étouffés par des normes antipollution qui viennent leur couper les pistons.
L’initiative va venir de l’importateur américain d’Alfa Romeo. Au début des années 80, sa gamme est plus que limitée… les clients qui veulent s’offrir une italienne ont le choix entre le Spider et le GTV6. Difficile de rivaliser avec la Porsche 944, la Corvette ou encore la Maserati Biturbo. Du coup en 83, Don Black, l’ingénieur en chef d’Alfa Romeo Inc. (l’importateur… oui, faut suivre un peu !) se rapproche de Callaway pour lui demander s’il n’aurait pas une idée pour que le GTV6 puisse « bouffer de la Maserati ».
Deux turbos IHI RHB5 et un échangeur plus tard, le GTV6 revu par Callaway envoyait 230 ch sur les roues arrière… Bien entendu les organes ont aussi été revus, comme les collecteurs, l’injection, l’ECU ou l’admission. Connaissant l’appétence au Twerk de la 160 ch, on n’ose imaginer les négociations qu’il fallait mener entre le pied droit et ce cul qui ne devait chercher qu’une seule chose, passer devant ! Heureusement, les suspensions et le freinage ont été revus pour encaisser la charge. L’engin est transformé, et revendique le 0 à 100 en un peu plus de 6 secondes et le 400 m en 14,3 (respectivement 8,2 et 16,1 pour la GTV6 d’origine) pour une Vmax de 220 km/h.
Au delà de la greffe des deux escargots, la prouesse de Callaway a surtout été d’avoir réussi à faire homologuer la voiture en lui faisant passer tous les tests et différents essais pour valider les normes obligatoires à sa commercialisation. En parallèle, Alfa récupère cinq voitures et lui fait subir les pires atrocités afin de vérifier la fiabilité du gazier. Une fois validée, la voiture rejoint le catalogue avec une garantie de 12 mois ou 12000 miles.
En 85, l’Alfa Romeo Callaway Twin Turbo GTV6 est proposée dans le réseau pour 23994 $, avec la clim, les vitres élec, une boite 5 manuelle, le différentiel et les jantes en 15″. Il était possible de cocher les options, jantes BBS 3 parties en 16″, cuir ou spoiler spécifique à l’arrière. Chaque concessionnaire doit commander trois voitures. Alfa mise sur 100 à 200 voitures par an… il s’en vendra 35 ! Le charme italien n’opèrera pas auprès des américains, avides de gros V8 automatisés plutôt que de pièces d’orfèvrerie turbalisées qui plus est, en boite manu !
Malgré le potentiel de l’engin, la GTV6 revue par Callaway restera un bel échec commercial. Un engin réellement atypique et bourré de caractère. Grâce à lui, Reeves Callaway se fera aborder par GM, lançant ainsi le partenariat qui donnera naissance aux Corvette turbalisées, future spécialité du préparateur. 40 ans plus tard, la GTV6 Callaway est devenue une pièce de choix pour les collectionneurs avides d’italienne au tempérament de feu… faut-il encore en trouver une !
Sacrée histoire pour sacré modèle, je connais pas!!!
Très bel article de passionné. Merci